Ressources naturelles. Un temps boudée par le consommateur, Karuline, mise en bouteille localement, a de quoi être fière. Irréprochable en termes de qualité, elle s’est érigée, ces dernières années, en véritable rempart contre la crise de l’eau. Rencontre avec les dirigeants de West Indies Pack, Rodolphe et Didier Payen. (Texte Lia Mancora, Photo Lou Denim)

Rodolphe Payen, directeur West Indies Pack, producteur de l'eau Karuline (Guadeloupe)
Rodolphe Payen, directeur West Indies Pack.

Lancée en 2009, Karuline est la plus jeune des eaux de Guadeloupe. Quelle est son histoire ? 

Didier Payen, président : West Indies Pack a commencé en 1998 en produisant, dans notre usine de Petit-Bourg, des sodas et des boissons sucrées. En 2007, nous lancions Akwa. Qualifiée de « boisson enrichie en sels minéraux », cette eau n’a finalement pas été validée par les autorités sanitaires. Deux ans plus tard, nous obtenions le feu vert avec Karuline, une eau « rendue potable par traitements » et sans ajout de sels minéraux. Les premières bouteilles sont commercialisées en août 2009, mais la marque a réellement décollé en 2013 grâce à de nouvelles installations (traitements et ligne d’embouteillage modernisés et automatisés). Nous pouvons ainsi produire en plus grande quantité une eau d’une qualité irréprochable. 

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L’appellation « Eau rendue potable par traitements » a été longtemps difficile à porter ? 

Didier Payen : Il a fallu être persuasif avec le consommateur pour qu’il accepte cette idée. Mais les événements récents, notamment les problèmes de pollution des sols, nous donnent finalement raison. Aujourd’hui, boire une eau traitée est considéré comme rassurant. Nos ventes sont d’ailleurs en progression constante. Encore 6 % en 2022 ! Actuellement, nous produisons 300 palettes de 1,5 l par jour, soit plus de 150 000 bouteilles. Résultat : l’importation des eaux embouteillées est en net recul, une bonne chose pour la planète ! 

« Après Fiona, nous avons été réquisitionnés par la préfecture pour répondre aux besoins de la Grande-Terre et compenser les difficultés de la Basse-Terre. »

Quels sont les avantages à produire localement de l’eau en bouteille ?

Rodolphe Payen, directeur : La matière première principale, l’eau, est locale. Le volume des autres matières premières importées est réduit d’au moins 20 par rapport au produit fini, réduisant de ce fait l’empreinte CO2. Être sur place permet aussi d’être réactif et efficace en cas de crise. Lors du passage du cyclone Irma, nous avons été les seuls à pouvoir fournir Saint-Martin massivement et rapidement. Après Fiona, nous avons été réquisitionnés par la préfecture pour répondre aux besoins de la Grande-Terre et compenser les difficultés de la Basse-Terre. Notre entreprise génère également de l’emploi. À l’usine, nous comptons une vingtaine de salariés, dont neuf intérimaires. Nous formons, en interne, de nombreux jeunes. 

« L’institut Pasteur contrôle la qualité de Karulibe au moins tous les 15 jours et l’Agence régionale de santé (ARS), de manière inopinée, tous les mois. »

Quel est le process qui garantit à Karuline d’être une eau exempte de toute pollution chimique et bactériologique ? 

Didier Payen : L’eau de Karuline n’est pas une eau de source. Elle est captée en rivière par le SMGEAG (syndicat mixte de gestion de l’eau et de l’assainissement) puis traitée une première fois. West Indies Pack, assure ensuite un nouveau traitement sur cinq niveaux, afin de lui assurer une qualité irréprochable. Le process est extrêmement strict. Matières indésirables, turbidité, virus, bactéries, produits chimiques… sont éliminés grâce à un filtrage au charbon actif, une filtration à 0,1 micron, ainsi qu’un traitement UV avant l’embouteillage. À l’arrivée, Karuline est une eau purifiée et faiblement minéralisée. Chaque production fait l’objet de prélèvements internes pour test. L’institut Pasteur contrôle sa qualité au moins tous les 15 jours et l’Agence régionale de santé (ARS), de manière inopinée, tous les mois. Tous nos résultats d’analyse sont irréprochables depuis 2013. 

« Depuis plus d’un an, nous travaillons avec nos concurrents de Guadeloupe et Martinique, à la mise en place de la consigne pour les bouteilles plastiques et canettes. »

Que répond West Indies Pack aux détracteurs de la bouteille plastique ? 

Rodolphe Payen : Voir les bouteilles vides dans la nature nous préoccupe. West Indies Pack est adhérente de Citéo. Nous cotisons donc pour que la collecte soit organisée au niveau des communes et des communautés de communes. La mise en place des bacs jaunes et le respect citoyen des bons gestes sont indispensables pour un taux de collecte important. Depuis plus d’un an, nous travaillons avec nos concurrents de Guadeloupe et Martinique, sous l’égide de Citéo et de la Région Guadeloupe, à la mise en place de la consigne pour les bouteilles plastiques et canettes. 

Par ailleurs, nous suivrons la législation qui exige des bouchons solidaires sur les bouteilles dès 2023. Nous effectuons aussi une veille permanente concernant l’évolution des technologies en matière de contenant. À ce jour, la bouteille PET est la seule solution pour répondre aux besoins du consommateur, à la fois du point de vue du respect des normes sanitaires et du pouvoir d’achat.

Karuline – West Indies Pack
wipack@phptrading.com