À travers un projet d’immersion dans la forêt amazonienne, Dimitri et Thao proposent aux jeunes Guyanais de découvrir le secteur agricole local. Les deux lycéens en BTS développement de l’Agriculture ont reçu le prix « Une forêt d’idées » lors du Salon de l’Agriculture à Paris. Retour sur leurs parcours.

Texte et photo Karollyne Hubert

Dimitri Verdure, Apprendre à vivre avec son environnement grâce à l’agriculture

À l’âge de 35 ans, Dimitri a déjà vécu plusieurs vies. Après avoir interrompu ses études en filière scientifique pour intégrer l’armée de terre, il finit par retourner dans le civil afin d’enchaîner sur plusieurs missions. « J’ai travaillé dans l’agroalimentaire, dans le bâtiment, dans la restauration… en tant que chauffeur-livreur, démonstrateur, et aussi, conducteur de poids lourd », nous explique-t-il.

Il a quelques années, sa vie prend une toute nouvelle tournure. « Je ne sais pas pourquoi, mais je me posais des questions sur ma consommation… J’ai réalisé que la vie que je menais n’était pas en adéquation avec la vie à laquelle j’aspirais. »

Introspection faite, action requise. Dimitri reprend donc le chemin de l’école, et commence un diplôme d’accès aux études universitaires puis, débute un BTS développement de l’Agriculture au lycée agricole de Matiti. « Je voulais devenir acteur et producteur plutôt que simple consommateur », nous confie-t-il.

En compagnie de son lycée, il commence un tout nouveau projet : reconnecter les jeunes avec la nature. « À travers des sorties en immersion dans la forêt amazonienne, on propose aux jeunes de prendre conscience de leur environnement. Malheureusement, beaucoup d’entre eux ne le connaissent pas, voire le craignent. Il est important que les futurs acteurs du secteur agricole apprennent à vivre avec leur environnement afin d’être plus aptes à le préserver et à le valoriser. »

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Thao Gai Cheu : Fleuves, des rivières, de la forêt… favoriser les journées découvertes

Originaire de Cacao et âgé de 19 ans, Thao est aussi étudiant au lycée agricole de Matiti. Après un parcours scolaire à l’école Saint-Paul de Cacao, il intègre le lycée Melkior-Garré pour entamer un CAP APR (Agent Polyvalent de Restauration). « J’ai fini par changer de filière, pour intégrer un BAC Pro CPH (Conduite et Production Horticole) au lycée de Matiti, car je me sentais plus proche de cette filière. »

Aux côtés de son camarade de classe, Dimitri, il travaille sur des projets qui mettent en avant la filière agricole sur tout le territoire. « À travers ce projet, nous agissons pour la préservation de la forêt amazonienne. La Guyane est composée de 96  % de forêts, il faut donc savoir vivre parmi elle », raconte Thao.

Dans le programme : des sorties en nature, des découvertes en pirogue, des randonnées et des activités insolites afin de séduire les plus jeunes. « Les activités sont variées, ainsi que les lieux : entre les fleuves et les rivières, la forêt et les plantations, on se régale tous. »

Pour améliorer le secteur agroalimentaire de la Guyane, il faudrait, selon Thao, plus d’activités de ce type, mais aussi, des dispositifs qui permettraient de les financer. « Malheureusement, notre budget est très limité. Grâce à ce prix décerné durant le Salon de l’Agriculture (10 000 euros), nous allons pouvoir continuer notre projet, et cela, pour encore quelques années. Avoir ce type de dispositif nous permet donc de continuer à proposer des activités ainsi que des découvertes au plus grand nombre. »

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Les lycéens, vigies de nos forêts
Baptisé « Une forêt d’idées », il s’agit d’un projet lancé par le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire afin de challenger les lycées agricoles français. Pour participer, les lycéens proposent un projet mettant en avant la forêt ainsi que son développement. Lors de la remise des prix au Salon de l’Agriculture, 6 lycées agricoles sur 60, ont été récompensés. Parmi eux, on retrouvait le lycée agricole de Matiti en Guyane, représenté par Thao et Dimitri.