Après une année scolaire 2019-2020 tourmentée par des mouvements sociaux et une crise sanitaire, les yeux sont rivés sur la rentrée. Christine Gangloff-Ziegler, nommée en juillet rectrice de la région Guadeloupe, répond aux questions que nous nous posons tous.

Présidente de l’université de Haute-Alsace de 2012 à 2020, Christine Gangloff-Ziegler a vécu de l’intérieur l’un des premiers hot spots du Covid-19 en France : la région Grand Est. Autant dire que celle qui succède à Mostafa Fourar aux manettes de l’académie de Guadeloupe possède une solide expérience de la pandémie. Elle a conscience du danger.

De l’expérience, Christine Gangloff-Ziegler peut aussi s’en prévaloir sur le terrain universitaire et managérial, avec un CV qui donne le vertige. Titulaire d’un DEA de droit et d’un doctorat de sciences de l’éducation, directrice d’IUT puis d’université elle est, en juillet dernier, nommée rectrice de la région Guadeloupe. 

Christine Gangloff-Ziegler - rectrice région Guadeloupe
Christine Gangloff-Ziegler – Photo Stéphane Jumet

Pourquoi avoir pris ce poste de rectrice de Guadeloupe ?

Christine Gangloff-Ziegler : Les Outre-mer sont des territoires éloignés, archipélagiques, qui vivent une double insularité. Ces problématiques représentent pour moi – qui suis à l’origine professeure en sciences de l’éducation – un challenge très intéressant.

« Le fil conducteur de ma mission, c’est la réussite des jeunes et l’égalité des chances. »

En Guadeloupe, il y a des défis à relever dans ce domaine, et l’académie mène un important travail autour de l’organisation des réseaux d’éducation prioritaire – REP et REP+. Aujourd’hui, la région compte trois REP :

  1. le collège Quartier d’Orléans à Saint-Martin
  2. le collège Nestor de Kermadec à Pointe-à-Pitre
  3. le collège Jean-Jaurès à Baillif

Ces dispositifs sont d’ailleurs susceptibles d’être étendus prochainement, ce qui contribuerait à une meilleure réussite des élèves. Nous y travaillons. 

Justement, en début d’année, de fortes revendications autour de l’annonce de surpressions de postes se sont exprimées. Ont-elles été entendues ?

Oui, tout à fait. Les parlementaires, le ministre de l’Education nationale et l’académie de Guadeloupe se sont mobilisés. Sur soixante-douze suppressions de postes prévues, seules vingt-trois ont eu lieu.

Parallèlement, l’académie voit ses effectifs d’élèves baisser. Ainsi, malgré ces suppressions de postes, le taux d’encadrement des jeunes a augmenté !

Dans le 1er degré, les classes comptent désormais moins de vingt élèves. Individualisation, proximité : les conditions d’enseignement sont sensiblement améliorées. 

Comment appréhendez-vous les défis sanitaires et scolaires de la rentrée ?

Les maîtres-mots sont : protéger les élèves et les adultes, et assurer l’éducation de tous.

Sur le plan sanitaire, le port du masque est obligatoire à l’école pour tous les enfants à partir de 11 ans. Il faudra respecter les gestes barrière, veiller au brassage de l’air dans les classes et du gel hydroalcoolique sera mis à disposition. 

« Sur le plan scolaire, évaluations en début d’année et aides personnalisées sont les priorités. »

À ce titre, l’Education nationale a annoncé 1 500 000 heures supplémentaires pour renforcer l’accompagnement personnalisé et l’aide aux devoirs.

Il faut rattraper le temps perdu. Le confinement a aggravé les inégalités. Pour ne rien vous cacher, 11 000 élèves guadeloupéens, pendant cette période, n’ont pas réussi à prendre part aux différents dispositifs d’école à distance.

Notre mission aujourd’hui est d’enrayer ce phénomène pour retrouver des niveaux homogènes. De septembre à décembre, les établissements procéderont à l’évaluation du niveau des enfants, puis à leur remise à niveau grâce à des stages proposés pendant les petites vacances et à des dispositifs tels que “Devoirs Faits”, qui permettent d’accompagner les élèves jusqu’à quatre heures par semaine. 

Ceci fait suite au dispositif “vacances apprenantes” de juillet et août…

“Vacances apprenantes” a eu pour objectif, en effet, de rattraper les lacunes accumulées par les élèves décrocheurs pendant le confinement, à travers des ateliers de soutien scolaire et des activités sportives et culturelles.

Pendant les grandes vacances, le dispositif a capté pas moins de 10% des élèves guadeloupéens. Nous nous en félicitons.

Et si la situation sanitaire s’aggravait ? 

L’académie a anticipé trois scénarios en fonction de l’évolution de la pandémie :

  1. Classe normale avec un enseignement majoritairement en présentiel et respect des mesures barrières
  2. Mix entre cours en présentiel et cours à distance
  3. Troisième scénario, un enseignement en distanciel total

Nous étudierons la situation de chaque établissement, au cas pas cas. Mais vous savez, on pourrait presque parler d’un mal pour un bien.

De nouvelles pratiques pédagogiques, et des compétences chez les élèves – certaines formes d’auto-apprentissage en particulier – sont nées pendant cette période inédite et sont à capitaliser.

L’Académie vient de publier un rapport à ce sujet : Bilan et perspective de la période de confinement covid-19 du 16 mars au 11 mai 2020.

Académie de Guadeloupe
www.ac-guadeloupe.fr