50 millions d’euros. Voici le montant alloué au tourisme durable pour l’Agence de Transition Écologique (ADEME) dans le cadre France Relance. C’est l’occasion de faire émerger de nouveaux modèles touristiques sur nos territoires. Rencontre avec Édouard Saëlen, chargé de piloter l’appel à projet « Slow tourisme » aux Antilles-Guyane. – Texte Joséphine Notte

C’est une grande première pour l’ADEME. Pendant deux ans, l’agence spécialisée dans la transition écologique va accompagner les acteurs du secteur à répondre aux enjeux du tourisme de demain avec deux grandes opérations :

  1. Le Fonds Tourisme Durable à destination des hébergeurs et restaurateurs
  2. L’appel à projet « Slow tourisme » ouvert à tous les acteurs du secteur pour développer cette nouvelle offre

Grâce à ces deux opérations, l’ADEME vise la mise en place d’un réseau national de partenaires ou « cluster » de tourisme durable.

Le Fond Tourisme Durable vise à accompagner des établissements vers des modèles plus durables en leur proposant, entre autres, des diagnostics environnementaux et des plans d’actions gratuits, puis le financement d’une partie des études et investissements nécessaires au changement.

Les ambitions en matière de transition couvrent un large champ d’initiatives :

  • Plus d’efficacité énergétique
  • Une utilisation raisonnée des ressources en eau
  • Des achats de biens responsables
  • Une meilleure gestion des déchets
  • Des expériences plus respectueuses des hommes et de la biodiversité

Sur le second volet « Slow tourisme », Édouard Saëlen, chargé de mission de l’ADEME Antilles-Guyane décrypte l’appel à projet.

Le Slow tourisme quésaco ?

Édouard Saëlen : Le contexte de pandémie et la crise écologique ont influencé l’émergence de motivations nouvelles chez les voyageurs.

« Il ne s’agit plus aujourd’hui de consommer un territoire. La quête de sens et l’impact du tourisme sur les terres d’accueil sont devenus des éléments fondamentaux pour les consommateurs. »

C’est ainsi que le slow tourisme, qui se positionne dans le top des plus grosses tendances touristiques de ces cinq dernières années, est perçu comme LA réponse à la crise actuelle du tourisme.

Il se traduit par « le tourisme du temps choisi, immersif et expérientiel, garant de ressourcement, de bien-être et de rupture dans le rythme de vie, peu émetteur de Gaz à Effet de Serre (GES), et respectant l’environnement et les populations d’accueil ».

En plus concret, il permet aux touristes de voyager différemment hors des circuits touristiques très fréquentés et de découvrir une destination en profondeur au plus près des habitants. 

L’appel à projet « Slow tourisme » lancera sa deuxième édition entre mi-juillet et mi-octobre 2021 aux Antilles-Guyane, en quoi consiste-t-il ?

C’est un appel à projet qui s’adresse à tous, TPE, PME, associations mais aussi entreprises en création. L’idée est d’accompagner et consolider des nouveaux projets touristiques qui s’inscrivent dans la définition du slow tourisme.

Nous nous sommes assurés de définir des critères de sélection larges pour permettre l’éligibilité à tous. Nous avons développé les quatre piliers du slow tourisme pour aiguiller les candidatures.

« Les projets devront porter une attention particulière au temps, à l’impact environnemental, à l’ancrage territorial culturel ou naturel, à la montée en gamme des services/produits et à l’écomobilité. »

Quel est le potentiel du Slow tourisme sur nos territoires d’Outre-mer ?

Tout d’abord, le slow tourisme s’inscrit dans les objectifs de la trajectoire 5.0 (zéro carbone, zéro déchet, zéro exclusion, zéro vulnérabilité, zéro polluant). Nos destinations ont fortement été impactées par la pandémie, l’ensemble du secteur est aujourd’hui en crise.

« Après avoir longtemps été des destinations « soleil » de tourisme de masse, la Martinique et la Guadeloupe ont besoin de se réinventer tant pour rester attractives que pour préserver leurs écosystèmes fragiles. »

Deux facteurs importants également en Guyane, un territoire réputé pour son authenticité. De surcroît, le slow tourisme, le tourisme durable et de manière plus large la transition écologique, sont de réelles opportunités économiques : ils répondent à des besoins et sont des secteurs qui profitent d’une forte croissance.

L’émergence de filières nouvelles comme le slow tourisme permet d’envisager de belles perspectives d’avenir pour nos territoires.

Quel accompagnement proposez-vous aux projets retenus ?

Deux parcours sont proposés.

Le premier est un accompagnement basé sur du conseil et de l’ingénierie. Il s’agit d’aider le porteur du projet à développer son offre, optimiser son modèle économique mais aussi aller chercher des financeurs ou consolider des partenariats.

Le second accompagnement consiste à participer à la réalisation et l’animation du projet sélectionné. Il se concentre sur les dernières phases de concrétisation du projet et peut inclure entre autres des aides financières liées aux dépenses de petits équipements et aux actions de communication et animation. 

Comment répondre à l’appel à projet ? 

Je recommande avant tout de s’informer en allant consulter le site “AGIR pour la transition” qui recense l’ensemble des aides déployées par l’ADEME, et sur lequel sera bientôt publié, courant juillet, le second appel à projet “Slow Tourisme”.

Le site présente toutes les informations nécessaires à la constitution et au dépôt d’un dossier de candidature. Un webinaire de présentation du premier appel à projet, qui avait été organisé en avril dernier, reste consultable en replay (sur dailymotion).

Aussi en 2020, la Direction générale des Entreprises (DGE) a créé une boîte à outils en ligne pour structurer et inspirer les acteurs de la filière slow tourisme. Ce document est un guide pour définir et qualifier son offre selon les principes “slow-touristiques”.

Je me tiens également disponible pour toute question. 

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