Jetons au vent les clichés. Tout de suite. Définitivement. Les stéréotypes prêtés aux jolies filles que nos yeux béats d’admiration réduisent à leur silhouette parfaite. Oublions tout ça et regardons ce qu’il y a derrière les paillettes et le sourire que ces Miss et Beautés ne semblent devoir jamais quitter. – Texte Willy Gassion

Enfonçons tout de même des portes ouvertes, Clémence Botino, Miss Guadeloupe 2019, est Guadeloupéenne, pas seulement parce qu’elle est née en Guadeloupe mais aussi et surtout parce qu’elle « fait partie d’une histoire. Être guadeloupéenne, c’est porter une histoire, c’est mon comportement hérité de mes grands-mères et de ma mère, c’est l’éducation qu’elles m’ont inculquée ». 

« Être guadeloupéenne, c’est porter une histoire, c’est mon comportement hérité de mes grands-mères et de ma mère, c’est l’éducation qu’elles m’ont inculquée. »

Dans son histoire qui fait d’elle une guadeloupéenne, il y a les aïeules, mamies Lucienne et Paulette, et la mère. « Mamie Lucienne, c’est la femme telle qu’on l’imagine en Guadeloupe, debout, toujours debout qui jamais ne se plaint. » Mamie Paulette, c’est une autre race de femme « impliquée dans l’associatif, l’entraide et la solidarité, quand on passe la visiter il y a toujours quelque chose de prêt pour nous ». Deux grands-mères à l’amour inquiet qui ne souhaitaient pas voir leur petite-fille se présenter au concours de Miss Guadeloupe. Voilà d’où elle vient, de l’amour de ces trois femmes, et c’est là, en elles, dans leurs entrailles que sont inscrits le lieu et l’acte de naissance de Clémence.

Clémence Botino - Miss Guadeloupe 2019, Miss France 2020

« J’avais la Guadeloupe tatouée sur mon visage  »

Être sacrée plus belle fille de Guadeloupe et de France, ce n’est pas le projet d’une vie. Ce que dure la beauté… « Je voulais juste me faire plaisir en défilant sur une scène, voir si j’en étais capable. »  Ses couronnements, ici et ailleurs, seraient presque un prétexte pour promouvoir ce qui lui semble essentiel, et dont peut-être nous autres n’avons plus conscience. Le privilège qui est le nôtre : « J’ai toujours considéré qu’être née en Guadeloupe était une force. »

La Guadeloupe en étendard, la Guadeloupe que Clémence célèbre même sur ses terres. « À chacun des concours, j’avais la Guadeloupe tatouée sur mon visage, ça me rendait plus forte. Je défendais la Guadeloupe des Aînés, des costumes traditionnels, du métissage, des jeunes guadeloupéens qui font des études et aussi la Guadeloupe de l’art, de la créativité, de l’artisanat et du patrimoine. »

Clémence Botino - Miss Guadeloupe 2019, Miss France 2020

« L’éducation c’est important, j’ai besoin d’être crédible pour continuer à contribuer à l’épanouissement du pays. Je ne veux pas qu’on se souvienne de moi comme Miss France mais comme quelqu’un qui permet à la Guadeloupe de s’élever. »

Plus qu’une Miss

Il est précisément là son engagement, dans la connaissance de notre histoire – « je consomme l’histoire de mon île » et dans la préservation de notre patrimoine. La jeune femme est l’ambassadrice de ce qui fait la fierté du pays. « Le rhum est une de nos richesses, c’est notre terroir, un pan de notre économie, à travers lui je vante le savoir-faire de la Guadeloupe aux niveaux national et international, il y a un vrai potentiel ici qui nous permet de créer et de nous démarquer, transmettons, on a tant à apprendre de nos Ainés. Je ne laisserai pas tomber notre patrimoine. »

Et puisque dire ne suffit pas et puisque la parole est volatile, Clémence s’est inscrite en Master 1 d’Histoire de l’Art à la Sorbonne : « l’éducation c’est important, j’ai besoin d’être crédible pour continuer à contribuer à l’épanouissement du pays. Je ne veux pas qu’on se souvienne de moi comme Miss France mais comme quelqu’un qui permet à la Guadeloupe de s’élever. »

À lire également | Retrouvez tous les portraits de notre Hors Série “Elles font la Guadeloupe”