En Martinique, le ciel et le tarmac sont dégagés. Le trafic aérien est rendu à son minimum, quelques centaines de passagers prennent l’avion chaque semaine. Visite de terrain dans un aéroport transfiguré.

3 vols commerciaux par semaine 

Dans l’enceinte de l’aérogare, les écrans vides des tableaux d’affichage traduisent bien la situation exceptionnelle que nous traversons. D’ordinaire, l’aéroport voit passer chaque jour 25 vols aller et 25 vols retour, « 35 le samedi en période d’activité croisière », décrit Frantz THODIARD, Président du Directoire de la Société Aéroport Martinique Aimé Césaire (SAMAC).

Actuellement, 3 vols par semaine sont programmés jusqu’à début mai. Air France opère désormais 2 uniques vols aller-retour avec Paris. Un premier avion arrive depuis Paris le lundi et repart le mardi. Un second atterrit le mercredi et repart vers l’Hexagone, le jeudi.

Avec, à leur bord, « la dernière semaine de mars, une cinquantaine de passagers qui sont arrivés en Martinique et 150 qui repartent », chiffre le Président du Directoire. Des passagers qui répondent forcément aux critères stricts de voyage, émis par le Ministère de l’Outre-mer :

  • motif impérieux d’ordre personnel ou familial
  • motif de santé relevant de l’urgence
  • motif professionnel ne pouvant être différé

Parmi eux, les derniers touristes de la saison rentrés avec Air France après la fermeture des vols Corsair et Air Caraïbes, les 24 et 27 mars.

Le 3ème vol est un vol régional qui opère entre la Guadeloupe, la Martinique et la Guyane. Chaque mardi à 13h, l’avion arrive de Pointe-à-Pitre, fait escale à Fort-de France et repart pour Cayenne, puis fait le chemin inverse le soir à 20h. 

Horaires minimum 

A la différence d’Orly, l’aéroport de Martinique ne ferme donc pas ses portes. Outre les 3 vols commerciaux, l’activité du fret se maintient avec « 5 opérateurs toujours en activité, America Jet, DHL, FEDEX, AIR ANTILLES, LIAT », cite Frantz THODIARD.

Dans l’aérogare, la pharmacie et le centre médical restent ouverts tous les jours de 6h à 24h. Qui plus est, une semaine sur deux, en alternance avec la Guadeloupe, l’aéroport doit rester ouvert et opérationnel 24h sur 24 en tant qu’aéroport de déroutement. « Concrètement, pendant cette semaine-là, à tout moment un avion peut arriver », explique Frantz THODIARD. 

D’ordinaire, pour faire fonctionner une énorme machine qu’est un aéroport, absorber les flux d’avions et de passagers, il peut compter sur 145 employés. En période de crise de Covid-19, comme dans n’importe quelle entreprise, l’activité réduite a imposé des réaménagements temporaires de l’activité du personnel.

« Certains sont en congés, d’autres en télétravail, d’autres encore en chômage partiel. Une vingtaine est toujours opérationnelle, active, présente sur le site. Ce sont les techniciens agents d’exploitation, les agents de parking, les hôtesses d’accueil et les SSLIA (pompiers d’aérodrome), plus les sous-traitants chargés de l’inspection et du filtrage des bagages en soute, les agents de sécurité, les agents incendie, les agents de nettoyage… ».

Une équipe réduite correctement protégée ? Pas moins qu’ailleurs, la question du matériel de protection est cruciale. Cruciale pour les salariés au contact d’autres personnes, et pour la direction qui doit, coûte que coûte, se procurer un matériel devenu une denrée rare et recherchée.

« Une commande de 500 masques a été saisie par les douanes, réquisitionnée, mais nous réussissons malgré tout à fournir les protections nécessaires pour tous ceux qui sont chaque jour sur le terrain »

, assure Frantz THODIARD

C’est le système D qui prévaut, sourit celui qui, Directeur de l’aéroport depuis 1992, a dû et pu s’appuyer sur son réseau, interroger les uns, les autres pour réunir chaque semaine le nombre indispensable de masques et autres protections. 

Réinventer le business model ? 

Sans surprise, à l’image de la fréquentation de l’aéroport depuis le 17 mars, le chiffre d’affaires (recettes aéronautiques et recettes de commerce) accuse une baisse de près de 80%. Les recettes se tarissent temporairement, mais les besoins de l’aéroport demeurent les mêmes et avec le même calendrier. Les coûts fixes sont très importants, de l’ordre de 80% des coûts globaux.

« S’il faut passer l’orage, il faut surtout garder le cap, concrétiser notre vision. Nos besoins en infrastructures n’ont pas changé, au contraire. C’est plus que jamais le moment de les réactiver pour être toujours à niveau dans un an ou deux ans », résume Frantz THODIARD.

Le business plan devra être adapté mais le projet de modernisation se poursuit. Après un incident de parcours en 2019, « l’appel à projet a été relancé, le groupement d’entreprises a été choisi, les travaux seront relancés à partir de mai », confirme le Président du Directoire.

Covid-19 ou pas, le PDG de la SAMAC sait ce qu’il doit faire « pour l’aéroport et pour la destination Martinique ». 20 000 mètres carrés de plancher viendront presque doubler l’aérogare actuelle de 24 000 mètres carrés.

Des aménagements d’envergure qui touchent le parcours des passagers, la salle d’embarquement, celle de livraison des bagages, qui permettront également « de nous mettre en conformité avec les normes européennes de 2022 en matière de contrôle des bagages de soute ».

Au total, une enveloppe de 135 millions d’euros pour ce programme entamé en 2015, qui compte déjà l’ajout de nouvelles passerelles, l’aménagement d’aires de stationnement de gros porteurs, la modernisation de la centrale de production frigorifique, celle de la centrale électrique, etc.

L’aéroport Aimé Césaire est le tout premier endroit de Martinique que découvrent les voyageurs et le tout dernier qu’ils voient. Ça compte.

« Même en période de crise, nous devons avoir un temps d’avance, poser la stratégie pour attirer de nouveaux voyageurs, consolider nos relations avec les compagnies aériennes et de croisières et sans doute aussi réussir à faire venir à nous le secteur des congrès et salons professionnels ».

Le retour à la normale est encore loin ? L’aéroport est déjà en première ligne.

Aéroport Aimé Césaire
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Cet article a été initialement publié dans l’e-magazine “Les territoires se mobilisent” créé par EWAG. Découvrez le magazine complet et son contenu interactif en cliquant ici.