Les formations dans l’aéronautique, le spatial, le numérique, l’art, le management et l’orthophonie s’étoffent aux Antilles-Guyane. Démonstration. Texte Anne-Laure Labenne et Yva Gelin

Martinique Ouverture d’un CFA du Numérique

Le premier CFA du numérique en Martinique a ouvert ses portes cette année. Des formations professionnalisantes parmi lesquelles se trouve notamment celle de « concepteur designer interface utilisateur ». Bien connue est la rengaine « le digital est partout » et c’est à un panel bien spécifique des métiers de ce secteur que donne accès cette formation sur deux ans.

Avec une capacité maximale de 20 apprentis par session, ces derniers sont formés à prendre en charge toute « la partie visible d’une interface graphique, comme celle d’un site internet ou d’une application », précise Edouard Tanier, responsable relation entreprises-apprenants. Ce n’est pas à confondre avec le Design d’expérience. Le « concepteur designer interface utilisateur » met graphiquement tout en place pour que, sur un site d’achat par exemple, la vente soit validée.

Dans la liste des métiers sur lesquels débouche cette formation on retrouve chef de projet digital, chargé de communication digitale, web marketer, web designer, mais également certaines missions du community manager. « Jusqu’à présent la formation a du succès et il se pourrait que l’on ouvre une autre session avant la fin de l’année. Mais j’insiste sur le conditionnel car nous tenons à rester cohérents avec le marché du travail. »

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Martinique Se former aux métiers du ciel 

Marie-Claude Valide, ancienne pilote de ligne, a ouvert, à la suite du confinement en février 2022, le Centre de formation d’apprentis Ciel Outre-mer (CFA CIOM). Selon les explications de la fondatrice du CFA, certains postes du milieu de l’aéronautique sont depuis longtemps en pénurie. Avec la crise sanitaire beaucoup de compagnies ont licencié mais avec la reprise du trafic aérien sont aujourd’hui prêtes à recruter. Le secteur est donc en demande !

« Avant d’entamer une formation, les jeunes seront envoyés au RSMA pour une formation de chef d’équipe de 5 mois. »

Les quatre formations dispensées au CFA CIOM nécessitent de la « rigueur, de la discipline mais aussi de la tolérance », explique Marie-Claude Valide. « C’est pour cela qu’avant d’entamer une formation, les jeunes seront envoyés au RSMA pour une formation de chef d’équipe de 5 mois. »

Chaque formation est accessible après obtention du bac, de préférence scientifique à partir de 18 ans, avec une capacité d’accueil de 15 élèves. La formation de Personnel Navigant Commercial (PNC) s’effectue sur une année, les trois autres qui devraient débuter à la rentrée prochaine, à savoir mécanicien en aéronautique, électromécanicien en aéronautique, et pilote de ligne, se déroulent elles, sur trois années.

À noter que lors de la formation de pilote de ligne, les apprenants suivent automatiquement la formation de mécanicien aéronautique. « En couplant ces deux formations, vous pouvez être sûrs que les jeunes trouveront du travail tout de suite. » Dernier plus : certains cours théoriques sont entièrement dispensés en anglais. 

Illustration Orane Phédon

Guyane Bac pro option lanceur de fusée

Dans trois ans, la commune de Macouria inaugurera un lycée principalement orienté vers le spatial et l’aéronautique. En attendant, le lycée Jean-Marie Michotte de Cayenne propose, dès septembre 2022, un Bac pro aéronautique option lanceur de fusée. Choisis sur dossier, les six élèves sélectionnés seront mélangés pour les enseignements de tronc commun à la filière Bac pro automobile pour ensuite, lors des travaux pratiques, être en lien direct avec leur spécialité en alternant avec la base spatiale de Kourou et un aéro-club.

« Nous avons un vivier de six entreprises comme Ariane Groupe et Air Guyane qui se sont engagés à prendre nos jeunes en contrat d’apprentissage. »

« C’est un cursus exigeant », précise le directeur du lycée, Vincent Martin. Les élèves sont récupérés à partir de la seconde et bénéficient d’un contrat d’apprentissage. « Nous avons un vivier de six entreprises comme Ariane Groupe et Air Guyane qui se sont engagés à prendre nos jeunes en contrat d’apprentissage. »

À la réception des différents dossiers, une dizaine sont sélectionnés et envoyés aux entreprises qui sélectionnent le profil qui les intéresse. « Nous avons reçu des dossiers de candidats qui ont déjà obtenu le bac. Ceux-là seront exemptés des matières de tronc commun mais bénéficieront d’un renforcement en anglais. Ce n’est pas une filière choisie au hasard, les jeunes sont motivés et l’offre d’emplois locaux est réelle, car jusqu’à présent le territoire va chercher les compétences en France. »

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Guyane Appréhender les métiers de l’art et de la culture

L’association Pôle Ressource Guyane a à cœur de mettre en place une formation de trois ans pour que les spécificités des métiers de l’art et de la culture en Guyane soient mieux comprises. Alice Fabre, directrice de l’association, explique : « Les métiers de l’art et de la culture sont un secteur économique complexe, en particulier en Guyane. Pour en tirer profit et que le secteur se développe aussi bien à l’échelle locale que nationale voire internationale, il faut que les professionnels montent en compétences ».

En attendant de pouvoir mettre en place cette formation qui apprendrait des métiers tels que chargée de production ou de diffusion, l’association a mis en place cette année une quinzaine de modules. Réservés aux porteurs de projets ainsi qu’à ceux souhaitant se professionnaliser, ces modules d’une journée se composent d’une partie théorique et d’une partie pratique. Les modules accueillent une dizaine de personnes et se focalisent sur des thématiques telles que « savoir lire un appel projet », « rédiger une note d’intention », « environnement juridique et social du secteur artistique ». Des modules pensés en amont en fonction de l’analyse des besoins du territoire.

« L’offre de formation est sous-dimensionnée sur le 3e cycle aux Antilles… Il nous parait fondamental de former les jeunes sur leur territoire pour éviter “la fuite des cerveaux”. »

Guadeloupe L’IAE de Caen se délocalise à Pointe-à-Pitre

L’école universitaire de management ouvrira, le lundi 19 septembre, son pôle Management dans les locaux du centre de formation Cifab-ASFO, à Pointe-à-Pitre. C’est pour répondre à une véritable demande que l’IAE a décidé d’étendre son rayonnement à l’Outre-mer. « L’offre de formation est sous-dimensionnée sur le 3e cycle aux Antilles… Il nous parait fondamental de former les jeunes sur leur territoire pour éviter “la fuite des cerveaux” », explique Franck Biétry, maître de conférences à l’IAE et à l’initiative du projet. L’objectif de ce master est de former des cadres dans le domaine du développement international des entreprises (PME ou PMI).

Le master management, créé il y a 20 ans, sera accessible aux candidats déjà titulaires d’une licence. La formation, délivrée dans le cadre de l’alternance, s’effectuera sur 2 ans à raison de deux semestres, de 200 heures de cours chacun, par an. « Les PME et TPE de Guadeloupe pourront s’appuyer sur des compétences locales, notamment sur les questions d’import-export et de droit de douane  », ajoute Franck Biétry, en précisant que 30 % des enseignements seront dispensés par les professeurs de l’IAE de Caen.

Illustration orthophoniste (Orane Phédon)

Guadeloupe Le Certificat de capacité d’orthophonie dispensé à l’université

La formation conduisant au Certificat de capacité d’orthophoniste sera dispensée dès septembre par l’Université des Antilles (au sein de la faculté de médecine) et conférera le grade de master. Alliant cours théoriques, formation à la pratique clinique (stages) et formation en recherche, l’enseignement a pour objectif de former des orthophonistes sur nos territoires, largement en sous-effectif par rapport aux besoins. « Notre discipline est transversale et regroupe une prise en charge des patients de tout âge : du petit trouble du langage chez un enfant à un grand trouble de la voix chez un adulte ou une rééducation suite à un AVC », explique Suzy Duflo, directrice de la formation, qui porte ce projet depuis une dizaine d’années.

« Quand on sait que les délais d’attente pour une prise en charge sont entre six mois et un an, nous espérons que les jeunes formés sur nos territoires s’y installeront. »

Via Parcoursup, les candidats ont eu jusqu’au 29 mars dernier pour s’inscrire. « Nous avons reçu 328 demandes. Nous en avons sélectionné la moitié pour les oraux. Seuls 15 candidats seront retenus », détaille-t-elle. Objectif clairement affiché : promouvoir la profession et donner l’accès à cette formation – accréditée par le Ministère – aux jeunes antillais. « Quand on sait que les délais d’attente pour une prise en charge sont entre six mois et un an, nous espérons que les jeunes formés sur nos territoires s’y installeront. »

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