Dépollution des sols. Alors que vient de débuter le plan IV de consultation « plan chlordécone », les auteurs de « Tropiques toxiques » ont ouvert une campagne de financement participatif pour aider la recherche. Rencontres avec Jessica Oublié, auteure de la BD et Sarra Gaspard, chercheuse au laboratoire Covachim et professeure à l’Université des Antilles. 

Sarra Gaspard, cela fait plusieurs années que votre laboratoire de recherche est spécialisé sur la valorisation de la biomasse. Quels sont vos thèmes de recherche ? 

Sarra Gaspard : Nos thématiques portent principalement sur la recherche de matériaux composites pour la construction, mais aussi sur les biomolécules issues de la pharmacopée caribéenne.

« Nous travaillons particulièrement sur la question de la dépollution et de la valorisation de la biomasse. Notre objectif est de valoriser des matériaux qui pourraient nous servir de techniques de dépollution. »

Nous fabriquons du charbon actif soit à partir de sargasses, de bagasses, de noix de coco que nous avons ici en quantité. Il s’agit pour nous de faire un recyclage, un ré-usage, une réutilisation de cette biomasse abondante pour entrer progressivement dans un cycle vertueux de valorisation des ressources. 

Jessica Oublié, vous êtes scénariste et auteure. D’où vient l’idée de la cagnotte destinées à la recherche sur la dépollution ? 

Jessica Oublié : Avec mes co-auteurs de Tropiques Toxiques, on ne voulait pas que les lecteurs se sentent acculés par l’histoire qui leur était raconté.

Au contraire, on avait envie qu’au-delà de la dimension informative de cette bande-dessinée, ils puissent ressortir avec des clés de lecture, de compréhension et davantage d’analyses critiques face à la situation de pollution généralisée que l’on retrouve aujourd’hui ici, aux Antilles française.

C’est ainsi qu’on a eu l’idée de lancer une cagnotte. On s’est dit que ce serait un moyen pour le lecteur de pouvoir participer à son échelle, aux côtés des chercheurs et des chercheuses qui se mobilisent pour trouver des solutions à la dépollution des sols et des écosystèmes. 

L’association de vos deux projets était-elle si évidente ? Comment s’est passée votre rencontre ? 

S.G. : Jessica est venue me voir, il y a deux ou trois ans avec l’idée de cette bande-dessinée où elle mettrait à la fois en lumière l’histoire de la chlordécone dans le monde, les événements qui ont concouru à cette pollution aux Antilles, les combats déjà menés et les perspectives pour les années à venir.

Elle voulait identifier les premières hypothèses formulées par les experts sur la dépollution. Je lui ai exposé les travaux que nous réalisons au laboratoire et très vite, elle m’a parlé de la possibilité de mettre en place une cagnotte pour financer les travaux que nous faisons avec l’équipe.

C’est pour nous, une opportunité fantastique. Car non seulement Jessica publie un ouvrage très complet sur la problématique chlordécone mais elle nous offre également la possibilité d’intégrer davantage tous ceux qui veulent agir.

« Le premier pas est d’aider à financer un procédé de dépollution. »

Quel message souhaitez-vous faire passer à tous ceux qui hésiteraient à donner ?

S.G. : Par votre participation à cette cagnotte, vous contribuerez à ce qu’il y ait des avancées significatives dans la recherche d’un procédé de dépollution en parcelle pilote.

Vous ferez aussi la démonstration de votre volonté d’engagement pour des travaux de recherche portant sur la dépollution des sols contaminés par la molécule de chlordécone, aux côtés des bailleurs de fonds institutionnels.


Pour contribuer à la cagnotte : https://www.leetchi.com/c/depollution-chlordecone-laboratoire-covachimm2e-universite-des-antilles

Une fois par an, les membres du laboratoire décaisseront les fonds collectés sur Leetchi.com grâce aux dons des lectrices et lecteurs de « Tropiques Toxiques » afin de financer un de leurs projets de recherche. Des vidéos de l’état d’avancement des différents projets seront réalisées chaque année.

Et si vous n’avez pas les moyens ? 

Du 18 novembre au 19 décembre 2020, vous aviez également la possibilité d’aider en donnant votre avis dans le cadre du plan IV de lutte contre le chlordécone sur le site www.consultationpublique-chlordecone.fr