Encadrement. Du terrain à la Ligue Guadeloupéenne de Football, dont il est président depuis décembre 2017, la passion de Jean Dartron pour le ballon rond est intacte. Son ambition aujourd’hui : développer un nouvel écosystème fondé sur des passerelles entre le monde économique et le football et conquérir de nouveaux licenciés. Texte Claire Jacques

« J’ai l’espoir de voir l’un des jeunes passé par le CERFA, diplômé d’un PhD — soit l’équivalent d’un doctorat — d’une université américaine. Cela voudra dire que nous avons réussi. »

Vous attachez une importance capitale au rôle social et sociétal du football, pourquoi ?

Notre système de détection des talents est très fin et très précoce. Dès l’âge de 11 ans, les jeunes à potentiel sont identifiés. Les meilleurs vont au Pôle espoirs, jusqu’à 15 ans, où ils suivent une formation scolaire solide, tout en ayant une exposition footballistique au niveau national. Tous ambitionnent d’accéder au haut niveau et d’intégrer un centre de formation d’une équipe professionnelle, mais il y a peu d’élus.

Avec la Fédération française de football (FFF), nous avons développé une structure permettant aux jeunes footballeurs, de 15 à 18 ans, d’avoir une seconde chance de pouvoir accéder à leur rêve de devenir footballeur professionnel. Situé au lycée de Baimbridge, le CERFA (Centre élite des régions françaises d’Amérique), accueille aussi des Martiniquais et des Guyanais qui bénéficient d’une préparation sportive de très haut niveau, tout en poursuivant leur scolarité. Nous capitalisons aussi sur notre situation géographique pour effectuer un « déplacement du regard » et développer des passerelles avec les universités nord-américaines.

Les premiers résultats sont encourageants. J’ai l’espoir de voir l’un des jeunes passé par le CERFA, diplômé d’un PhD — soit l’équivalent d’un doctorat — d’une université américaine. Cela voudra dire que nous avons réussi.  

Jean Dartron, président de la Ligue Guadeloupéenne de Football
Jean Dartron, président de la Ligue Guadeloupéenne de Football

« Investir dans la jeunesse et dans le football, via le statut fédéral, c’est assurément un pari gagnant pour l’entreprise. »

Quelles sont les grands enjeux pour une ligue comme la vôtre ?

La double entité de la Ligue Guadeloupéenne de Football – rattachement à la FFF et intégration à la Concacaf (1) – nous oblige à avoir des sélections d’un bon niveau. Alors que certains pourraient prétendre à une place en sélection, les exigences du haut niveau deviennent difficilement supportables pour beaucoup de nos talents locaux, lorsque leur projet de reconversion n’est pas ficelé.

La FFF nous a autorisés à mettre en place le statut de « joueur fédéral » qui permet au joueur d’être salarié du club. Localement, nous y avons ajouté un volet social. Pour les joueurs âgés de 18 à 30 ans, le Département et la Région accompagnent financièrement les clubs éligibles (2), sous réserve que les joueurs soient dans un parcours d’employabilité ou d’insertion professionnelle. Nous comptons sur le tissu entrepreneurial local pour « jouer le jeu ». Il existe aujourd’hui beaucoup de dispositifs gouvernementaux incitatifs (contrat d’apprentissage, contrat de professionnalisation etc.) qui réduisent fortement le coût financier pour l’embauche de ces jeunes. Investir dans la jeunesse et dans le football, via le statut fédéral, c’est assurément un pari gagnant pour l’entreprise. 

« La Ligue souhaite créer prochainement une section sportive féminine dans un lycée, pour permettre aux jeunes filles d’atteindre le haut niveau. »

La covid a affecté les clubs en termes de perte de licenciés, quels sont les objectifs de la Ligue après cette crise ?

Tout d’abord, retrouver très rapidement nos 13 000 licenciés. Nous en avons perdu beaucoup, notamment au niveau féminin. Nous mettons actuellement en place des stratégies pour relancer tout cela. Les actions que nous avons menées, de février à juin, nous donnent espoir. La ferveur du public reste constante et les audiences lors des diffusions en radio ou en télé témoignent de l’intérêt pour le football. Nous allons faire en sorte que d’avantages de jeunes filles et de jeunes garçons se retrouvent sur les terrains. 

La Ligue souhaite créer prochainement une section sportive féminine dans un lycée, pour permettre aux jeunes filles d’atteindre le haut niveau. Enfin, à l’instar de ce que nous avons pu faire avec Vito pour les garçons, nous espérons mettre en place un naming (3) pour notre championnat féminin. C’est un objectif prioritaire pour la Ligue. Nous sommes définitivement convaincus du fort retour sur investissement qu’il y a pour une entreprise, à associer son image au football féminin. 

(1) Compétition réunissant des clubs d’Amérique du Nord, d’Amérique centrale et de la Caraïbe.
(2) Régionale 1 : plus haut niveau de compétition locale
(3) Appellation d’une compétition par le nom d’un sponsor

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Faire revenir les filles au football 

Tour à tour joueuse, arbitre, commissaire de match et éducatrice au sein de l’équipe technique régionale (U14, U15, U17), Danielle Monlouis a consacré toute sa vie au football. Une passion, doublée d’une expérience, qui l’a conduit tout naturellement à accepter la présidence de la Commission régionale de féminisation du football au sein de la Ligue.

Aujourd’hui, elle se bat pour « faire revenir les filles au football ». « En Guadeloupe, le football féminin était un peu délaissé. Mon rôle est de le faire évoluer. Nous avons déjà beaucoup progressé », se réjouit-elle. Une fille a en effet intégré le Pôle féminin de Tours. Quatre autres ont pu être envoyées en stage national à Clairefontaine. Et après immersion, cinq joueuses ont été retenues pour intégrer, en septembre, le Issy-les-Moulineaux FC. « Nous allons continuer le travail. »
L’ambition est de miser sur l’Euro Féminin 2022, en juillet, pour booster la discipline.

En Guadeloupe, un grand rassemblement, avec pas moins de 200 joueuses, est prévu en octobre pour relancer la saison. « Nous allons également inciter les clubs à créer leur école de football féminin. Pour l’heure, il n’y en a que trois qui ont la leur labellisée École féminine de football. Il s’agira aussi de former des éducatrices pour encadrer les jeunes joueuses », complète Danielle Monlouis.

Des tournois féminins de beach soccer et de futsal seront organisés afin de proposer diverses pratiques de la discipline. Autant d’actions qui n’ont d’autres objectifs que d’attirer de nouvelles joueuses et d’augmenter le nombre de licenciées. « J’espère ainsi que certaines de nos filles, formées en Guadeloupe, porteront un jour le maillot de l’équipe de France », ambitionne Danielle Monlouis.

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