Qu’est devenu le rhum Hardy ? 

Réhabilitation. Connaisseurs ou amateurs, vous auriez tort de passer à côté de la renaissance de cette marque historique. Détails des nouveaux projets autour de la marque Rhum Hardy et du patrimoine qu’elle représente. – Texte Yva Gelin

« Un Rhum Hardy ne meurt jamais ». En pleine période de restructuration de la marque après 25 années de discrétion, le dicton n’aura jamais été aussi vrai.

Nichée au cœur de la Presqu’île de la Caravelle, la Distillerie Hardy ne fume plus depuis 1994. L’entreprise familiale décide alors de sous-traiter la production de son rhum à la Distillerie Saint James, en exploitant les cannes de Tartane.

En 2018, Jean-Pascal Hardy rachète la marque à sa famille afin de faire revivre ce lieu chargé d’histoire, tout en conservant son authenticité.

Rhum Hardy, un rhum familial

Alors que beaucoup de distilleries, au fil des années, ont été rachetées par de plus grosses structures, celle du Rhum Hardy a tenu tête et appartient depuis cinq générations à la famille.

« Ma motivation pour mener à bien ce projet de renaissance du Rhum Hardy et de remise en état de la distillerie puise ses forces dans mes souvenirs d’enfance », raconte Jean-Pascal, « lorsque mon grand-père Gaston Hardy se battait pour moderniser cette petite usine rongée par le poids des années et des embruns ».

« L’idée est d’avoir de très petites cuvées qui ont le temps de se reposer. »

Produit de niche 

« L’idée est d’avoir de très petites cuvées qui ont le temps de se reposer. Le rhum blanc, par exemple, a un parfum extraordinaire car il a le temps de s’arrondir pleinement pour exprimer toutes ses qualités organoleptiques », précise Gaëlle.

La gamme actuelle est composée de 5 références : Rhum Blanc, Rhum Paille et 3 Rhums Vieux qui seront complétées par des nouveautés élaborées au sein du futur chai de Tartane. Tout un travail d’expérimentation est prévu autour du processus de vieillissement, selon les caractéristiques des fûts : « la chauffe, l’origine du bois, sa qualité, la taille des grains, l’âge et le volume des fûts, la mise en place de finishs….». Une démarche expérimentale pour des cuvées rares qu’il faudra venir dénicher à Tartane.

Mémoire vive 

La Distillerie Hardy est située sur un site unique et exceptionnel, au bord de la Plage de la Brèche, aux portes de la Réserve Naturelle de la Caravelle, presqu’île chargée d’histoire (ruines du Château Dubuc). Ré-ouvrir le site nécessitait de retravailler l’image de la marque tout en conservant sa dimension patrimoniale.

Dans un premier temps, un effort marketing a été fait sur le packaging, le design et la communication. Mais également un travail sur la sélection des rhums, en redéfinissant les profils aromatiques de chaque référence et en assurant leur contrôle-qualité régulier.

Enfin, dès 2022, les machines historiques seront remises en valeur : « la machine à vapeur de 1946, la colonne à distiller de 1918, la cheminée et la chaudière des années 30 ou encore le tapis convoyeur de bagasse, fabriqué par mon grand-père en 1955 », évoque Jean-Pascal. Ce à quoi s’ajoutent des espaces dédiés au musée, à la dégustation et au chai de vieillissement. Le Rhum Hardy fait peu à peu un retour sur la carte du spiritourisme en Martinique. 

Connaisseurs et passionnés de rhum

Au moment de déguster un rhum, 80 % de ses caractéristiques se décèlent grâce à l’odorat. « Finalement, un rhum qualitatif est celui qui, une fois en bouche, tient ses promesses olfactives, offrant ainsi un bel équilibre aromatique et sensoriel ». Du moins telle est l’analyse de Gaëlle Hardy dont le parcours justifie l’assurance et l’expertise.

Avec un nez finement formé à l’ISIPCA (Institut Supérieur International de la Parfumerie, de la Cosmétique et de l’Aromatique Alimentaire), Gaëlle a débuté dans le monde du rhum il y a 18 ans, avec un stage chez Saint James. S’en sont suivies sept années au poste de responsable qualité et production à la Distillerie du Simon, puis de responsable recherche et développement chez les Rhums Clément. Aujourd’hui entièrement consacrée à ce projet, elle s’assure de la sélection et de la qualité du Rhum Hardy élaboré chez Saint James, de son développement commercial en Martinique et à l’export, de l’élargissement de la gamme afin d’acquérir une meilleure visibilité. Son mari, a lui de son côté développé son expertise dans les secteurs de la gestion, de la finance et du commerce et est à présent consultant en ingénierie financière.

Un savoir-faire professionnel, des compétences complémentaires et la volonté de faire perdurer un héritage et son histoire : le combo parfait pour une valorisation optimale. C’est avec beaucoup d’enthousiasme et de passion que Gaëlle et Jean-Pascal démarrent cette année le chantier de la Rhumerie.