Elle s’appelle Jussandra Sobreira, elle a 33 ans et elle est danseuse professionnelle et chorégraphe en Guyane. Il y a quelques années, Ewag avait déjà été séduit par  son spectacle « Frida danse » et nous la redécouvrons aujourd’hui à travers ses chansons. 

« Metamorfose ambulante » est le titre d’une chanson très célèbre au Brésil du chanteur Raul Seixas, et aussi, l’une des chansons qui représente le mieux la carrière de Jussandra. À l’image du refrain “Comme un papillon qui ne cesse de se métamorphoser, de se transformer et de changer d’opinion”, Jussandra est une femme qui ne se désempare pas. 

Enfant précoce, la jeune danseuse d’origine brésilienne, se destine très tôt à une carrière d’artiste. Depuis cinq ans, elle enseigne dans plusieurs écoles de danse : Le Coin de la Danse, Touka Danses, et plusieurs autres. Et depuis deux ans, elle chante entourée de Fred Duluc (guitariste et batteur) et Fernando Renau Ferrer (percussionniste). À travers la bossa nova, le forró et la MPB (Musique populaire Brésilienne), le trio, baptisé « Chuvisco » (crachin en brésilien), interprète les chansons de Vanessa da Mata, de Caetano Veloso, de Chico Buarque, de Luiz Gonzaga, de Maria Bethânia…

« C’est le contemporain qui m’a vraiment donné cette liberté de m’exprimer comme je voulais. »

Du Nordeste à Cayenne

Née à Lago do Junco, à Maranhão, elle a commencé la danse à l’âge de six ans. « Deux ans plus tard, j’ai compris que cela serait le métier de ma vie », se rappelle-t-elle. À cette époque, Jussandra commence les cours de classique au Conservatoire de Teresina – Piauí. Mais c’est finalement le contemporain qui l’emporte. « J’aime cette rigueur du classique, et je ne regrette jamais d’avoir fait pendant des années, car ses techniques m’ont été essentielles durant tout mon parcours. Mais c’est le contemporain qui m’a vraiment donné cette liberté de m’exprimer comme je voulais. »

Même avec cette certitude, cette conviction que la danse serait son âme sœur pour toujours, l’artiste découvre durant sa jeunesse d’autres formes d’expression. « Au fur et à mesure que les années passaient, je me rendais compte qu’en plus d’interpréter, je désirais enseigner. Mes idées n’arrêtaient pas de chambouler mon esprit et mon corps, et j’ai fini par commencer à créer mes propres chorégraphies. »

En 2011, elle reçoit une invitation pour un workshop à Paris : « À l’époque, j’ai dû renoncer, car je donnais des cours et je préparais des spectacles. » Mais son histoire avec la France ne s’arrête pas là. Elle connaît, à travers sa passion, son futur mari. « Je l’ai connu à travers la danse, nous avons voyagé au Brésil et nous nous sommes mariés en Guyane. Depuis, la Guyane est devenue ma deuxième maison, ma deuxième famille. Je me sens autant Guyanaise que Brésilienne. »

En juin 2022 à nouveau, elle est remontée sur scène à l’ENCRE avec ses deux spectacles phares. Jussandra Sobreira habite l’espace dans « Frida danse » et dans « La valse de Camille », elle demeure dans un coin en cachette et suit des yeux le duo sur scène, deux femmes qui réincarnent le couple de danseur sculpté par l’artiste Camille Claudel.

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