« La seule chose qui m’importe, c’est que la Guadeloupe avance » 

En cette fin d’année, Ary Chalus, président de Région, dresse le bilan des premiers mois de son mandat impacté par la crise sanitaire et la tempête Fiona. Il est déterminé à tenir la feuille de route qu’il s’est fixé pour faire avancer la Guadeloupe.

Texte Claire Jacques – Photo ©Lou Denim

La Région poursuit ses investissements en chef de file de l’aménagement de notre archipel et en coopération avec l’État

Ary Chalus, président du Conseil Régional de la Guadeloupe

Après votre réélection à la tête de la Région en juin 2021, vous annonciez « 10 actions fortes dans les 100 premiers jours ». Un mot sur le bilan de ces actions ?

En raison de la crise sanitaire, nous n’avons pu déployer, comme on le voulait, les 10 actions que nous avions listées (1). Mais nous les avons toutes lancées, au moins administrativement.

Nous avons lancé, au début du mois de novembre, le nouveau réseau de transport interurbain. 10 nouvelles lignes de bus desservent désormais tout l’archipel avec deux tarifs : 1,50 € ou 3 € en fonction de la distance parcourue. Des services additionnels seront proposés dans les mois à venir tels que la billetterie dématérialisée et la géolocalisation des bus par les usagers afin de connaître les temps d’attente des rotations.

Nous nous étions engagés sur la création de 1 000 contrats d’apprentissage. La Région a mis en place l’AREA (Aide régionale aux employeurs d’apprentis) pour les jeunes diplômés (Bac+2 et plus), âgés de 18 à 30 ans. Cette aide de 2 000 €, pour un contrat de 12 à 36 mois conclu entre le 1er janvier 2022 et le 31 décembre 2024, est versée en intégralité au cours de la 1ère année de formation. Le coût total pour la Région est de 400 000 €. 

À l’occasion de la Route du Rhum-Destination Guadeloupe, les bus des mers de la Région ont été mis à disposition du Syndicat mixte des transports afin d’assurer les liaisons entre les différents villages de la manifestation. La population a pleinement adhéré à ce dispositif. Le syndicat doit désormais aller plus loin en aménageant les pontons (gare de Bergevin, Mémorial ACTe, Marina de Pointe-à-Pitre, Darse et Jarry) et en lançant un nouvel appel d’offres pour recruter un armateur en charge de faire fonctionner ce service. De notre côté, nous avons lancé des études pour la mise en place de bus électriques naviguant à 18 nœuds.

Voilà deux semaines, la Région a signé la convention d’adhésion au Pass Culture. Son déploiement s’effectuera notamment par le biais du Plan Action Jeunesse pour lequel nos équipes ont déjà sillonné les trois-quarts des communes de la Guadeloupe à la rencontre des jeunes. Grâce aux 128 acteurs culturels mobilisés sur tout le territoire, plus de 7 700 jeunes guadeloupéens bénéficieront ainsi d’une offre culturelle diversifiée (musique, danse, théâtre, livres, cinéma, festivals, patrimoine) à des tarifs préférentiels.

La Guadeloupe a été fortement touchée, en septembre, par la tempête Fiona, comment la Région est intervenue pour répondre à l’urgence et intervient toujours aujourd’hui sur la reconstruction ? Quel est le budget accordé à l’aide aux sinistrés ?

L’équipe régionale s’est mobilisée dès le lendemain pour faire face aux difficultés d’approvisionnement en eau potable avec la livraison de packs d’eau aux communes de Basse-Terre, Goyave, Capesterre-Belle-Eau, Vieux-Habitants et de 8 citernes d’eau d’une capacité totale de 40 000 litres d’eau à usage domestique, à Vieux-Habitants et Vieux-Fort. Pour rétablir au plus vite l’approvisionnement en eau potable pour les usagers, la collectivité régionale a entamé ensuite une série de travaux d’urgence dans plusieurs communes.

Par le biais d’entreprises et de chantier en insertion, nous avons procédé au déblaiement des routes, à la sécurisation des ponts et d’un ensemble d’ouvrages majeurs traversant les routes nationales. 13 millions d’euros ont été engagés à ce jour sur ces travaux d’urgence. Au total, nous comptabilisons plus de 33 millions de travaux et d’aide apportée aux familles guadeloupéennes sinistrées. Une enveloppe de plus de 7 millions d’euros a été allouée aux communes sinistrées. Ce montant est prioritairement destiné à répondre à l’urgence et à accompagner les familles dans le besoin. Nous avons aussi renforcé notre dispositif d’aide à l’acquisition de citernes d’eau de pluie avec le déploiement de 3 500 unités, pour une aide régionale de 8,5 millions. Pour l’année 2022, plus de 1 000 citernes ont déjà été installées.

Afin de financer tout ça, nous avons dû reporter certains de nos projets à l’année prochaine.

La Région s’est montrée très active sur les réparations d’urgence du réseau d’eau. Quel rôle tient-elle désormais avec la mainmise de l’État sur cette problématique ?

L’État n’a pas la mainmise sur l’eau, c’est important de le rappeler ! Depuis 5 ans, les collectivités, au premier rang duquel la Région, investissent massivement dans les réparations et la mise aux normes de nos canalisations. Sur l’eau, la Région a finalisé en 2022, plus de 45 millions d’euros d’investissements structurants dans le cadre du plan d’actions prioritaires et du plan d’intervention d’urgence.

La tempête tropicale Fiona, et ses conséquences désastreuses, a à nouveau amené l’ensemble des acteurs publics à unir leurs forces. La Région a, là encore, porté plus que sa charge puisqu’elle a assumé plus de 60 % des travaux de réparation nécessaires pour rétablir la distribution de l’eau. Elle demeure, encore aujourd’hui, le principal financeur des infrastructures de l’eau potable en Guadeloupe.

En dépit d’un contexte particulièrement difficile après un an de fonctionnement, le syndicat (SMGEAG) a maintenu le service public de l’eau et poursuit aujourd’hui à la fois sa structuration et sa montée en compétences. C’est en ce sens que j’ai signé au ministère de l’Outre-mer, aux côtés de l’État, du Département et du SMGEAG, une feuille de route commune pour un accompagnement renforcé du syndicat. Dès 2023, il bénéficiera d’une dotation exceptionnelle de fonctionnement de 27 M€, d’une assistance technique complémentaire composée d’ingénieurs, de la Région, du Département et de l’État, d’un soutien financier aux investissements à des taux d’intervention qui iront jusqu’à 100 %.

La Région poursuit donc vigoureusement ses investissements, non pas sous tutelle, mais en chef de file de l’aménagement de notre archipel et en coopération avec l’État et tous les partenaires publics.

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Quelles sont les retombées espérées de la 12e édition de La Route du Rhum – Destination Guadeloupe ? Quel bilan pouvez-vous d’ores et déjà tirer ?

Les premières retombées immédiates que nous avons sont les estimations transmises par l’Observatoire régional et qui sont encourageantes. Pour cette première quinzaine du mois de novembre, quelque 11 000 billets d’avion ont été enregistrés à l’arrivée de l’aéroport Pôle Caraïbes. C’est le double des ventes effectuées en 2018 à la même période. Près de 25 000 nuitées ont été réservées sur les plateformes en ligne des meublés de tourisme pour un chiffre d’affaires estimé à plus de 3,7 M€. 

La Région a apporté son soutien financier à cinq skippers guadeloupéens, à hauteur de 50 000 euros. Il se dit que le montant alloué à Rodolphe Sepho dépasse le million d’euros. Que pouvez-vous répondre ?

Il est important de regarder au-delà des rumeurs, souvent initiées pour nuire. Nous avons accompagné équitablement tous les skippers guadeloupéens. Le projet Rêve de Large dépasse largement la participation de Rodolphe Sépho à la Route du Rhum – Destination Guadeloupe. Il sera également notre ambassadeur sur la prestigieuse épreuve du Vendée Globe. En complément de ce volet sportif, ce skipper, également formateur à la pratique de la voile et aux métiers qui en découlent, proposera, à travers son association Team Rêve de Large Racing, des actions de formation aux lycéens des filières maritimes et aux jeunes défavorisés en situation d’insertion. Considérant l’adéquation entre ces objectifs et la stratégie régionale de développement de l’économie bleue, nous avons décidé de l’accompagner. En plus de l’aide allouée à l’acquisition de son bateau, nous lui avons accordé une avance remboursable de 200 000 €, le 28 avril 2022.

Un mot quant au drame survenu le 16 novembre, ayant entraîné la mort de deux personnes d’OC Sport, société organisatrice de la course. La Région était en charge d’affréter des bateaux. Que pouvez-vous nous dire ?

À nouveau, nous présentons nos plus sincères condoléances aux familles des victimes et renouvelons notre solidarité aux équipes d’OC Sport Pen Duick. Les services de la Région collaborent avec la justice dont l’enquête est en cours. Laissons-la faire son travail. Tout ce que je peux dire, c’est que l’entreprise qui a remporté l’appel d’offres, que nous avions lancé, était informée du cahier des charges de l’organisation. 

Quels seront les grands projets de la collectivité pour 2023 ?

Les défis que nous devons relever sont encore nombreux, mais nous les abordons avec humilité, détermination et en étroite concertation avec les Guadeloupéens. Mes priorités vont vers la poursuite des travaux sur l’eau et du déploiement du transport interurbain. Nous avons tant de projets que je ne peux tous les citer, mais je pense à la déviation de La Boucan, à la rénovation de l’hippodrome régional Saint-Jacques d’Anse-Bertrand et de la piscine intercommunale de Pointe-à-Pitre/Les Abymes, aux constructions de nouveaux établissements scolaires, à la réfection de nombreuses infrastructures sportives. Sans oublier la construction de l’usine d’incinération de déchets et la mise en place d’un syndicat en charge de la gestion des sargasses. Nous devrons également réfléchir à l’évolution institutionnelle.

La seule chose qui m’importe, c’est que nous soyons heureux ensemble et que la Guadeloupe avance. Tout ce que nous faisons, nous le faisons avec le cœur. Je souhaite une bonne fin d’année à tous avec beaucoup de santé, de solidarité et d’amour.

(1) Les 10 actions : gratuité du transport interurbain, déploiement d’un dispositif d’accès aux plages pour les personnes en situation de handicap, de 3 Sargators à la Désirade, aux Saintes et à Capesterre de Marie-Galante et de la consigne pour faciliter le recyclage dans toutes les communes, création de 1 000 contrats d’apprentissage, reprise de la marche à blanc du bus des mers, lancement d’un pass culture et un appel à projets pour soutenir les plasticiens, concrétisation et animation de parcours sportifs et de santé sécurisés, lancement du concours «bleu océan» pour développer la croissance bleue et simplification de l’administration régionale.

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