La Collectivité de Saint-Martin s’organise pour protéger les plus fragiles 

Daniel Gibbs, président de la Collectivité de Saint-Martin est quotidiennement sur le terrain avec ses équipes pour répondre aux situations d’urgence. Depuis le 1er mars, il préside une cellule de crise afin d’initier des actions en faveur de la protection des Saint-Martinois avec le Pacte de solidarité.

Vous avez réagi dès le 1er mars, ce qui a permis, dès l’annonce du confinement, d’être d’ores et déjà opérationnels. Pouvez-vous nous décrire les mesures qui avaient été mises en place sur le territoire ?

Daniel Gibbs, président de la Collectivité de Saint-Martin : Dès la première semaine de mars, j’ai mis en place une cellule de crise afin d’organiser la continuité du service public :

• Nous avons programmé les permanences d’accueil pour le public et instauré le télétravail pour une partie de nos employés afin de répondre aux urgences de nos administrés.
• Nous avons équipé nos écoles de gel hydroalcoolique et de savon liquide et mis en place les gestes barrières dans tous les établissements, en lien avec le Rectorat et notre cuisine centrale (CTOS) pour la prise des repas dans les cantines.
• Nous avons aussi procédé, très tôt, à une commande de matériel de protection, en réalisant un premier achat de gel et de savon liquide, puis une première commande de 20 000 masques et de gants en quantité suffisante.

Une partie de la commande est arrivée la semaine dernière. Elle nous a permis d’équiper nos agents en contact avec le public et nos partenaires (SDIS, EHPAD, hôpital, associations).

C’est la raison pour laquelle, à l’annonce du confinement, le mardi 17 mars, l’organisation de crise de la Collectivité était opérationnelle et notre Plan de continuité des services publics a pu être immédiatement instauré.

« Nous avons aujourd’hui des permanences dans tous les services pour répondre aux urgences de nos concitoyens. »

Vous avez mis en place un Pacte de solidarité dès le 30 mars pour répondre à l’urgence sociale. Pouvez-vous nous en dire plus ?

C’est un dispositif d’accompagnement des personnes vulnérables, porté par la Collectivité et ses partenaires.

Nous avons mis en place la livraison de repas confectionnés par notre cuisine centrale et le portage gratuit de courses à domicile. 

Nous avons aussi organisé la livraison de colis alimentaires (sur évaluation de la situation sociale) en partenariat avec la Croix-Rouge qui les distribue pour nous. 

Notre Caisse des écoles (CTOS) offre également une vingtaine de repas par jour aux personnes sans-abri, en partenariat avec l’association Le Manteau de Saint-Martin. 

Au niveau des aides pour les enfants des personnels soignants, quelles sont les mesures appliquées sur place, pour les gardes ?

Saint-Martin applique le décret national pour les enfants de moins de 16 ans. Nous accueillons une petite dizaine d’élèves chaque jour à l’école Emile Choisy de Marigot.

Le rectorat met en place les moyens pédagogiques et la Collectivité déploie le personnel technique ainsi que la logistique repas qui est assurée par la CTOS. 

Comment s’organise le fonds d’aide pour les entreprises et les indépendants ? 

Le Fonds de solidarité de l’État s’applique à Saint-Martin, le ministère des Outre-mer me l’a confirmé. Cependant, les entrepreneurs en difficulté ne pourront déclarer leur situation qu’à partir du 15 avril, directement sur le site impôts.gouv.fr.

La mise en œuvre des dispositifs nationaux pour les Outre-mer demande un temps d’adaptation. Je suis en contact permanent avec les ministères pour que Saint-Martin reste dans le viseur national. 

J’ai annoncé des mesures d’accompagnement pour les entreprises, le 30 mars dernier. Ces mesures viennent en complément des dispositifs nationaux. La Collectivité fait un effort considérable, nous allons débloquer plus de 5M€ au bénéfice des entreprises en difficulté.

Nous avons aussi décidé de reports d’échéances importants concernant le paiement de la TGCA, de l’impôt sur les sociétés et de la patente commerciale. Nous sommes en train de finaliser ces dispositifs en lien avec la DGFIP et nous pourrons très prochainement annoncer les modalités d’application localement.

Travailler en bonne concertation avec la partie hollandaise

Au niveau de l’approvisionnement en vivres, la situation est-elle stabilisée pour les habitants de Saint-Martin ? 

La chaîne d’approvisionnement alimentaire n’a jamais été interrompue dans le cadre de cette crise. Les supermarchés et les épiceries de proximité de la partie française sont correctement achalandés. Nous demandons juste à nos concitoyens de respecter le confinement et de ne sortir qu’en cas d’absolue nécessité, notamment pour faire les courses une fois par semaine.

Je suis en lien quasi quotidien avec les professionnels de la distribution alimentaire des deux parties de l’île ainsi que le port afin de prévenir toute situation problématique de nature à impacter la distribution de denrées sur la partie française de l’île.  

Comment se passe la cohabitation entre les deux parties de l’île ? Les mesures sont-elles les mêmes pour la partie française et hollandaise ?

Nous échangeons avec Madame le Premier Ministre de Sint Maarten et madame la Préfète en visioconférence quotidiennement. Notre objectif est d’harmoniser au maximum les mesures d’urgence sur les deux parties de l’île. Ce n’est pas toujours évident entre deux pays souverains, mais nous avons localement de très bons rapports et travaillons en bonne concertation.

La décision brutale prise par la Première ministre de mettre en place un couvre-feu 24/7 durant 15 jours nous a obligé à prendre conjointement certaines mesures quant à la circulation transfrontalière.

Cela génère un certain nombre de difficultés pour les habitants qui résident d’un côté et travaillent de l’autre. Mais nous tâchons de régler les situations compliquées intelligemment.

Quel message de soutien souhaitez-vous passer à la population ?

Rester confiné, suivre scrupuleusement les gestes barrières et ne sortir qu’en cas d’absolue nécessité et quand vous le faites, protégez-vous. Nous faisons face à un virus agressif et trop souvent mortel. Il faut se montrer responsable et suivre les consignes.

Je remercie tous ceux qui ont compris cet enjeu déterminant pour notre avenir. Courage et patience à nos jeunes (et à leurs parents) qui expérimentent l’apprentissage à distance, courage à nos aînés qui sont isolés et à toute la population.

Cet article a été initialement publié dans l’e-magazine “Les territoires se mobilisent” créé par EWAG. Découvrez le magazine complet et son contenu interactif en cliquant ici.