Kora Bernabé, Femme Kako

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Axelle Dorville

Aussi loin qu’elle s’en souvienne, Kora Bernabé a toujours souhaité travailler dans les domaines de la nature et de l’environnement. – Texte Axelle Dorville

« Cet intérêt remonte sans doute à ma naissance », explique t-elle amusée. Dès ses 4-5 ans, elle passe ainsi un temps incalculable sur le terrain de son grand-père, spécialisé dans l’arboriculture fruitière, l’élevage, ainsi que la production d’écrevisses. « On m’appelait même Rantanplan car je le suivais partout ! Les weekends, quand je n’étais pas en mer avec mon papa, je me levais très tôt pour aller donner à manger aux bêtes de mon papi aux Pitons du Carbet, moi qui n’ai pourtant jamais aimé me lever tôt. Puis quand j’ai eu 10 ans, nous avons déménagé sur le terrain familial. » Et là, ajoute-t-elle avec des étoiles qu’on imagine plein les yeux, « Ça a été un réel bonheur d’y être tout le temps. »

Kora Bernabé, créatrice de l'association Valcaco

Créatrice de filière par passion 

Quelques années plus tard, Kora Bernabé n’a toujours pas délaissé le terrain de son aïeul. Après des études en agronomie tropicale, elle est aujourd’hui agricultrice à mi-temps et c’est le cacao qui occupe une bonne partie de ses projets, en tant que présidente de l’association Valcaco, créée pour relancer la filière cacao locale.

Pour ce faire, un détour par la case Politique aura été nécessaire. « Quand la Région m’a demandé de travailler sur le développement agricole du territoire, je ne m’étais en réalité jamais posé la question, mais je savais que je voulais faire quelque chose qui contribue positivement au territoire » explique t-elle. De cette expérience parfois difficile et épuisante, elle révèle cependant les nombreux aspects positifs : « Je ne dis pas que c’est simple mais je recommanderais l’expérience politique, c’est sûr. Cela permet d’être au cœur de l’action et de pouvoir proposer des choses concrètes, plus adaptées à la réalité que l’on vit au quotidien. » Et au niveau personnel, celle qui se raconte avec une voix pétillante et beaucoup d’humour, ajoute que cette expérience lui a tout autant permis d’en apprendre plus sur son territoire, que de contrôler sa timidité.

« Je ne dis pas que c’est simple mais je recommanderais l’expérience politique. Cela permet d’être au cœur de l’action et de pouvoir proposer des choses concrètes, plus adaptées à la réalité que l’on vit au quotidien. »

Un épiphénomène

De l’enseignement en BTS agricole, de la politique, une activité à l’ONF et aujourd’hui à la distillerie Neisson, des interventions en école en tant que femme qui a poursuivi des études supérieures scientifiques… Le parcours de Kora Bernabé est décidément aussi riche qu’admirable. Elle confesse pourtant : « Je ne m’imaginais pas du tout être là où je suis aujourd’hui. Mon souci est que je n’ai jamais vraiment d’ambition pour moi-même, j’en ai pour mon territoire. Je ne suis qu’un épiphénomène. Ce que l’on peut apporter au collectif, je pense que c’est cela qui est important. »

Une chose est sûre, c’est qu’elle compte bien continuer à œuvrer dans l’activité qui l’a vue naître. « Je suis contente d’être axée sur le développement, l’amélioration du quotidien en faisant avancer les choses au niveau collectif. Je ne suis pas stressée quand je me lève le matin, ni angoissée quand je me couche le soir. Petite, je n’arrivais pas à mettre de nom sur ce que je voulais faire plus tard, aujourd’hui je suis très heureuse des choix que j’ai faits. Aucun regret. »

Son prochain défi : essayer d’avoir également une vie personnelle épanouie, malgré la place que prennent toutes ses activités. Et c’est tout ce qu’on lui souhaite.

« Je ne suis qu’un épiphénomène. Ce que l’on peut apporter au collectif, je pense que c’est cela qui est important. »

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