Des conseillers du numéro vert au Président de la chambre, la CCI est toute entière mobilisée depuis les premières heures du confinement. Un salutaire exercice d’accompagnement des TPE et PME.

Le 17 mars à 12h, le pays a changé. Le décalage horaire de 5 heures avec l’Hexagone n’aura pas amorti le choc, l’entrée en confinement aura eu le même effet sur le tissu économique de part et d’autre de l’Atlantique. 

En Martinique, plusieurs milliers d’entreprises ont dû suspendre leur activité… En l’espace de 24h, la CCI Martinique, partenaire et acteur clé de la vie des entreprises, s’est réorganisée pour se placer aux côtés des chefs d’entreprises, assurant un rôle d’écoute, de relais et de facilitateur.

Retour sur ces 4 semaines avec le président de la CCI, Philippe Jock.

Au cours des 4 premières semaines de confinement, les employés de la CCI sont restés mobilisés ?

Philippe Jock : Dans la foulée de l’annonce du confinement, nous avons immédiatement fermé les différentes agences et organisé le télétravail de nos effectifs.

Le changement a été rapide, il a nécessité l’achat de matériel informatique supplémentaire et une bonne adaptation de nos agents, motivés par la nécessité d’accompagner au mieux les entreprises de Martinique.

Les agences fermées, tout passe par le numéro vert spécialement mis en place pour la crise Covid-19 ? 

En effet, c’est la porte d’entrée unique des services de la CCI durant le confinement. Le 0800 28 10 28 a été spécifiquement mis en place pour assister les entreprises dans leur lutte contre la propagation du virus et le maintien de leur activité.

Une vingtaine de conseillers se relaient et répondent aux appels des chefs d’entreprises du lundi au vendredi de 8h à 17h et le samedi de 8h à 12h.

Ils ont une double mission : traiter les appels pour répondre aux questions et préoccupations des chefs d’entreprises, et appeler eux-mêmes nos ressortissants pour s’assurer qu’ils ont bien reçu toutes les informations importantes pour leur activité.

Vous centralisez les différentes annonces et dispositifs du gouvernement ?

Sur notre site internet, nous avons réuni et mettons à jour des fiches pratiques pour donner toutes les informations utiles sur l’activité partielle, la gestion des ressources humaines, les reports de charges fiscales et sociales etc.

En complément, nous organisons deux fois par semaine un webinaire pour aborder des sujets précis en partenariat avec nos conseillers, la DIECCTE, les banques, des consultants RH et autres experts.

Vos conseillers sont en contact régulier avec les chefs d’entreprises, quelles sont les remontées de terrain qui vous sont faites ?

Ne nous le cachons pas, on ressent beaucoup d’inquiétude quant à la capacité des uns et des autres à tenir, dans la durée, sans activité ni chiffre d’affaires.

Du 17 mars au 3 avril, nous avons traité 818 appels (480 appels sortants et 338 appels). 90 % d’entre eux se disaient déjà en difficulté et 10 % étaient inquiets à l’horizon des trois mois à venir. 

À partir d’un appel téléphonique au numéro vert, qu’est-ce qui peut s’enclencher pour le chef d’entreprise ?

Une aide personnalisée en fonction de sa situation. A titre d’exemple nous pouvons  aider à retrouver des identifiants, finaliser ou mettre à jour des déclarations ou apporter de l’information…

« Notre objectif est de répondre à toutes les difficultés de nos ressortissants dans le contexte actuel, et être un relais efficace pour les administrations et services compétents. »

Quelle est la question la plus fréquente des patrons de TPE et PME ?

La majorité des demandes concernent le fonds de solidarité, viennent ensuite le report des charges fiscales et sociales, les mesures de chômage partiel (du fait de l’encombrement du site de déclaration au démarrage), le report des charges fixes, et les prêts de trésorerie garantis par l’État à travers la BPI.

Ensuite, comme partout dans l’Hexagone, on relève beaucoup de sollicitations en faveur d’une « exonération » des charges fiscales et sociales au lieu du report acté par le Ministère des Finances.

Les dispositifs et les équipes CCI ont été mis en place très rapidement, vous étiez préparés à ce type de situation ?

Nous avons réagi vite car nos équipes sont familières avec la notion de crise. Nous tirons notamment notre expérience des épisodes de sargasses ou des catastrophes naturelles. Nous avons pris l’habitude d’être réactifs pour le bien de nos ressortissants.

Comment s’organise le suivi par la cellule de crise de la CCI ?

Chaque matin le directeur général s’entretient avec les équipes dédiées au numéro vert. Tous les jours en fin de journée, je reçois une synthèse des questions, du nombre d’appels et des difficultés qui ont été rapportées.

En parallèle, nous participons au comité territorial qui se tient chaque jeudi et au comité économique, un vendredi sur deux, qui réunit les chambres consulaires CCI et CMA, le préfet, la Direction régionale des finances publiques (DRFIP) et les banques. 

Qu’est-ce qui s’y dit ? Qu’est-ce qui s’y décide ? Un scénario de levée du confinement et de reprise est déjà dans les esprits ?

L’heure n’est pas encore au stade de déconfinement et de « reprise ». L’enjeu est pour nous aujourd’hui d’affiner et d’aménager des solutions concrètes, efficaces et réalistes pour la population et les professionnels

Par exemple ?

Pour la rémunération des salariés en chômage partiel, nous avons mis en place un dispositif qui limite le délai de paiement.

Lorsque la DIECCTE valide la demande de prise en charge par l’Etat du chômage partiel, elle adresse en même temps un email d’accord aux banques. Celles-ci peuvent alors procéder au paiement dans des délais inférieurs à 20 jours.

Ce dispositif a été inventé ici et est en cours de duplication au niveau national, avec la création d’une plateforme.

La situation est exceptionnelle, selon vous, les différentes mesures du gouvernement et leurs mises en pratique vont-elles réussir à « sauver » les entreprises ?

Les mesures annoncées sont bonnes et salutaires. Elles sont réajustées et améliorées au fil des semaines. La mesure du fond de subvention votée par l’assemblée de la CTM est également une bonne mesure : simple et souple, elle s’applique à un grand nombre et soulagera de nombreuses situations.

Les plus belles annonces ne peuvent cependant pas gommer complètement l’inquiétude, c’est certain. Nous vivons une situation exceptionnelle mais temporaire.

L’ensemble des solutions et dispositifs d’aide doivent aussi  accompagner la relance qui suivra. En tant que chambre de commerce et d’industrie, l’essence du travail de nos équipes est de mettre toutes les chances du côté des entreprises et préparer leur rebond.

CCIM
0800 28 10 28 (numéro vert)
www.martinique.cci.fr


Cet article a été initialement publié dans l’e-magazine “Les territoires se mobilisent” créé par EWAG. Découvrez le magazine complet et son contenu interactif en cliquant ici.