En cette période de confinement lié au covid-19, de jeunes ultramarins membres du réseau Jeunesse Outre-Mer, partagent leur quotidien, leurs idées, leur vision.

Comment vis-tu cette période de confinement ?

Kamal Valcin, informaticien et poète, région parisienne : Cette période de confinement, à ce jour, n’est pas un réel problème pour moi. Mes activités n’ont pas changé car mon métier fait partie des métiers indispensables listés par le gouvernement. Je suis consultant en informatique et président de ma Société TRUSTELECT, une société de conseil et service informatique. En tant qu’informaticien, nous avons l’habitude de dire que nous vivons en permanence un confinement.

Steve Bulin - membre Jeunesse Outremer
Steve Bulin

Steve Bulin, Référent ondes Radio dans le spatial, Guyane : Très bien ! Je suis  à Kourou depuis un an, très éloigné sur une piste en bordure de la forêt amazonienne et du centre spatial Européen en Guyane française. Ma compagne et moi habitons une petite maison autonome alimentée en énergie solaire et fournie en eau par un puit. “C’est la petite maison dans la forêt”. Le télétravail demande une nouvelle organisation qui au final me permet de mieux équilibrer vie professionnelle et vie perso. Je dors mieux, je mange mieux et je fais du sport !

Clément-Joseph Baltyde, étudiant en Sciences Politiques, Amiens : Etant en Guadeloupe, je me dois de m’organiser deux fois plus pour assurer une continuité pédagogique, en prenant en compte des facteurs comme le décalage horaire, surtout pour les examens en ligne. Nous avons beaucoup de devoirs à rendre en groupe, ce qui me contraint à travailler parfois de 2h à 5h du matin.

Melvin Foliwe - membre Jeunesse Outremer
Melvin Foliwe

Melvin Foliwe, ingénieur, Montpellier : L’impact sur mon quotidien professionnel est important car j’ai dû me mettre en télétravail et cela n’a pas été évident. J’occupe un post d’ingénieur Test dans une entreprise qui conçoit des analyseurs d’hématologie et pour mes activités actuelles, j’ai besoin de certaines ressources matérielles présentes dans les locaux de l’entreprise. J’ai pu ramener chez moi le matériel nécessaire afin de pouvoir avancer sur mes sujets. Aussi, il a fallu mettre en place avec mon manager un suivi des activités et faire les réunions par visioconférence. On s’adapte.

Claude Collegue, étudiant en Administration Economique et Sociale, Haïti : Depuis une dizaine de jours, mes principales activités consistent à lire, écouter de la musique, regarder la télévision… Mais surtout, je me suis engagé dans une campagne de communication sur les réseaux sociaux, sur la dangerosité du covid-19 et sur les mesures de prévention à appliquer.

Diego Delissaint - membre du réseau JOM

Diego Delissaint, Business Analyst, région parisienne : La première semaine était la plus difficile car il fallait que je trouve mon équilibre entre ma vie professionnelle et personnelle sans oublier le stress de ne pas savoir dans combien de temps  cela se terminera. A partir de la deuxième semaine, j’ai pu prendre un rythme télétravail-vie personnelle. En semaine, mes journées sont rythmées ainsi : réveil plus ou moins matinal autour de 8h00, sport, douche, petit-déjeuner léger si besoin, télétravail à partir de 9h30, pause déjeuner à 12h, reprise du télétravail jusqu’à 18h, loisirs (sport avec ma fille, lecture, musique, film, etc.) ou sieste, souper vers 20h, activités de loisirs, se coucher vers 22h. Le week-end, j’essaie de garder ce même rythme en remplaçant le télétravail par du bricolage, du nettoyage et du travail sur des projets personnels.

Quelle est la meilleure idée que tu aies lue ou vue sur le net ?

Steve Bulin, Référent ondes Radio dans le spatial, Kourou : Open classroom, les moocs et autres concepts d’e-learning sont géniaux. Toutes les formations en ligne gratuites avec les dispositifs mis en place par les écoles et lycées montrent bien que notre système éducatif avait besoin d’un bon coup de balai histoire de dépoussiérer nos vieux procédés.

Roselise, RH et Marie-Véronique, conseillère en insertion professionnelle, région parisienne : Nous sommes toutes les deux d’accord, cette période est une occasion de prendre le temps pour une remise en question, une introspection et ainsi repartir sur de bonnes bases pour affronter l’après Covid-19. Il s’agit de faire un bilan afin de faire ressortir les choses positives dans nos vies, les aspects à améliorer, les solutions, de confronter nos valeurs avec nos actes ou habitudes et notre langage.

Maeliza Seymour - membre Jeunesse Outremer
Maëliza Seymour

Maëliza Seymour, entrepreneure, Guadeloupe : Je suis tombée sur une vidéo d’une femme qui pratique le télétravail depuis plus de dix ans et qui partageait son expérience. Ses conseils : compartimenter clairement son temps (par exemple, activité 1 de 10h à 10h30), ne pas voir trop grand dans sa to-do list et organiser sa journée autour de ce qui nous fait plaisir. J’essaye cette technique depuis trois jours et cela marche plutôt bien !

Délice Cabasset, manager de rayon en supermarché, Martinique : Une bonne idée selon moi est le nettoyage des chariots et des paniers par une équipe spécifique tout au long de la journée, afin de garantir la désinfection et de réduire les risques de contamination. Cela est pratiqué à Carrefour Cluny; je ne sais pas pour les autres magasins ni pour les autres enseignes. Je le vois quotidiennement et j’utilise moi-même les chariots nettoyés pour faire mes courses.

Claude Collegue - membre Jeunesse Outremer
Claude Collegue

Claude Collegue, étudiant en Administration Economique et Sociale, Haïti : A travers des idées vues et lues sur le net, j’ai acquis de nouvelles aptitudes telles que créer un CV intelligent, concevoir un site web ou encore développer son influence sur les réseaux sociaux. J’ai récemment téléchargé une application appelée “parler en public” qui propose des techniques très efficaces pour toute personne ayant besoin de développer ses talents d’orateur.rice.

Qu’espères-tu dans les semaines à venir ?

Steve Bulin, Référent ondes Radio dans le spatial, Kourou : J’espère que la situation s’améliorera rapidement et que lors de l’après crise, les bons réflexes perdurent afin que nous puissions sortir grandis de cette épreuve.

Travail pendant le confinement
Marie-Véronique et Roselise

Roselise, RH et Marie-Véronique, conseillère en insertion professionnelle, région parisienne : Nous espérons une prise de conscience qui mènera à un changement de mentalité et d’attitude; afin que nous ayons tous plus de considération pour la vie, pour les autres, l’environnement et la foi. Nous aimerions davantage de mesures du gouvernement et d’organismes destinées à encourager à prendre soin de la santé, en terme d’alimentation notamment, et de l’environnement.

Maëliza Seymour, entrepreneure, Guadeloupe : Comme on dit, “Fo pa ou blanmé on kontrariété”. Cette crise sanitaire mondiale est l’occasion de repenser nos modes de fonctionnement. Et j’ai bon espoir quand je vois toutes les initiatives qui prennent forme via les différents réseaux sociaux (économie locale, réseaux de solidarité…). J’espère que tout ce fourmillement s’intensifiera dans les semaines à venir et même au-delà du confinement.

Kamal Valcin - membre Jeunesse Outremer
Kamal Valcin

Kamal Valcin, informaticien et poète : Cette situation hélas ô combien terrible a le mérite de nous inspirer. Il est donc de notre devoir de semer dans les consciences des Hommes les germes ainsi que les plans de la responsabilité collective. J’espère une sortie rapide de cette situation et que chacun retourne à une vie presque normale. Mais que cette normalité ne soit pas calquée sur celle d’avant la crise, mais sur le fondement d’une nouvelle société où le socialisme aura l’avantage sur le capitalisme. Que nous ne soyons plus des produits d’une société décidée par un petit nombre mais au contraire que nous soyons les acteurs d’une société au service du plus grand nombre. J’espère que chacun de nous puisse se retrouver en famille et s’accroche avec délice les uns aux autres comme on s’accroche au bonheur.

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