N’ayons pas peur de le dire : ils l’ont fait ! Les premiers Jeux de la Caraïbe se sont tenus chez nous, en Guadeloupe, du 29 juin au 3 juillet, réunissant 900 athlètes venus de tout l’arc antillais, de Cuba à Trinité-et-Tobago. Un exploit pour les organisateurs, heureux de cette belle énergie. Julien Chipotel, Steeve Bistoquet et Midji Verdol dressent un bilan, à chaud, au lendemain de la cérémonie de clôture. Propos recueillis par Anne-Laure Labenne

« Il faut noter la volonté de la Guadeloupe à recevoir la Caraïbe avec si peu de moyens. Nous avons eu des centaines de volontaires et qui ont pris à cœur leur rôle de co-organiser. »

Que faut-il retenir de ces premiers Jeux de la Caraïbe ?

On ne réalise pas vraiment ce qu’il vient de se passer. Du moins, pas encore. Nous avons eu, tout au long de la préparation de ces Jeux, une part de doute. C’était beaucoup de pression. Nous nous sommes sentis libérés au moment de la cérémonie d’ouverture, on savait qu’on ne pouvait plus reculer. Il nous a fallu assumer de recevoir près de 1000 personnes en Guadeloupe. Un vrai tsunami avec nous trois en face et nos deux stagiaires… Une fois que les délégations sont arrivées, elles nous ont fait sortir de toute cette logistique d’hébergement, de nourriture, de transports, d’accréditation et nous ont rappelés qu’on faisait avant tout un événement sportif. 

Il faut noter la volonté de la Guadeloupe à recevoir la Caraïbe avec si peu de moyens. Nous avons eu des centaines de volontaires et qui ont pris à cœur leur rôle de recevoir les gens et de co-organiser, à nos côtés, ces Jeux. Ils savaient nos difficultés et nous avons travaillé en colonne serrée. Ils ont été la clé. Grâce à eux, nous avons donné le meilleur. 

Quel est l’impact de ces Jeux pour la Guadeloupe ?

La Guadeloupe a porté les Jeux de la Caraïbe. La Guadeloupe a su organiser les Jeux et la Guadeloupe a reçu les Jeux. Nous avons écrit l’histoire. Il ne faut pas prendre de pincettes. La CANOC essayait d’organiser cet événement depuis 2009, sans succès. On l’a fait ! Nous avons organisé un événement comme jamais la Guadeloupe n’avait connu.

Pour les ligues de sport, un tel événement est une occasion de se positionner pour recevoir des événements dans leurs disciplines respectives par la suite. Le netball a, par exemple, une grosse carte à jouer. 

Pendant quatre jours, la Guadeloupe a été vue dans 69 pays en direct. Nous avons prouvé aux autres ligues de la Caraïbe que nous avons une vraie capacité d’accueil.

Il y a aussi des impacts qui ne sont pas palpables, notamment pour les jeunes bénévoles qui ont participé à ces Jeux. Ils ont vu ce qu’est un événement sportif de l’intérieur et cela peut susciter des vocations. Certains peuvent, sans aucun doute, postuler aux Jeux de Paris 2024. 

« On pourrait les refaire, mais avec des conditions très fermes dès le départ, c’est-à-dire, première chose, un budget alloué au fonctionnement et incompressible. »

Si c’était à refaire, quels seraient vos points d’amélioration ?

La charge mentale a été énorme et le rythme est fatigant. Nous avons dû gérer la nourriture, le transport, l’hébergement, la communication, le marketing… Le tout avec zéro budget. C’est le gros point noir de ces Jeux. Quel a été l’intérêt de se mettre au travers du chemin d’un événement qui sert autant la Guadeloupe ? 

On pourrait les refaire, mais avec des conditions très fermes dès le départ, conditions qui sont les mêmes pour tous les grands événements, c’est-à-dire, première chose, un budget alloué au fonctionnement et incompressible. 

Pour que ces Jeux-là se tiennent normalement, il aurait fallu une quinzaine de personnes. Là, nous étions trois, c’est un miracle. Nos process ont été prêts le jour de la cérémonie d’ouverture.

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Cette première édition marque-t-elle le début d’une histoire des Jeux de la Caraïbe ?

Bien sûr ! Ces Jeux, en version réduite des Jeux olympiques, sont prévus pour revenir tous les quatre ans, à N+1 des JO. Deux pays sont en lice. Rendez-vous pris en 2025 ! 

Il nous faut mettre par écrit le manuel des Jeux de la Caraïbe pour aider les prochains pays organisateurs.

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