Répondre aux crises, prévenir la maladie, agir sur les environnements, surveiller… Les missions de la direction de la Santé publique de l’ARS (Agence Régionale de Santé) sont multiples. Rencontre avec Solène Wiedner-Papin qui occupe cette fonction en Guyane.

Texte Sarah Balay – Photo Mathieu Delmer

Quel est le rôle et quelles sont les missions de la direction de la Santé publique de l’ARS Guyane ?

Si l’on s’en tient à la définition de l’OMS (organisation mondiale de la santé), la santé publique est une discipline qui s’occupe de l’état sanitaire d’une collectivité et de la santé globale des populations sous tous ces aspects : curatif, préventif, éducatif et social. Nous veillons à la qualité de l’air, des sols et de l’habitat ;
nous organisons des campagnes de dépistage (cancers, drogue, alcool), nous menons des actions contre le diabète, les épidémies de VIH et de maladies sexuellement transmissibles, mais aussi en faveur de la vaccination, de la santé mentale, de la santé sexuelle, etc. Le grand public nous connaît surtout pour notre mission de veille et de gestion des alertes sanitaires depuis la crise Covid, mais la santé publique est très large. Plusieurs partenaires sont, en permanence, à nos côtés : associations, Santé publique France (SpF), professionnels de santé libéraux, hôpitaux, la PMI (protection maternelle et infantile) et les élus et les collectivités dont le rôle est majeur sur le terrain.

Avec 60 % de la population vivant sous le seuil de pauvreté en Guyane, comment l’ARS parvient-elle à décliner sa politique publique ?

Tout est urgent en Guyane : l’accès à l’eau, les problèmes de logement, l’insécurité alimentaire, les addictions, le diabète, la santé sexuelle et reproductive, l’épidémie de VIH, les intoxications aux métaux lourds (mercure et plomb) etc. Quelle que soit la politique publique déclinée, la précarité va la percuter de plein fouet. Notre mission est de ne pas creuser davantage ces inégalités d’accès aux soins. Pour cela, nous devons aller au plus près des populations, multiples et diversifiées, qui ont leur propre culture et compréhension de la santé. La médiation a un rôle majeur et essentiel dans la compréhension mutuelle et la réduction des inégalités.

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Quels enseignements avez-vous tirés de la crise Covid ?

La crise Covid a renforcé ma conviction que l’on ne peut rien accomplir seul. La synergie partenariale s’est considérablement renforcée durant cette période et nous tentons de maintenir cette dynamique. Ces deux ans nous ont aussi permis d’expérimenter de nouvelles choses, d’innover et surtout de réfléchir différemment. Les solutions à apporter ne figurent pas forcément dans le cadre que l’on connaît et que l’on maîtrise. Je n’hésite plus, désormais, à faire un pas de côté et sortir de ma zone de confort pour avancer. J’ai compris que cela portait ses fruits. Malgré tout, la crise a laissé des traces en matière de santé publique et beaucoup de projets stoppés doivent être relancés avec de nouvelles données.

Avec un territoire aussi éloigné et différent de l’Hexagone, comment parvenez-vous à faire entendre la voix de l’ARS à Paris ?

Porter des sujets guyanais à Paris pour expliquer nos problématiques locales, chercher des soutiens budgétaires, des ressources humaines ou de l’ingénierie de projet, représente un travail considérable, mais essentiel. Nous avons la chance de pouvoir souvent adapter à la Guyane le cadre réglementaire. Par exemple, la lutte contre le tabagisme n’est pas une priorité chez nous. En revanche, ce même budget nous sera utile pour lutter contre la drogue et l’alcool.

(2) HPV : virus pouvant entraîner le cancer du col de l’utérus.

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BIO EXPRESS
Diplômée de l’Institut d’études politiques de Rennes, Solène Wiedner-Papin obtient, en 2009, le concours d’inspecteur de l’action sanitaire et sociale (IASS) avec une formation de 18 mois à l’école des hautes études en santé publique (EHESP) à Rennes. Certifiée en prévention et promotion de la santé, elle occupe plusieurs postes en agences régionales de santé (Franche-Comté, Bourgogne-Franche-Comté) avant d’occuper, dès janvier 2018, la fonction de directrice de la Santé Publique à l’ARS Guyane.

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