L’ampleur de la crise force à l’humilité tous les pays et tous les dirigeants. Elle n’empêche pas l’action. Rencontre avec le Président du Conseil Exécutif, Alfred Marie-Jeanne, mobilisé face aux défis de la crise.

Dès le début de la crise sanitaire et du confinement, vous avez écrit plusieurs courriers au préfet puis au président de la République. Les échanges que vous avez eus avec les uns et les autres depuis 5 semaines vous ont-ils permis d’avoir satisfaction pour le territoire ?

Alfred Marie-Jeanne, Président du Conseil Exécutif : Dans le contexte de confinement actuel, la CTM apporte la plus grande attention à la réalité quotidienne des Martiniquaises et Martiniquais.

L’épidémie pose un défi, celui de la gestion coordonnée et efficace de cette crise sanitaire. Car en la matière et en l’état actuel du Droit, j’ai comme partenaires, le Préfet et le Directeur de l’ARS.

Mes échanges avec eux et le directeur du CHUM, chaque semaine, permettent de dénouer les difficultés que nous impose l’épidémie en terme sanitaire, économique, logistique, social… Je leur rappelle que la stratégie de gestion de cette crise doit être adaptée à nos réalités.

La priorité doit être donnée aux populations fragiles et isolées et au secteur médico-social. La CTM s’est engagée en ce sens depuis le 1er jour de la crise, en mettant à disposition des dizaines de milliers de masques pour le CHUM, la Clinique St Paul, les associations de soin à domicile et d’accompagnement des personnes vulnérables… 320 000 masques supplémentaires ont été commandés et payés, et nous serons livrés incessamment sous peu.

D’où la nécessité que vous évoquiez « d’inventer une stratégie martiniquaise face à cette crise » ?

On ne peut pas calquer en tous points la stratégie appliquée en France continentale à la situation de la Martinique. Ça ne suffit pas, ça ne marche pas. C’est pourquoi nous avons par exemple, complété les dispositifs d’aide aux entreprises.

Plus de 20 millions d’euros ont été mobilisés, par la CTM, pour soutenir toutes les PME et les TPE. Ainsi, tous secteurs confondus, chaque entreprise qui accuse une perte de chiffre d’affaires de 30% (taux inférieur à celui de la France continentale qui est de 50 % !) peut bénéficier d’une aide de 1000€ par emploi maintenu, avec un plafond de 10 000€ si l’entreprise est en arrêt d’activité et 5000€ dans le cas d’un ralentissement d’activité.

Nous sommes engagés à sauver les entreprises et à sauver les emplois ! Et pour ce faire, il y a aussi le défi de la dématérialisation des demandes et de leur traitement dans des délais record.

« Le territoire compte environ 50 000 entreprises, nous sommes en train de nous doter des outils nécessaires pour instruire toutes les demandes. »

Le chiffre d’affaires des entreprises subit de plein fouet le confinement, mais les ressources de la CTM ne sont pas épargnées. Quelle est la situation ?

L’octroi de mer et la fiscalité des carburants, ressources de la CTM, sont en baisse en effet.

Dans le cadre de Régions de France, nous avons proposé la révision des périmètres d’attribution des subventions européennes. Avec l’idée que les FSE puissent servir à l’acquisition d’équipements de protection individuels, à des outils proprement sanitaires tels les tests de dépistage et à des matériels de soin indispensables au domaine hospitalier…

La Commission Européenne a compris notre demande et a accepté que davantage de flexibilité soit possible dans la gestion des fonds européens.

C’est un défi sans précédent et un défi « total » en somme auquel le territoire et le conseil exécutif doivent faire face…

Nous n’avons pas la science infuse, nous ne maîtrisons pas tout, mais nous avons anticipé et organisé les réponses à apporter. Au vu des moyens et des connaissances qui étaient les nôtres, la CTM et la Martinique n’ont pas à rougir de ce qui a été fait.

Par ailleurs, certains outils et infrastructures étaient déjà en place, proportionnés pour prendre en compte les besoins croissants du territoire.

Le travail engagé de longue date par la CTM, en faveur du déploiement du Très Haut Débit permet ainsi aujourd’hui à tous, entreprises et particuliers, de ne pas être empêchés de communiquer, de fonctionner ou d’avoir recours au télétravail.

En terme d’accessibilité aux outils et réseaux numériques, quelle stratégie a été déployée en faveur des élèves des collèges et lycées ?

La crise intervient à un moment crucial pour certains de nos jeunes qui doivent passer des examens.

Nos services ont fourni 850 tablettes, qui ont été programmées, une par une, par nos techniciens afin qu’elles servent de support de continuité pédagogique pour 250 élèves de terminale et 650 collégiens de 3ème.

Ces tablettes ont été prêtées par la CTM et envoyées par la Poste au domicile de ces élèves identifiés par les directeurs d’établissements.

La CTM continue de fonctionner… 

Dès le début de la crise, notre Plan de Continuité d’Activité nous a permis de poursuivre nos missions prioritaires : à passer des commandes publiques, à assurer le paiement des entreprises, des salaires, des prestations sociales, des aides aux étudiants et aux stagiaires en formation professionnelle…

Des modes décisionnels ont dû être inventés et le Conseil Exécutif poursuit sa mission, la séance plénière de l’Assemblée a pu se tenir en visioconférence, les élus ont pu délibérer et voter.

Je salue et félicite les équipes de la CTM mobilisées et qui travaillent à distance. Le confinement est un passage obligé pour limiter le risque de propagation du virus.

« Quelle que soit l’évolution de la situation, la CTM jouera pleinement son rôle, pour l’heure, le pays n’attend pas. »

Masques prioritaires

Depuis le début de la crise la CTM a fourni gratuitement des équipements de protection dont :

  • 20 000 masques aux associations de soin à domicile et d’accompagnement des personnes vulnérables
  • 20 000 à l’Association des maires de Martinique 
  • 2 000 à ODYSSI
  • 2 500 à la Direction de la Sécurité Publique
  • 4 000 à la SEEN
  • 15 600 au CHUM
  • 1929 à la MFME
  • 480 à la Croix Rouge
  • 2400 à la Clinique St Paul
  • 1440 à la Régie des Abattoirs
  • 1200 au Laboratoire
  • 3120 à l’Adapei
  • 2400 à l’URML CRIQUET-HAYOT
  • 20 000 aux bénéficiaires de l’APA et PCH, pour leurs personnels de gré à gré

etc.

Collectivité Territoriale de Martinique
www.collectivitedemartinique.mq


Cet article a été initialement publié dans l’e-magazine “Les territoires se mobilisent” créé par EWAG. Découvrez le magazine complet et son contenu interactif en cliquant ici.