Le premier miel Bio de Guyane ! La Miellerie de Macouria a reçu trois prix du Grand Concours Agricole de Paris. Même le chef de l’Élysée, Guillaume Gomes, n’a pas résisté au miel 100% local. Mais qu’est-ce que ce miel a d’aussi particulier ? Nicolas Hibon, apiculteur depuis dix ans en Guyane nous confie son secret : “il provient de la biodiversité la plus riche d’Europe”. – Photo via Unsplash
Le meilleur miel de Guyane ? Comment expliquez-vous un tel succès ?
C’est très simple, nous utilisons des abeilles locales. Tout d’abord, en Guyane l’abeille n’est pas en danger.
La température et sa morphologie l’ont rendue plus résistante, pour lui donner tout ce dont elle a besoin pour se protéger des prédateurs ; ce qui la rend très “agressive” en comparaison avec d’autres abeilles. Cette agressivité ne plaît pas à tous.
« Certains apiculteurs font venir leurs abeilles de l’Hexagone, car ils préfèrent des abeilles plus « douces », a contrario de l’abeille guyanaise qui est considérée « sauvage ». »
Bien évidemment, ce n’est plus du miel guyanais proprement dit puisque ces abeilles “douces” ne font pas partie de la biodiversité locale. Il ne faut pas avoir peur de se faire piquer (rires), cela fait partie du jeu.
C’est à nous de faire un effort, et pas à la nature. Il ne faut pas laisser ce petit inconvénient empêcher l’équilibre de la biodiversité amazonienne qui est par ailleurs la biodiversité la plus riche d’Europe !
Quels sont les dispositifs selon vous à mettre en place pour valoriser ce secteur ?
Pour valoriser la consommation en Guyane, il faudrait promouvoir les associations, les labels et les entreprises locales ; celles et ceux qui font un effort pour proposer des produits de qualité, tout en les fabriquant ici.
Sans ce type de soutien, les artisans, entrepreneurs, agriculteurs…, sont vite découragés. De plus, l’exportation de ces produits reste très chère. D’un côté, il faut montrer quel est l’intérêt d’avoir ce type de produit par les différents acteurs.
« Pour notre miellerie, dès qu’il y a eu une prise de conscience sur l’importance de produire du miel provenant des “abeilles sauvages”, nous avons vite été soutenus. »
Par la Mairie de Macouria, la Mairie de Roura ou encore la CTG, qui a fait la promotion du miel local lors du Salon de l’Agriculture à la Porte de Versailles. Il y a aussi des sociétés qui hébergent nos abeilles proposant des espaces pour poser nos ruches, c’est le cas de l’EIFFAGE qui nous soutient depuis quelques années.
Cependant, une prise de conscience sur la consommation locale commence à prendre place, notamment avec la création du label “Produit en Guyane”. En tant qu’agriculteur, ne ressentez-vous pas ce changement au niveau de votre clientèle ?
Il y est vrai que certains commencent à reconnaitre ce besoin de consommer sain et local, et son importance pour l’environnement et l’économie. Néanmoins, cette prise de conscience reste faible.
« L’argument : « mais si c’est produit ici, pourquoi les prix sont si élevés ? » persiste encore dans les esprits. »
En contrepartie, les clients qui trouvent chers certains produits, une fois qu’ils comprennent le travail qui a derrière, finissent par réclamer la présence de producteurs locaux. Ma conclusion, c’est qu’il y a un manque d’information.
Il faut élargir les dispositifs qui permettent ce dialogue. Malheureusement, on revient toujours au même débat : l’éducation. C’est plus dur d’éduquer un adulte, mais les enfants peuvent et doivent recevoir une sensibilisation écologique.
Pourquoi ne pas avoir deux heures de cours d’écologie au collège par exemple ? Nous avons déjà reçu des élèves d’école primaire dans nos locaux. Ils étaient très curieux de comprendre comment fonctionne une miellerie. Peut-être serait-il temps de leur expliquer comment respecter l’environnement.
| Miellerie de Macouria mieldeguyane.fr FB @LaMielleriedeMacouria |