Son patronyme est devenu accessoire, seul son prénom semble compter. Dites Judith et la Guadeloupe tout entière vous répond en chœur : Judith de RCI. La voilà, sa nouvelle identité tant sa voix depuis près de quarante ans s’est inscrite dans le quotidien des guadeloupéens – Texte Willy Gassion

Aussi étrange que cela puisse paraître, celle dont la voix résonne dans tout le péyi préfère l’ombre à la lumière – « j’aime la discrétion » – et s’accommode d’une popularité qu’elle n’a pas désirée. « Même si je veux passer incognito, ma voix me trahit, c’est à travers elle qu’on me reconnaît, je suis à la radio comme je suis dans la vie, je suis quelqu’un de simple et d’accessible. »

Judith Symphorien - Animatrice RCI Guadeloupe

« J’aime aider les gens, ma voix est à leur service, je respecte l’opinion de tout un chacun, je demande en retour le respect, si les gens avaient plus la notion du respect, on ne serait peut-être pas dans la situation dans laquelle on est. »

« Ma voix est au service des gens »

Son prénom comme une marque que le grand public s’est approprié. Une marque d’affection. Judith de la radio, LEUR Judith. Des confidences d’auditeurs hors antenne, elle apprend les vertus de sa voix qu’elle ignorait jusque-là. Sa voix thérapie. Une voix dans laquelle certains lui confessent avoir trouvé le réconfort dont ils avaient besoin à un certain moment de leur vie. Ce n’est pas un bik a pawol mais ça y ressemble. Les émissions de Judith sont le lieu où s’entendent toutes les opinions, elles doivent être utiles, contribuer au débat public et permettre « de développer le sens critique ».

Tous les après-midis, l’animatrice soumet à la sagacité de ses auditeurs des thèmes de société ou d’actualité. Une expression libre, des confrontations d’idées en français et/ou en créole mais toujours, insiste-t-elle, dans le « respect » des uns et des autres, valeur avec laquelle elle ne transige jamais. « J’aime aider les gens, ma voix est à leur service, dans mes émissions je suscite le bien-vivre ensemble, une des fondations de notre société guadeloupéenne, je respecte l’opinion de tout un chacun, je demande en retour le respect, si les gens avaient plus la notion du respect, on ne serait peut-être pas dans la situation dans laquelle on est. »

« L’engagement c’est la proximité, je pense que tout le monde devrait, d’une manière ou d’une autre, s’engager politiquement, c’est-à-dire veiller les uns sur les autres, accompagner nos enfants, s’impliquer dans la vie de son quartier. »

« Comment ne pas aimer ce pays ! »

Parce qu’elle aime les îles de Guadeloupe, « comment ne pas aimer ce péyi ! je le vois grand », et qu’elle refuse la paresse et l’immobilisme, « je suis en admiration devant les gens qui se battent tous les jours », Judith a décidé de faire sa part. De participer à la vie de la cité avec son enthousiasme et sa volonté d’être utile. Sa voix radiophonique, qu’elle veut toujours bienveillante, devient alors celle d’une citoyenne engagée.

Déjà promue Chevalier de l’Ordre national du Mérite en 2018, Judith est aujourd’hui conseillère municipale à Grand-Bourg de Marie-Galante. « L’engagement c’est la proximité, je suis engagée parce que je me sens proche des gens, je pense que tout le monde devrait, d’une manière ou d’une autre, s’engager politiquement, c’est-à-dire veiller les uns sur les autres, écouter, s’écouter, accompagner nos enfants, s’impliquer dans la vie de son quartier, voilà le sens de mon engagement politique. »

Judith est de toutes les Guadeloupe. Née à Pointe-à-Pitre, son adolescence est marie-galantaise. « Je suis viscéralement attachée à Marie-Galante, quand je quitte l’île, j’ai un truc au ventre que je ne peux pas expliquer, j’ai vécu en France avec mes parents de deux ans jusqu’à mes douze ans puis nous nous sommes installés à Marie-Galante, c’est mon repos, mes repères, ma famille. »

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