L’indépendance permise par le statut d’auto-entrepreneur fait-elle encore rêver ? à condition de bien peser le pour et le contre.

Texte Amandine Ascensio 

Depuis que le statut d’auto-entrepreneur existe, la possibilité de créer une micro entreprise donne des ailes à ceux qui souhaitent mettre un pas dans la création d’une société. Bien sûr, de nombreuses formes juridiques existent, et certaines sont plus adaptées que d’autres à des types d’activités. Néanmoins, le statut d’auto-entrepreneur a, dans le monde du service, pignon sur rue. Selon les chiffres du réseau des Urssaf, publiés en juillet, en France, « le nombre d’auto-entrepreneurs continue d’augmenter. Fin décembre 2021, ils sont 2, 229 millions, soit 296 000 de plus en un an ».

POUR :

Une grande liberté d’action

C’est un leitmotiv qui revient à chaque échange avec une personne qui a entrepris, et ce, quel que soit son statut juridique d’entreprise. La liberté de s’organiser, la liberté de créer, celle de ne plus avoir à répondre à des horaires fixes ou aux aspirations d’une autre personne pour organiser sa vie sont des motivations très importantes selon l’indice de l’entrepreneuriat français produit par BPI France, tous les deux ans. « La non-subordination et la valorisation de l’autonomie sont des caractéristiques communes (entre autres) aux indépendants », détaille l’Inserm dans une étude sur les conditions de travail de ces actifs.

Créer son poste à son image

Entreprendre, c’est aussi pouvoir créer le poste idéal rêvé pour nous ou donner à son métier un aspect proche des valeurs que l’on défend au quotidien : une aspiration qui se retrouve très souvent dans la volonté d’adopter des postures écologistes chez tous les chefs d’entreprises. C’est aussi une façon de sortir du chômage, de se donner une image dynamique, très valorisée par la société.

Concilier vie professionnelle et vie privée

C’est l’un des grands arguments avancés pour valoriser l’entrepreneuriat : la liberté d’organisation que cela confère permet d’avoir un équilibre vie privée et vie professionnelle plus grand et donc de satisfaire les aspirations de chacun à profiter de sa famille tout en travaillant.

CONTRE : 

Le risque financier

Selon de nombreuses études, le salaire moyen des auto-entrepreneurs s’élève à quelque 500 euros par mois. Pas de quoi boucler un budget mensuel. Cela s’explique parce que certains cumulent l’activité avec une activité salariée mais parfois aussi, parce que la concurrence est très forte et nivelle par le bas la possibilité d’une juste rémunération. Ainsi, les auto-entrepreneurs sont sur-représentés parmi les couches les plus pauvres de la population selon l’Insee, mais aussi BPI France.

Précarisation et moins de droits sociaux

Lorsqu’on se félicite d’un pouvoir d’achat plus large, du fait de ne pas payer de cotisations (improprement appelées “charges” par les organisations patronales), on peut vite s’en mordre les doigts en cas de besoin : moins de cotisations, c’est moins de droits, au chômage, à la retraite, parfois à l’assurance maladie. D’autant que les entreprises utilisent les micro-entrepreneurs pour éviter de recruter des salariés. Aussi, lorsque la Covid est venu taper dans l’activité économique du monde entier, de très nombreux micro-entrepreneurs se sont re-trouvés du jour au lendemain, sans revenu… du tout.

Des risques psychosociaux élevés

« Ce qui distingue le plus nettement les non-salariés des salariés, ce sont leurs plages de travail beaucoup plus étendues : le nombre d’heures hebdomadaires est en moyenne bien plus élevé (45 % des non-salariés travaillent plus de 50 heures par semaine contre 3 % des salariés). » Or, selon la même étude de l’Inserm, « les longues heures de travail sont reconnues comme un facteur de risque psychosocial par l’Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail ».

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Les chiffres clés de la micro-entreprise

176 200

C’est le plafond pour les micro-entrepreneurs exerçant sous le régime des Bénéfices Industriels et Commerciaux (BIC) qui regroupe notamment l’achat et la revente de marchandises, les prestations d’hébergement ou encore la vente de denrées alimentaires à consommer sur place. Il est de 72 600 € pour les micro-entrepreneurs exerçant sous le régime des Bénéfices Non Commerciaux (BNC) qui concerne les activités libérales.

7%

Des actifs français sont micro-entrepreneurs, soit plus de 2,2 millions de personnes.

40 %

Des micro-entreprises ont été créées par des femmes. 

La Guadeloupe compte 5,5 % de micro-entrepreneurs dans la population active. La Martinique 4,3 % et la Guyane 3,5 %.

Parmi les principales motivations qui poussent les Français à créer leur entreprise, l’INSEE dégage les raisons suivantes : 62 % des créateurs expriment le souhait d’être indépendant, 44 % indiquent qu’ils sont animés par le goût d’entreprendre et la volonté de relever de nouveaux défis, 24 % sont motivés par la perspective d’augmenter leurs revenus, 13 % disent avoir choisi ou avoir été contraints de créer leur entreprise parce qu’ils étaient sans emploi.

641 500

C’est le nombre d’immatriculations recensées en 2021. Ainsi, au 31 décembre 2021, la France comptait 2 228 497 micro-entrepreneurs.

Au dernier trimestre 2021, le chiffre d’affaires global généré par le secteur de la micro-entreprise en France a dépassé les 6 milliards d’€.

40,9 %

Des créateurs de nouvelles micro-entreprises avaient moins de 30 ans.

50 000

C’est le nombre de nouvelles créations  de micro-entreprises chaque mois en France.

Source : étude menée pour STA-Portage.com, avec les données INSEE & URSSAF août 2022