L’engagement de Béatrice Bellay prend ses racines dans les années 1990 à Tremblay-en-France en Seine-Saint-Denis. De ses bagarres dans la cour d’école pour défendre sa sœur à son implication au parti socialiste de Martinique, Béatrice a toujours été animée par la volonté de lutter contre les inégalités. – Texte Marie Ozier-Lafontaine

Militante dès l’adolescence, Béatrice Bellay n’a de cesse de revendiquer les mêmes droits pour tous. Elle obtient au collège, avec ses camarades, de nouvelles infrastructures, une meilleure accessibilité et de nouvelles orientations pour le nouveau lycée en construction. Une victoire collective qui la stimule et la persuade que le combat pour de justes causes vaut la peine d’être mené.

Elle s’investit à 100% dans ses rôles de déléguée de classe, d’académie, dans la vie associative à l’université et les maraudes avec le SAMU social à Paris. À 23 ans, étudiante à la Sorbonne, Béatrice adhère au parti socialiste. Ce qui ne l’empêche pas de rêver de devenir tradeuse ! Mais sa courte incursion dans une banque d’affaires aura raison de ce projet. 

« Jeune, fille, noire, J’ai su que je devrais me battre pour réussir. Par les poings parfois, par l’éducation et la connaissance surtout. »

Contribuer à une Martinique plus équitable

Béatrice a gardé de cette époque la certitude qu’elle doit contribuer à construire un monde meilleur, plus équitable, plus solidaire. Quand elle s’installe en Martinique, elle est d’abord heureuse de renouer avec ses racines et découvre la splendeur de son île. « Puis j’ai rapidement été confrontée à ce qui me révolte : la précarité, les dysfonctionnements du service public, le transport défaillant… ».

Présidente d’association, elle s’engage sur le campus, notamment dans l’organisation d’une cérémonie de remise de diplômes pour le DESS Affaires Caribéennes, qui donnera une grande visibilité aux diplômés. Béatrice Bellay, elle, est embauchée par la mairie de Schœlcher. 

À 25 ans, la voilà DRH ! Reconnue pour son travail, elle change de poste tous les 5 ans, multipliant les expériences au sein des institutions du territoire : aux Affaires juridiques de la direction des Transports du Conseil Général, à la direction de la Mobilité de l’Espace Sud. Après une mise au placard de 2 ans à Martinique Transport, elle prend en 2019 la direction des services à la population de l’Espace Sud, où elle a notamment la charge de la promotion des politiques culturelles et sportives, et celle de la restauration scolaire.

« Je suis convaincue que nous avons besoin d’utopie pour avancer, pour créer le monde dans lequel nous voulons vivre. La Martinique de demain se construit aujourd’hui et ensemble ! »

Le monde d’après

Béatrice Bellay n’a jamais oublié son engagement politique. Quand elle rejoint à nouveau le parti socialiste en 2014, la gauche est au pouvoir. Pour elle, c’est le moment de réfléchir au monde d’après, à la Martinique d’après. « Je suis convaincue que nous avons besoin d’utopie pour avancer, pour créer le monde dans lequel nous voulons vivre. La Martinique de demain se construit aujourd’hui et ensemble ! ».

Si Béatrice parle d’utopie, elle n’en est pas moins extrêmement concrète dans son approche. « Il est urgent de mesurer l’efficacité des politiques publiques, de mettre à plat toutes les problématiques qui touchent le territoire, pour trouver de vraies solutions ». 

Les chantiers prioritaires selon elle ? « La liste est longue : le transport, notamment pour les enfants, la cherté scandaleuse de la vie sur l’île, la pauvreté des familles, la solitude de nos aînés, le fort taux d’endettement, les problèmes de logements, l’accès difficile aux soins médicaux, notamment pour la prise en charge des problèmes de fécondité des femmes, qui me touchent personnellement… ».

Aujourd’hui à presque 47 ans, la première secrétaire de la Fédération du parti socialiste en Martinique, secrétaire à l’Égalité réelle, croit en la force de la bienveillance pour faire bouger les choses. « Nous devons réapprendre à prendre soin les uns des autres, pour vivre dans une Martinique plus solidaire ».

« Nous devons réapprendre à prendre soin les uns des autres, pour vivre dans une Martinique plus solidaire. »

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