En Guadeloupe, l’aide de la famille essentielle sans sponsor

Thomas Debierre, surfeur guadeloupéen sponsorisé par Sooruz
Le surfeur guadeloupéen Thomas Debierre est sponsorisé par la marque Sooruz

Il a fallu beaucoup de patience et de persévérance au jeune Thomas Debierre pour décrocher son premier, et à ce jour unique, contrat de sponsoring. Né à Pointe-à-Pitre, Thomas débute le surf à l’âge de quatre ans. Ses victoires sur les compétitions locales lui ouvrent les portes de l’équipe de France junior 10 ans plus tard.

« J’ai été sacré champion de France à 16 ans, c’est à partir de ce moment-là que j’ai pu compter sur l’aide financière de Sooruz. Mais pendant quatre ans auparavant, tous mes déplacements et mes équipements étaient à la charge de ma famille. C’est un gros sacrifice financier et sans elle je n’aurais pas pu y arriver », raconte Thomas, 21 ans aujourd’hui. « L’insularité n’est pas à notre avantage. L’éloignement géographique de la Guadeloupe pèse dans un budget car le billet d’avion est la principale source de dépense. De plus, les principaux sponsors sont en France et quand on vient des Antilles, on est beaucoup moins reconnus. »

« L’éloignement géographique pèse dans un budget. De plus, les principaux sponsors sont en France et quand on vient des Antilles, on est beaucoup moins reconnus. »

Désormais en partenariat financier avec Sooruz, Thomas se voit allouer une aide comprise entre 30 et 40 000 euros. Mais sa qualification, cette année, sur le circuit international professionnel l’amène aux quatre coins de la planète : Portugal, Australie, Afrique du Sud… Un coût très conséquent, en plus des logements, assurances et inscriptions sur chaque compétition. « Je travaille en restauration l’été et je passe mon diplôme de professeur de surf pour essayer de me faire des sous. Cela me préoccupe mais je reste centré sur mes objectifs. Je souhaite faire partie des meilleurs pour avoir des opportunités de contrats. »

Le Guadeloupéen, présélectionné pour les Jeux de Paris 2024, ne cache pas son ambition de développer des partenariats avec des acteurs locaux, « entreprises ou institutions qui souhaitent être associées à l’image d’un sport olympique ».

En Guyane, le sponsoring est « la seule aide concrète qui fonctionne »

Aurélie Le Vern, championne de jiu-jitsu brésilien
Championne de jiu-jitsu brésilien, Aurélie Le Vern bénéficie du soutien financier de l’entreprise SODIM Guyane

Aurélie Le Vern pratique le jiu-jitsu brésilien depuis 2017, un an après être arrivée en Guyane. Une carrière où les victoires s’enchaînent mais qui n’aurait pas été la même sans son premier sponsor en 2019. « J’ai commencé au club Six Blades. Mon senseï (maître, en japonais) Tyron Gonsalves était déjà athlète professionnel et dès ma ceinture blanche, j’ai suivi les entraînements de la classe compétition », explique la professeure d’EPS du collège Gérard Holder de Cayenne. C’est à partir de 2018 qu’Aurélie commence les compétitions. En 2020, elle est sacrée championne aux Championnats panaméricains, d’Europe et du monde. 

« Nous développons d’autres projets dans lesquels les sponsors se retrouvent. Nous avons tous la même volonté de faire avancer le territoire. »

Son premier sponsor fait son entrée dans sa carrière en 2019. Pascal Rault, directeur de SODIM Guyane, « a tout de suite vu l’investissement qu’on avait dans la compétition. C’est quelqu’un de très compétitif dont l’entreprise, tout comme notre discipline, est en pleine expansion. C’est le premier à m’avoir fait confiance, alors que je n’étais que ceinture blanche. Sans sponsor, rien de tout ce que j’ai fait n’aurait été possible. La Guyane n’est pas très bien desservie et le moindre déplacement peut coûter très cher. Mais ce n’est que du sponsoring privé, c’est la seule aide concrète qui fonctionne. Cela fait cinq ans que je fais, chaque année, des dossiers à la CTG, par exemple, en mettant en avant différents projets… Comme le fait que j’organise aussi des compétitions localement mais je n’ai jamais eu de retour ».

En dehors des partenariats qui l’unissent avec ses quatre autres sponsors, Aurélie, agrégée de l’Éducation nationale, organise des formations en entreprise de développement personnel et gestion de la violence. « Nous développons d’autres projets dans lesquels les sponsors se retrouvent. Nous avons tous la même volonté de faire avancer le territoire. »

En Martinique, Brasserie Lorraine et Yole Net 2000 : une relation qui dure

La Yole Net 2000, sponsorisée par Brasserie Lorraine
Depuis plus de 60 ans, Brasserie Lorraine accompagne financièrement la Yole Net 2000.

Expliquez-nous les contours de ce partenariat le plus ancien du monde de la yole… 

Dominique Bastol, chargé de communication de Yole Net 2000 : C’est un partenariat qui dure depuis plus de 60 ans. Le groupe s’investit sur les réseaux, les dimanches de compétition… Ce n’est pas juste un chèque à la fin de l’année. Ils nous ont suivis pas à pas et le partenariat n’a jamais baissé. Il y a même eu une période où Brasserie Lorraine prenait en charge 100 % du budget. En général, un budget yole est compris entre 70 et 100 000 euros, en fonction de l’association. Aujourd’hui, le sponsoring à 100 % est plus compliqué car les coûts de fonctionnement sont de plus en plus élevés et, pour rester au niveau, il faut toujours avoir une structure performante. 

« Ce partenariat nous sécurise. On arrive à se projeter d’une année à l’autre en se disant qu’on est sûr qu’on pourra investir dans du matériel. »

Quel avantage représente ce partenariat pour l’association ? 

Il nous sécurise. On arrive à se projeter d’une année à l’autre en se disant qu’on est sûr que la brasserie est là et qu’on pourra investir dans du matériel. Avec les années et les liens que nous avons tissés, on arrive à avoir une certaine souplesse dans le fonctionnement. 

Quelles sont vos valeurs communes ? 

Brasserie Lorraine est une entreprise qui a toujours souhaité aller de l’avant. Ce sont des gens qui ne baissent pas les bras et qui portent haut les couleurs de l’entreprise. Ce partenariat est tellement ancré chez Yole Net 2000 que la brasserie fait partie de nous. On n’a jamais eu de raison d’être en désaccord, on a toujours cherché à valoriser l’image de l’entreprise. Pour preuve, l’an dernier, alors que nous étions en période de covid et qu’il n’y avait pas de compétition, on s’est lancé un défi qui était de faire un tour de la Martinique sans escale. Alors oui, il est vrai, c’est une marque d’alcool mais ce n’est pas le produit qui est sur la voile, c’est l’entreprise.

À noter : Le partenariat avec Brasserie Lorraine a exceptionnellement été suspendu jusqu’au mois de novembre 2022 pour cause du redressement judiciaire de l’entreprise. (NDLR) 

À lire également | Yoles : des entreprises engagées témoignent…