Resserrer les liens avec la clientèle martiniquaise et internationale est la première étape du salut du secteur touristique. Photo Jean-Albert Coopmann

En décembre 2019, le Conseil exécutif avait réussi à rééquilibrer le budget de la CTM, puis vint la pandémie mondiale du coronavirus. La crise à multiple dimensions interroge chacun de nous en tant que citoyen et met particulièrement en péril le secteur du tourisme.

« C’est le secteur le plus sinistré, celui dans lequel il n’y a pas de report d’achat ou de dépenses, décrit Miguel Laventure, conseiller exécutif aux Affaires financières et budgétaires et en première ligne sur le tourisme.

Soit l’entreprise fonctionne dans sa globalité c’est-à-dire l’établissement en entier ou il ne fonctionne pas du tout, ce qui conditionne des pertes très importantes depuis plusieurs semaines et mois. » Entretien et perspectives. 

Vous travaillez actuellement à ce que les mesures destinées au secteur du tourisme dans l’Hexagone puissent trouver une adaptation réaliste pour la Martinique. Pouvez-vous nous dire ce que ça pourrait être concrètement ? Et si le gouvernement entend cette problématique locale ? 

Miguel Laventure : Le gouvernement a fait de la question touristique une de ses préoccupations prioritaires, avec une série de mesures dédiées.

« Le territoire martiniquais ne jouit pas des mêmes conditions ni de la même saisonnalité que l’Hexagone, aussi l’approche défendue par Paris doit être ajustée aux caractéristiques locales. »

C’est essentiel et c’est tout l’enjeu des discussions actuelles : obtenir que l’ensemble des mesures arrêtées puissent trouver une adaptation réaliste pour les professionnels du tourisme en Martinique.

Par exemple ? 

Le chômage partiel jusqu’en septembre est une mesure qui ne répond pas à la nécessité de la Martinique où les mois d’octobre, novembre et décembre font partie de la saison haute et au cours desquels la fréquentation sera encore trop faible pour permettre le fonctionnement serein et équilibré des établissements.

Ce sera une période cruciale, celle où le maintien de l’emploi va se poser avec une certaine acuité. Nous portons cette préoccupation et cette réalité de terrain au plus haut niveau de l’Etat.

Outre ces mesures concrètes, comment se dessine le renouveau du secteur ? 

La crise Covid-19 a été un choc pour tout le monde, et conduit à de nombreuses prises de conscience et interrogations sur nos modes de vie et de consommation. Je pense malgré tout que ce changement ne pourra se concrétiser d’un coup d’un seul.

« C’est un chantier de long terme, un projet de société qu’il nous convient de conduire avec inventivité et vigueur. »

Concrètement pour les acteurs privés du tourisme, sans doute la période appelle-t-elle à renforcer les programmes de formation, à profiter de cette inactivité fonctionnelle pour faire accroître les capacités professionnelles des salariés.

Également c’est le temps du renforcement des programmes d’investissement pour avoir un « produit » Martinique plus performant.

Les ressources des fonds européens seront et devront être d’un secours bénéfique pour donner l’opportunité de renforcer ses équipements, ses outils de travail et encourager une nouvelle attractivité de la destination Martinique. Cela fait partie du Plan de refondation, vis-à-vis duquel nous avons une obligation de réussite collective. 

Grâce au tourisme domestique ?

En partie oui, c’est déjà une pratique que nous avions nous Martiniquais de découvrir et visiter notre île, ses sites patrimoniaux et touristiques.

La population locale est là, la clientèle est là, nous espérons pouvoir faire des propositions pour stimuler et encourager cette pratique.

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