Le Grand Port de Martinique prend ses responsabilités et s’engage dans une transformation de son modèle énergétique. – Photos Jean-Albert Coopmann & Unsplash

Jean-Rémy Villageois est un homme pressé. Le projet stratégique 2020-2024 du Grand Port de Martinique est finalisé. Il dresse une feuille de route ambitieuse et pose le cadre d’un projet portuaire et maritime inédit.

« C’est le fruit d’un travail collaboratif qui a inclus et impliqué tous ceux qui ont à voir avec l’activité et l’organisation du Grand Port », salue le directeur. Une quinzaine de réunions, un an de travaux et d’études ont mobilisé élus, représentants du monde économique et salariés autour du « port de demain ».

Clairement, les développements des 4 prochaines années inscriront le Grand Port dans trois dimensions prioritaires :

  1. un port entrepreneur qui crée de la valeur pour le territoire
  2. un port citoyen qui soit autant un lieu de vie et de loisirs que de commerce
  3. un port vert qui garantit un développement durable

Sur ce troisième axe, au-delà de s’inscrire dans l’air du temps, il témoigne avant tout d’une prise de conscience partagée et d’une volonté unanime de faire face aux enjeux climatiques, réaliser la transition énergétique et protéger la biodiversité. Explications de Jean-Rémy Villageois

Jean-Remy Villageois - Grand Port de Martinique
Jean-Remy Villageois

14 millions d’euros d’investissements en faveur du développement durable

« Cela se traduit par 14 M€ d’investissements qui représentent 10 % des investissements du port sur les 4 ans, la création – déjà effective – d’un nouveau service dédié au développement durable et à l’innovation, et surtout une nouvelle dynamique et une émulation pour créer davantage de compétitivité, de résilience et d’attractivité. »

« Notre ambition est de devenir un modèle de transformation portuaire durable en mesure d’exporter ce savoir-faire vers les autres ports insulaires. »

Faire pivoter les modèles historiques du Grand Port de Martinique

« Cette stratégie, s’il le fallait encore, a été renforcée par le contexte de la crise sanitaire puis la crise socio-économique que nous vivons. Crises face auxquelles le Grand Port de Martinique a rempli et continue de remplir ses missions, mais qui ont aussi permis d’appréhender comme jamais les questions de résilience sous toutes leurs formes.

Aussi pour cela, nous abordons ces défis avec l’humilité mais la détermination imposées par la complexité et l’urgence de ces enjeux pour les jeunes générations. Loin d’être un affichage, nous – et l’ensemble des parties prenantes – savons que cette stratégie conduit à faire pivoter certains de nos modèles économiques et organisationnels. »

« L’intégration de solutions innovantes tout comme une inventivité des modèles d’affaires dans notre contexte portuaire et insulaire sont des courroies indispensables à l’atteinte de nos objectifs. »

Un Terminal à conteneurs durable en 2022

« Par exemple, sur le terminal à conteneurs de la Pointe des Grives, qui est un équipement absolument stratégique pour le territoire, nous allons réaliser d’ici fin 2022 un projet partant d’une volonté d’accompagner les armateurs de porte-conteneurs.

Ils souhaitaient réduire leurs émissions à quai. Ce projet leur permettra de couper leur moteurs – comme cela s’est fait aux Ports de Dunkerque en 2020 et Marseille depuis 2017. Dans un contexte où le système électrique de l’île est encore fortement dépendant des énergies fossiles, cela nous amène à entièrement reconfigurer nos services portuaires de l’électricité.

Concrètement, on parle ici de produire de l’électricité d’origine renouvelable pour la destiner aux usagers du terminal qu’ils soient maritimes, c’est-à-dire, les porte-conteneurs lorsqu’ils sont à quai, ou terrestres, c’est-à-dire, les outillages, bâtiments techniques nécessaires à la logistique des conteneurs.

Ce projet d’envergure sera piloté par Kelli Mamadou, cheffe du nouveau service DDI qui intégrera prochainement deux collaborateurs supplémentaires. »

Kelli Mamadou, cheffe du nouveau service DDI - Grand Port de Martinique
Kelli Mamadou, cheffe du nouveau service DDI

Vers un smartgrid portuaire, première en France et en Outre-mer

« Tout cela se construit dans la recherche d’un point d’équilibre entre une garantie de « taux de vert » de l’électricité utile aux usagers portuaires et d’un prix d’accès à ce service.

A l’usage, le Terminal deviendra ce que l’on appelle par abus de langage un réseau électrique intelligent ou smartgrid en anglais. Car à chaque instant nous saurons anticiper les besoins de nos usagers pour adapter le service de fourniture d’électricité « verte » à partir d’installations renouvelables, de stockage d’électricité et d’un système de gestion d’énergie spécialement conçus pour ce Terminal.

Nous envisageons de déployer une infrastructure de raccordement électrique de 5 mégawatts pour les navires en partenariat avec les armateurs ; jusqu’à 1,2 mégawatt-crête de panneaux solaires et environ 2 mégawattheures de stockage. »

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30 % d’économie d’énergie en 2 ans

La stratégie se veut globale, cohérente et pragmatique en réalisant aussi des économies d’énergie. Au total, l’ensemble des aménagements et remplacements des équipements, éclairage, portique, prises pour refroidir les conteneurs…, vise 30 % d’économie d’énergie en deux ans pour le Grand Port de Martinique.

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