Tout au long du confinement, le sénateur guyanais a poursuivi son action parlementaire pour contrôler les décisions gouvernementales, mesurer les conséquences économiques et sociales de cette crise planétaire et y apporter des réponses. Pour Antoine Karam, il faudra nécessairement dresser le bilan de cette épreuve pour mieux préparer l’avenir.

En vue du déconfinement officialisé par le Premier Ministre Edouard Philippe, pouvez-vous nous résumer le contexte progressif qui va être mis en place en Guyane ? 

Antoine Karam : Le confinement a permis de contenir la propagation du virus en Guyane grâce à l’esprit de responsabilité manifesté par tous les Guyanais. Le Préfet a donc présenté les mesures qui vont progressivement organiser notre vie quotidienne avec un port parfois obligatoire du masque et une quatorzaine imposée à tout nouvel arrivant.

Pour ma part, j’ai exprimé mes inquiétudes quant à la réouverture des écoles, il faudra y être attentif. Je rappelle que les maires et les élus, dans leur ensemble, ne sont pas favorables à la reprise des classes avant septembre.

Je suis également préoccupé par la commune de Saint-Georges de l’Oyapock, voisine du Brésil, où le nombre de cas positifs a littéralement explosé et continue à augmenter.

Nous ne sommes pas encore à l’heure du bilan puisque la situation est encore très fragile, mais quel regard portez-vous sur la gestion de crise et quels sont les bons points que vous notez à votre niveau ?

Cette crise a révélé l’impréparation de la France – mais aussi de la planète entière – à affronter une pandémie de cette ampleur. Conscient des limites du savoir des virologues qui le conseillent, le gouvernement a dû composer avec des avis scientifiques parfois contradictoires et les réalités d’un marché mondial du masque et du matériel médical saturé.

Le déconfinement n’est qu’une étape, tirer un bilan, même partiel, serait prématuré mais il devra nécessairement être dressé pour mieux préparer l’avenir.

Je relève néanmoins qu’en dépit de graves conséquences économiques qu’il nous faudra gérer, le confinement en Guyane aura permis de protéger ce que nous avons de plus précieux dans le contrat social : le droit à la vie et à l’intégrité physique de chacun.

Quels dispositifs avez-vous mis en place pour répondre aux contraintes logistiques imposées par le confinement ? Finalement, quel était le rôle d’un sénateur pendant cette crise ?

Comme tous nos concitoyens, j’ai limité mes déplacements et organisé mon télétravail sans pour autant réduire mon activité. Au contraire, je dirais même que cette crise a particulièrement mobilisé les parlementaires.

C’est donc à distance que j’ai examiné les projets de loi d’urgence sanitaire m’exprimant en faveur d’une clarification de la responsabilité des décideurs publics et privés pour le déconfinement.

Par ailleurs, de nombreuses auditions par visioconférence ont été menées avec ma commission au Sénat pour préparer la réouverture des écoles et évoquer les enjeux de l’enseignement agricole.

Enfin, toujours au contact des acteurs guyanais – élus, chefs d’entreprise, syndicats, associations et citoyens – je fais remonter chaque lundi les situations d’alerte ou d’urgence au sein de notre cellule de crise qui réunit les élus guyanais et les services de l’Etat.

« Le déconfinement n’est qu’une étape, tirer un bilan, même partiel, serait prématuré mais il devra nécessairement être dressé pour mieux préparer l’avenir. »

Vous avez interpellé de nombreux ministères durant vos auditions. Quelles sont les conséquences de la crise sur la continuité pédagogique dans le milieu de l’enseignement liées aux spécificités du sol guyanais ; pareil pour l’enseignement agricole ?

La continuité pédagogique des élèves, notamment ceux des sites isolés de Guyane confrontés à la fracture numérique est une vraie préoccupation. Si la continuité pédagogique s’est déroulée sans encombre pour certains élèves, avec l’appui précieux de leurs parents et des professeurs, c’est loin d’être la norme.

C’est pourquoi, la rentrée scolaire 2020 doit impérativement être préparée en prenant en compte l’impact du confinement sur les apprentissages. A cet égard, la mise en place de « colonies de vacances apprenantes » au profit des élèves guyanais les plus fragiles pourrait être judicieuse.

Enfin, l’enseignement agricole, comme tous les enseignements dits « pratiques » a vécu le confinement encore plus difficilement. Le groupe de travail que je dirige au sein de ma commission fera donc prochainement des propositions pour soutenir cette formidable filière.

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Cet article a été initialement publié dans l’e-magazine EWAG | Nos sociétés s’adaptent. Découvrez le magazine complet et son contenu interactif en cliquant ici.