Santé mentale. Nous pouvons tous nous retrouver en situation de détresse psychologique. Sujet tabou ? Et pourtant une formation propose de mieux comprendre et gérer ces moments… – Texte Yva Gelin

Pascal Arnaud est l’un des trois formateurs accrédités en Martinique pour assurer la formation des premiers secours en santé mentale (PSSM). « Je forme des secouristes de santé mentale, c’est-à-dire des personnes en mesure d’approcher avec les bons mots, d’écouter, de réconforter et de conseiller, un individu en détresse psychologique. »

« Je forme des secouristes de santé mentale, capables d’approcher avec les bons mots, d’écouter, de réconforter et de conseiller, un individu en détresse psychologique. »

La genèse des Premiers Secours en Santé Mentale

Le PSSM, s’inspire du Mental Health First Aid australien datant de 2001. Le programme s’étend à la France depuis deux ans via l’association PSSM qui a pour objectif de déstigmatiser les troubles psychiques, tout en familiarisant le grand public aux bons réflexes de comportement et de communication afin que chaque secouriste ait la capacité de participer avec bienveillance au bien-être de son entourage. Au cours des deux jours de formation, sont transmis au futur secouriste « les connaissances de base en lien avec les troubles et les crises en santé mentale ainsi que leur repérage », explique Pascal. Des compétences relationnelles, mais également des réflexes permettant de faire face à des comportements agressifs et enfin acquérir une méthodologie de mise en place d’un plan d’action en cas de besoin de secours immédiat.

La méthode a fait ses preuves dans plus de 25 pays et a provoqué l’augmentation de la bienveillance en milieu professionnel et plus particulièrement chez les jeunes et étudiants.

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Objectif 60 000 secouristes

« Le secouriste en santé mentale n’est pas habilité à établir de diagnostic », précise Pascal. « Il n’est pas un professionnel de santé, mais un préventeur* ». Néanmoins, l’utilité est certaine dans un pays comme la France où la population meurt plus fréquemment de suicide que d’accident de la route. En octobre 2021, les Assises de la santé mentale et psychologique fixait un objectif pour tous les départements de France : celui qu’en 2023, il y ait dans tous les départements de France un total de 60 000 secouristes de santé mentale.

Les formations sont dispensées en distanciel et présentiel pour particuliers et professionnels. La Guadeloupe et la Guyane ne comptent aujourd’hui aucun formateur et Pascal est le seul à dispenser des formations sur ces territoires. « J’ai beaucoup d’interventions prévues en Guyane pour l’année prochaine. Il y a là-bas une problématique supplémentaire qui est celle des déchets chimiques causés par l’orpaillage et qui provoquent des problèmes de santé mentale plus conséquents dans les communes proches du fleuve. »

« Tout le monde est susceptible d’expérimenter des troubles mentaux, cela devient un problème lorsque le trouble empêche l’individu de vivre et de s’épanouir convenablement. »

Stop stigmatisation

« Tout le monde est susceptible d’expérimenter des troubles mentaux tout en vivant très bien avec. Seulement, cela devient un problème lorsque le trouble empêche l’individu de vivre et de s’épanouir convenablement. » En plus des formations, Pascal propose des ateliers de sensibilisation une fois par mois pour présenter les problématiques liées à la santé mentale. « Avec les influences magico-religieuses, tout ce qui touche au mental est souvent vu comme une fatalité et non comme quelque chose qui peut se soigner. Avec les ateliers, mon but est d’apporter une vision plus humaine des troubles psychologiques. »

*spécialiste de la sécurité et de l’amélioration des conditions de travail

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