Un nouveau programme d’échanges va permettre aux jeunes agriculteurs antillo-guyanais de partir en stage étudier les techniques de production dans la Caraïbe. – Texte Yva Gelin

Jusqu’à présent, les jeunes en formation dans le domaine de l’agriculture étaient amenés à réaliser leurs stages en Europe. Un enseignement “hors sol” en quelque sorte car on ne cultive pas systématiquement les mêmes produits aux Antilles qu’en Europe, de même que la différence de climat n’exige pas les mêmes savoir-faire.

« Les connaissances apprises de l’autre côté de l’Atlantique sont certes très intéressantes mais ne sont pas systématiquement adaptées à nos territoires », confirme Frédérique Loumeto-Ipolo, chargée de mission Coopération Internationale du programme REACT et enseignante de zootechnie à Matiti en Guyane. 

« Les élèves ont des stages pratiques annuels à effectuer afin d’adapter les enseignements aux besoins locaux mais aussi enseigner dans le respect de l’environnement. »

Une agriculture commune

À ce jour, chaque établissement d’enseignement agricole peut nouer des liens privilégiés avec d’autres structures dans les territoires caribéens. À l’image du lycée de Matiti qui, dans le cadre du projet régional de l’Enseignement Agricole 2019-2023, a établi au cours des dernières années plusieurs partenariats incluant le Cirad, l’Inra ou encore les universités de Guyane et des Antilles.

« La mission de coopération internationale s’appuie en particulier sur le développement de la mobilité de la communauté éducative, enseignants et élèves, et dans un souci de réciprocité. Les élèves ont ainsi des stages pratiques annuels à effectuer, allant de deux semaines à deux mois. Une immersion qui vise un double objectif », précise Frédérique Loumeto-Ipolo, « adapter les enseignements aux besoins locaux mais aussi enseigner dans le respect de l’environnement ».

Produire autrement avec le programme REACT

À partir de juin, un nouveau programme va permettre d’amplifier et de généraliser cette dynamique à l’échelle de la grande Caraïbe, « via des mobilités entre établissements d’enseignement, entreprises, ONG et organismes de recherche ». Financé par Interreg caraïbe, le Réseau Enseigner l’Agroécologie dans la Caraïbe Transition (REACT) permettra aux élèves des lycées agricoles de Guadeloupe, Guyane et Martinique de partir étudier les techniques des îles voisines, et inversement aux étudiants des territoires caribéens de venir s’enrichir sur nos territoires.

Parmi les établissements bénéficiaires, il est possible de citer le Centre pour le Développement Agricole et Forestier de la République Dominicaine (CEDAF), six universités cubaines, mais également d’Antigua, de Trinidad et Tobago, de Saint-Martin ou encore de la Barbade. De quoi former une nouvelle génération de professionnels, davantage ancrés dans l’écosystème culturel caribéen et mieux armés pour impulser un modèle de production différent, calibré à nos enjeux territoriaux.

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