Pôle emploi Guadeloupe bénéficie de l’appui financier du Fonds Social Européen (FSE) pour mettre en œuvre un accompagnement renforcé en direction des demandeurs d’emploi les plus en difficulté. Plusieurs dispositifs sont déjà en place sur le territoire. Explications avec Catherine Lachasse, manager à Pôle Emploi.

Vous êtes en charge de la mobilisation du Fonds Social Européen. Pourquoi l’Europe est-elle essentielle pour le marché de l’emploi en Guadeloupe ?

Catherine Lachasse :  Le Fonds Social Européen concourt à la mise en œuvre de la stratégie européenne pour l’emploi.

« Répondant à l’engagement européen de créer des emplois en plus grand nombre et de mieux former les travailleurs, le FSE est le principal levier financier de l’Union européenne pour la promotion de l’emploi et l’inclusion sociale. »

Pôle Emploi dispose d’une offre de services de droit commun que nous complétons par la création de nouveaux services en faveur de l’insertion professionnelle. Pour la Guadeloupe, notre stratégie d’innovation repose notamment sur la mobilisation de ces fonds européens.

L’objectif de notre établissement : mettre en place des dispositifs spécifiques et adaptés aux réalités des Guadeloupéens.

Quels sont les dispositifs mis en place ? 

Il existe aujourd’hui plusieurs dispositifs pour accompagner l’emploi en Guadeloupe. 

  • Pour l’accompagnement global, nous recevons 2,6 millions d’euros de subventions de l’Europe sur 3 ans.

Il s’agit d’accompagner tous les demandeurs d’emploi confrontés à un cumul de freins sociaux et professionnels.

Les personnes concernées connaissent des difficultés sociales qui entravent leur retour à l’emploi et s’ajoutent souvent à des difficultés professionnelles comme un faible niveau de qualification, une expérience insuffisante ou encore une rupture dans le parcours.

Cet accompagnement socio-professionnel est réalisé en partenariat avec le Conseil départemental. Nous agissons de manière coordonnée pour permettre aux demandeurs d’emploi de s’insérer au plus vite dans plusieurs secteurs d’activités. 

  • Nous avons également un accompagnement de 2,5 millions d’euros pour les jeunes sur 3 ans.

Cet accompagnement s’adresse aux demandeurs d’emplois de moins de 26 ans en priorité, ceux qui rencontrent des difficultés récurrentes pour intégrer durablement l’entreprise ou pour lesquels il est précocement détecté un risque de chômage de longue durée et qui ont besoin d’un accompagnement très soutenu dans leurs démarches, afin de mieux connaître le marché du travail, valoriser leurs atouts, acquérir les méthodes de recherche d’emploi appropriées, élargir leurs cibles professionnelles et être soutenus durant la période d’intégration en entreprise ou en formation

  • 1.7M€ également programmés pour quatre autres dispositifs sont en cours de validation.

Ils mettent une focale sur l’insertion des femmes, les nouveaux modes de recrutement, la non-discrimination à l’embauche ou encore une plus grande mobilité dans la Caraïbe.

« Nous ne serions pas en capacité de mettre en œuvre toutes ces services sans l’appui de l’Europe. »

Dans la période de déconfinement qui s’annonce, la contribution de l’Europe est absolument majeure  pour contribuer à la relance du marché du travail.

Comment fonctionne le mécanisme de financement ?

A partir du moment où vous demandez une subvention à l’Europe, vous devez répondre à une série d’obligations qui se traduit notamment par :

  • l’utilisation d’outils et de supports adaptés au type d’accompagnement
  • la prise en charge d’un nombre minimum de participants au titre de chacun des dispositifs
  • un suivi spécifique des participants prenant la forme d’entretiens physiques
  • la conservation physique ou dématérialisée des justificatifs liés à l’opération cofinancée

Ce sont des procédures, comme vous le voyez, très rigoureuses.

Ce qu’il y a eu d’intéressant durant cette période, ce fut de voir comment l’Europe, elle aussi, s’est adaptée. Avec le télétravail et toutes les procédures d’entretiens à distance, l’autorité de gestion, représentée par la DIECCTE a su adapter le pilotage des résultats en assouplissant la conformité des procédures et des conditions de mise en œuvre qui avaient été, dans un premier temps, actées. 

La crise du Covid-19 a -t-elle compliqué l’application des actions déjà mises en place ?  

Comme nous sommes en fin de programmation pour l’Europe, nous étions, avec mes collaborateurs, dans une phase de finalisation des dossiers pour de nouvelles demandes de subvention et de comptes rendus des actions.

En termes d’organisation du côté de mon équipe, nous avions déjà l’habitude de travailler à distance et la majorité de l’équipe était déjà équipée pour le télétravail donc, il y a eu peu de changement.

C’est simplement le rythme de travail qui a été quelque peu différent et la communication renforcée. Nous avons beaucoup échangé par Skype. Pas trop de complications exceptées, peut-être, quelques petits soucis techniques qui ont été très vite solutionnés avec des équipements adaptés.

Notre priorité a été d’intégrer notre activité au plan de continuité des services, de structurer et de sécuriser les procédures, apporter notre appui aux conseillers. Vous savez, je suis très fière de la manière dont l’équipe a répondu à cette crise majeure.

C’est aussi plus de 300 contacts, entretiens qui ont été réalisés durant cette période dans le cadre de nos dispositifs cofinancés par le FSE. Cela signifie qu’on a réussi à maintenir un lien social, à accompagner dans un contexte dégradé et difficile pour les conseillers.

C’est un sentiment de fierté extraordinaire de voir comment Pôle Emploi a pu réagir aussi rapidement.

Et pour la suite, imaginez-vous un retour à la normale ? L’Europe suivra-t-elle ? 

En Guadeloupe, l’Europe s’organise pour contribuer à l’effort de soutien aux entreprises qui doivent faire face à des dépenses liées à la mise en place des mesures sanitaires et à leur équipement pour le télétravail.

Pour nous, la suite, se prépare dès maintenant. Le plan de déconfinement va nous permettre progressivement de revenir à des accompagnements plus classiques.

On espère repartir sur des procédures plus traditionnelles et répondre aux obligations vis-à-vis de l’Europe afin d’orienter sereinement nos actions en fonction de l’impact de la crise et ainsi répondre aux besoins de nos publics.

« Le cofinancement d’un dispositif d’accompagnement des licenciés devrait permettre de répondre aux personnes qui se retrouvent, avec la crise géo-sanitaire, au chômage. »

Dès que nous disposerons des chiffres plus précis et des tendances plus claires, nous évaluerons les dispositifs.

Les projets les plus innovants et les plus adaptés au territoire seront reconduits en cohérence avec la stratégie européenne du prochain programme opérationnel du FSE. Je n’ai aucun doute sur la capacité des conseillers Pôle emploi à co-construire la suite de manière sereine et efficace.


Cet article a été initialement publié dans l’e-magazine EWAG | Nos sociétés s’adaptent. Découvrez le magazine complet et son contenu interactif en cliquant ici.