Attractivité. 88 internes en médecine, répartis dans les hôpitaux, au sein de l’ARS Guyane ou dans les cabinets libéraux, ont rejoint le territoire en mai 2022 pour un semestre. Une expérience unique dont la typicité des missions est formatrice sur le plan professionnel et personnel. Rencontre avec Sarah Morinet et Yann Lambert, internes à l’ARS-Guyane. (Texte Sandrine Chopot, Photo Jody Amiet)

« Une expérience unique », pour Sarah Morinet, interne en 4e année de médecine

Sarah Morinet est interne en 4e année de médecine, spécialité Santé publique, à l’Assistance Publique des Hôpitaux de Paris (AP-HP). 

Pour quelles raisons avez-vous choisi la santé publique ? 

Parisienne, je poursuis ma formation à l’AP-HP – Assistance Publique – Hôpitaux de Paris – au CHU (centre hospitalier universitaire) d’Île-de-France. J’ai choisi la spécialité Santé publique en 2018 lors de l’examen national classant. Pendant toutes les années d’externat, j’avais la tête dans le guidon. J’avais besoin d’ouverture. La santé publique représente un champ d’actions où on retrouve l’épidémiologie, la promotion de la santé, la gestion des risques et de la sécurité des soins, les politiques de santé, ou encore, la recherche.  

« D’une part, je n’avais pas d’expérience au sein d’une institution régionale et d’autre part, je souhaitais me former aux enjeux de santé publique d’un territoire d’Outre-Mer. »

Comment avez-vous choisi l’ARS-Guyane pour votre internat ?

Un poste de médecin de santé publique sur les thématiques santé mentale et maladies chroniques était vacant, je suis arrivée en novembre 2021 pour un semestre que j’ai renouvelé en mai 2022. J’ai choisi l’ARS de Guyane pour ma 4e année d’internat pour deux raisons principales : d’une part, je n’avais pas d’expérience au sein d’une institution régionale et d’autre part, je souhaitais me former aux enjeux de santé publique d’un territoire d’Outre-Mer. 

Que retirez-vous de cette expérience ? 

J’ai eu pour mission d’élaborer la feuille de route régionale en faveur de la lutte contre le cancer pour la période 2022-2025. J’ai été en contact direct avec les médecins hospitaliers et libéraux, les directeurs des centres hospitaliers, les associations du territoire, le CRCDC (centre régional de coordination des dépistages des cancers) et le réseau régional de cancérologie. Je me suis déplacée dans les communes de l’intérieur. J’ai également préparé et accompagné la mission exploratoire du Pôle national du 3114 (numéro national de prévention du suicide ouvert depuis le 1er octobre 2021) pour définir la mise en place du numéro sur l’ensemble du territoire. 

L’accès aux soins est complètement différent de l’Hexagone. J’ai été confrontée à des problèmes que je ne connaissais pas. Ce stage m’a permis de gagner en autonomie. Enfin, sur le plan personnel, j’ai appris l’humilité. Je tiens à remercier l’ARS de Guyane de m’avoir offert cette belle opportunité mais aussi l’ensemble des acteurs, la population guyanaise pour son soutien. C’est une expérience unique ! 

Vos perspectives pour l’avenir ? 

Je rentre à Paris pour effectuer un stage de six mois au bureau international, Europe et Outre-Mer à la Direction générale de l’offre de soins (DGOS) au ministère chargé de la santé. Je tiens à conserver le lien avec l’Outre-Mer et c’est grâce à mon expérience en Guyane que ma candidature a été retenue !  

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« Un plaidoyer de santé publique doit s’appuyer sur les populations » selon Yann Lambert, interne en dernière année

Yann Lambert est interne en dernière année, rattaché à la faculté de médecine Antilles-Guyane.

Pourquoi la Guyane ? 

Je venais de terminer mon externat à Toulouse. J’étais attiré par la médecine tropicale. L’externat, essentiellement consacré à la médecine clinique, ne nous donne aucune idée de ce que représente le domaine de la santé publique. C’était un défi de choisir la Guyane et la spécialité santé publique, un moyen de découvrir les enjeux d’un territoire différent des Antilles et de l’Hexagone.

« Il me manquait une expérience dans un organisme institutionnel pour comprendre le versant politique de la santé publique. L’ARS Guyane m’a offert cette opportunité. »

L’ARS Guyane, une opportunité ? 

Mon parcours d’internat est focalisé sur la recherche appliquée en santé publique, sur son versant épidémiologique. J’ai participé pendant cinq ans au projet de recherche « Malakit » visant à lutter contre le paludisme dans la population des orpailleurs. Ce projet, qui est ensuite devenu le sujet de ma thèse de science, m’a permis de découvrir le territoire guyanais et les pays voisins. Mais il me manquait une expérience dans un organisme institutionnel pour comprendre le versant politique de la santé publique. L’ARS Guyane m’a offert cette opportunité.

Quelle était votre mission en tant qu’interne ? 

J’ai apporté mes compétences à l’équipe de coordination de « la StraMéLo », une stratégie interministérielle lancée en 2021 par l’ARS, la Préfecture et la Collectivité Territoriale de Guyane, pour lutter contre les intoxications aux métaux lourds : en priorité le mercure et le plomb (saturnisme). Les populations vivant sur le Maroni et l’Oyapock sont les premières concernées, les enfants et les femmes enceintes sont les populations les plus à risque. Un des objectifs de la StraMéLo est de mieux caractériser les sources d’exposition au plomb pour nourrir les actions locales de prévention, et en parallèle de mener une réflexion autour du dépistage des cas de saturnisme pour proposer une prise en charge et un suivi adapté. Aujourd’hui, même si des investigations environnementales sont menées, on ne connaît pas toujours les sources d’intoxication.

Que retirez-vous de cette expérience ? 

La lutte contre les intoxications au plomb et au mercure nécessite une implication et une participation collective de l’ensemble des acteurs hospitaliers et médico-sociaux, de la recherche, des représentants politiques et coutumiers. Mais surtout, un plaidoyer politique sur un sujet de santé publique doit s’appuyer sur les populations concernées. La démarche participative est un volet que l’on développe au sein de la StraMéLo : pour être pertinente et efficace, la promotion de la santé ne peut pas se faire sans une intégration pleine et entière des populations. 

Un message ? 

Bonne chance ! Nous avons d’importants défis techniques et humains à relever sur le territoire pour protéger et améliorer notre santé.

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