Nouvelle culture. Le pitaya, également appelé « fruit du dragon », a fait son apparition, il y a déjà quelques années, en Guadeloupe. Exotique, savoureux et coloré, il séduit de nombreux producteurs locaux qui veulent rompre avec la monoculture. – Texte Charlène Raverat

Le pitaya, c’est ce fruit rouge, rose avec ses reflets verts dont la chair pulpeuse est parsemée de petites graines noires. Il nous vient du Mexique et de la Colombie, est grandement apprécié en Asie et se retrouve depuis quelques années sur l’étalage de nos marchés guadeloupéens. C’est un fruit que l’on connait encore très peu, mais qui, par son apport nutritif et son goût savoureux fait l’unanimité du côté des consommateurs.

Récolté à la fin mai, après un processus de pollinisation particulier, ce fruit appartenant à la famille des cactacées apprécie les sols riches, se nourrit de manière organique comme le compost et a besoin d’appuis pour grandir. 

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Une culture nouvelle pour répondre à une crise 

On doit l’arrivée du pitaya à l’agronome Fabrice Lebellec. Nous sommes alors au début des années 2000 et la Réunion produit en nombre ses drôles de fruits sur les versants de l’île. À partir de quelques boutures issues d’une exploitation agricole, il tente d’implanter en Guadeloupe cette nouvelle production issue du cactus et en à peine quelques mois, les résultats sont déjà prometteurs. Plusieurs producteurs et arboriculteurs locaux mis en difficulté, suite au citrus greening, maladie ayant dévasté la production d’agrumes de Guadeloupe, portent un intérêt à ce fruit.

« Alors que nous connaissions une crise majeure des agrumes sur l’île, la culture du pitaya a été l’opportunité de diversifier nos productions et de proposer aux consommateurs locaux, une nouvelle offre. »

« La culture du pitaya en Guadeloupe est très récente. Alors que nous connaissions une crise majeure des agrumes sur l’île, cette nouvelle culture a été l’opportunité de diversifier nos productions et de proposer aux consommateurs locaux, une nouvelle offre », explique Frédéric Bourseau, Président de l’ASSOFWI, association créée en 2003, qui œuvre pour le développement technique de la filière fruitière guadeloupéenne. « Depuis dix ans, nous travaillons dans le but de structurer et de dynamiser la filière fruitière et le pitaya semble un bon moyen d’orientation pour les producteurs. Nous faisons tout pour la promouvoir sur l’île et ainsi permettre une rentabilité à moyen et long terme, pour l’agriculteur. »

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Un fruit idéal pour les Antilles

Riche en fibres et en eau, très pauvre en calorie malgré son goût sucré, le pitaya a conquis les papilles des Guadeloupéens. « C’est un fruit qui a de nombreux bienfaits. Quand on regarde aujourd’hui le phénomène grandissant autour du “mieux manger” chez les consommateurs et le souhait qu’ils ont de développer leurs connaissances autour de la pharmacopée et des plantes médicinales, on peut dire que le marché a de l’avenir. » Une dizaine de producteurs locaux ont d’ailleurs décidé de se lancer dans la filière, mais attention cette culture impose un fort engagement. « On ne se lance pas dans la culture du pitaya sans connaissances. Cultiver le pitaya prend du temps. Il y a beaucoup de technicité, c’est la raison pour laquelle le prix du kilo peut être élevé. » 

« On ne se lance pas dans la culture du pitaya sans connaissances. Cultiver le pitaya prend du temps. Il y a beaucoup de technicité, c’est la raison pour laquelle le prix du kilo peut être élevé. » 

Former à la culture du pitaya

L’ASSOFWI a pour vocation première d’apporter un accompagnement et un encadrement technique à ses producteurs adhérents. Elle propose des formations à destination des professionnels agricoles. « L’agriculture évolue et les acteurs aussi. Les producteurs locaux veulent rompre avec la monoculture et recherchent de nouvelles productions. Nous rencontrons aussi des jeunes agriculteurs passionnés par leur métier qui veulent innover et expérimenter de nouvelles pratiques plus durables pour l’environnement. Nous leur proposons des pistes pour développer la culture du pitaya en Guadeloupe en utilisant des pratiques agroécologiques. »

« Les producteurs locaux veulent rompre avec la monoculture. Nous leur proposons des pistes pour développer la culture du pitaya en Guadeloupe en utilisant des pratiques agroécologiques. »

La culture du pitaya est rentable mais elle peut être contraignante. « Il faut trois ans avant les premières récoltes. Il est certain que sa mise en place est longue et coûteuse et qu’elle demande davantage d’investissement que d’autres fruits mais, dans l’agriculture, il faut savoir être patient car le résultat en vaut souvent le coup ! » 

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