Entreprise emblématique du tissu économique du BTP Guyanais, NOFRAYANE participe depuis 40 ans au développement du territoire à travers la réalisation d’ouvrages de construction d’envergure, tout en plaçant l’Homme au cœur de ses préoccupations. Rencontre avec Olivier Mantez, Président de Nofrayane. (Texte Sandrine Chopot)

Il y a « un avant » et « un après » 2004, date du rachat de Nofrayane par VINCI Construction. Quel bilan dressez-vous de ces 40 années ? 

Olivier Mantez, président de Nofrayane : 40 ans, c’est une longue période à l’échelle d’une société de BTP en Guyane. L’entreprise a connu plusieurs phases. En 1982, à la demande du centre spatial, Nord France (*) intervenait pour la première fois en Guyane dans le cadre de la réalisation de logements à Kourou. L’entreprise était déjà présente en Martinique et à Saint-Martin et avait déjà une expertise reconnue dans la construction. En 1986, nos bureaux ont déménagé de Kourou à Cayenne (Matoury), cœur économique du territoire. Dans les années 1988, Nofrayane a connu un très fort développement lié à la réalisation de grands projets de construction (collèges, lycées, équipements publics, Ariane V, Barrage de Petit-Saut). 

1993 est une année de crise financière importante en Guyane. De par sa résistance, son intégration dans le milieu économique guyanais, l’entreprise a pu continuer son activité, notamment grâce au Centre spatial et aux Collectivités locales. Nofrayane est devenue au fil des années « une référence » dans le domaine de la construction. Nous avons réalisé beaucoup d’ouvrages importants. Le 21 avril 2004, Nofrayane a été reprise par VINCI Construction. Aujourd’hui, nous faisons partie du pôle DOM-TOM de VINCI Construction. Grâce à notre implication dans le tissu économique, la confiance de nos clients, la société poursuit un fort développement. L’entreprise participe à la construction de la Guyane d’aujourd’hui et de demain et n’a de cesse d’évoluer pour répondre aux besoins du territoire. 

« De la fusée au lycée de Maripasoula, nous réalisons des projets qui répondent aux besoins de tout le territoire ».

Quels sont pour vous les projets de construction emblématiques qui ont marqué ces 40 années ? 

J’ai plusieurs coups de cœur. La construction de bâtiments administratifs importants : la CCI (place des Palmistes), la Caisse de Sécurité sociale de la Guyane, les bâtiments de l’université de Guyane, les grands bâtiments du centre spatial dont la salle de contrôle Jupiter II, le B.A.F (bâtiment assemblage final). La construction du premier lycée à Mana, les piscines de Mana et Sinnamary, les gendarmeries de Saint-Laurent du Maroni et d’Apatou, l’hôtel du fleuve à Sinnamary, trois équipements hospitaliers (Hôpital de Cayenne, Kourou et Saint-Laurent). À souligner également deux chantiers spécifiques : le premier lycée en site isolé à Maripasoula et la Maison des Cultures et des Mémoires de la Guyane sur le site de Remire-Montjoly. C’est un projet lourd de sens ! De la fusée au lycée de Maripasoula, notre grande diversité, notre flexibilité, notre capacité d’adaptation, nous permettent de réaliser une palette de projets répondant aux besoins de tout le territoire.

Maison des Cultures et des Mémoires de Guyane, réalisée par Nofrayane
Le bâtiment de la Maison des Cultures et des Mémoires de la Guyane (Photo Mathieu Delmer)

Comment s’organise votre activité en Guyane ? 

Nous avons deux activités. Pour ce qui concerne les projets de construction, nous répondons à des appels d’offres dont 70 % sont publics. Par ailleurs, en tant que promoteur-constructeur, nous proposons également des programmes immobiliers en VEFA (vente en l’état futur d’achèvement, ndlr) pour les bailleurs sociaux et des partenaires privés. C’est la filiale SODIM Guyane qui porte notre promotion immobilière en Guyane. Leurs bureaux sont installés à côté de notre siège social à Matoury. L’immobilier représente environ 40 % de notre activité.

« Le marché du BTP est dynamique car lié à l’évolution démographique importante de la Guyane. Il faut soigner, scolariser et loger les habitants. »

Comment se porte le marché de la construction ? 

Le marché du BTP est dynamique car lié à l’évolution démographique importante de la Guyane. Il faut soigner, scolariser et loger les habitants. Nous nous heurtons cependant à deux freins très importants. D’une part, le manque de foncier aménagé et d’autre part, le coût des matériaux de construction, notamment le bois, dont le prix est très élevé.   

« Nous avons un enjeu majeur maintenant à relever qui est de remplacer les anciens, premiers salariés de l’entreprise qui arrivent en fin de carrière. »

Qui sont les Hommes de Nofrayane ? 

Dans les années 1982-1990, l’entreprise a fait venir des personnes de l’extérieur, notamment du personnel ouvrier des Antilles car la Guyane manquait de main-d’œuvre qualifiée. Depuis, nous avons lancé des actions de formation, notamment avec le RSMA, qui se charge de présélectionner des jeunes que nous accueillons ensuite en insertion professionnelle à travers le GEIQ BTP Guyane (Groupement d’employeurs pour l’insertion et la qualification dans le bâtiment et les travaux publics en Guyane). Ce système fonctionne très bien et il nous permet de résoudre les problématiques de recrutement et d’améliorer l’attractivité des métiers du BTP. À Saint-Laurent du Maroni, 50 % de nos effectifs sortent de cette filière. Nous avons un enjeu majeur maintenant à relever qui est de remplacer les anciens premiers salariés de l’entreprise qui arrivent en fin de carrière (dont d’ailleurs bientôt aussi, le Président), par des jeunes formés, qui vont assurer la pérennité de l’entreprise. 

Chantier de Nofrayane
(Photo Christophe Coipel, salarié Nofrayane)

Quelle est la place des femmes ? 

Si le BTP reste un secteur d’activité essentiellement masculin, car c’est un métier très physique, il s’ouvre petit à petit aux femmes sur des fonctions spécifiques. Nous avons une grutière et une cheffe d’équipe béton. Il y a également une forte mobilisation des femmes dans les postes d’encadrement, de type conducteur de travaux, ingénieure travaux. Notre politique RH est de faire monter en compétences l’ensemble de nos collaborateurs via des formations internes. Au-delà d’être un homme ou une femme, avoir des qualités humaines est essentiel pour réussir à manager une équipe.

« Notre participation à l’évolution environnementale du monde est essentielle. Notre activité devra s’adapter et être moteur du changement. »

En ce 40e anniversaire, quel message souhaitez-vous adresser à vos clients et collaborateurs ? 

Je souhaite remercier l’ensemble de nos clients pour leur reconnaissance et leur confiance depuis toutes ces années. À mes salariés, sans eux aucun projet n’aurait pu sortir de terre. Ils sont au cœur du système, ce sont EUX qui font l’entreprise. Moi, je ne suis que l’animateur de tout cela. Pour rependre la devise de l’entreprise et citation de Jean Bodin : « Il n’est de richesse que d’hommes » ! Par ailleurs, notre participation à l’évolution environnementale du monde est essentielle. Notre activité devra s’adapter et être moteur du changement. Enfin, je tiens à saluer deux hommes en particulier : Jean-Pierre Bontoux, ancien officier légionnaire, directeur de Nofrayane de 1988 à 1991 qui a impulsé un fort développement dans les années 1988-1990 ; et Bernard Lenfant, président de Nofrayane de 2004 à 2011 qui a procédé au rachat de Nofrayane en 2004, en tant que président de Vinci Construction DOM-TOM. Tous deux ont contribué à initier un fort rayonnement de Nofrayane en Guyane et ont su mettre en valeur les compétences du personnel de l’entreprise.

Acteur majeur 
• 5 agences Nofrayane implantées sur le territoire : Matoury (siège social), Saint-Laurent du Maroni, Kourou, Maripasoula et Sinnamary
• 144 salariés et jusqu’à 250 en prenant en compte les contrats de chantier
• Sur l’année 2021, un chiffre d’affaires de 48 M€
• 1,5 milliards de travaux réalisés en Guyane en 40 ans

D’où vient le nom Nofrayane ?

Nord France était une PME implantée à Lille après la 1ère Guerre mondiale pour la reconstruction et qui s’est développée dans les années 75 aux Antilles. Créée en 1982, la première agence Nord France Guyane s’est installée à Kourou dans le cadre de la réalisation de logements Oulapa pour la SIMKO. « La CCI de Guyane avait lancé un appel d’offres et le président de l’époque feu Jean-Pierre Prévot avait déclaré que le marché ne serait attribué qu’à une entreprise de Guyane. On a donc condensé le nom en Nofrayane ! »

Nofrayane
Lieu-dit Parc d’activités Parkway
9, rue Yayamadou CS 21106 – 97351 Matoury
0594 29 85 36 
www.nofrayane.fr