Le Contrat d’Engagement Jeune (CEJ) est mis en œuvre depuis mars 2022 par Pôle emploi et les Missions locales. Retour sur ce dispositif inédit avec Florence Landau, cheffe de projet CEJ à Pôle emploi Guadeloupe & Iles du Nord.

Texte Floriane Jean-Gilles

Pouvez-vous nous rappeler en quoi consiste le CEJ ?

Florence Landau : Le CEJ est un dispositif destiné aux jeunes de 16 à 25 ans (29 ans pour les jeunes en situation de handicap) qui ne sont pas étudiants, ne suivent pas de formation et qui rencontrent des difficultés à trouver un emploi durable. Il consiste en un accompagnement intensif, basé sur un programme personnalisé, prévoyant 15 à 20 heures d’activités hebdomadaires (formations, stages, immersions en entreprises, ateliers). Le CEJ prévoit également une allocation pouvant aller jusqu’à 500 € par mois qui sert fondamentalement le retour à l’emploi en permettant, par exemple, de favoriser la mobilité du bénéficiaire. Le troisième pilier du dispositif est la proximité qui se noue avec le conseiller. Le CEJ dispose même d’une application numérique dédiée. Le jeune peut discuter avec son conseiller via le chat de l’application, il a accès à son programme hebdomadaire détaillé et à des offres d’emploi ou d’alternance.

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Un an après son lancement, quel bilan dressez-vous chez Pôle Emploi ?

Le bilan est très positif puisque nous avons dépassé notre objectif en accompagnant plus de 1 000 jeunes. C’est un dispositif que nous construisons pas-à-pas, sans se limiter dans les moyens mis en œuvre. Aussi, nous avons lancé deux actions originales, la première est un programme de mentorat autour du sport animé par Rodolphe Sepho, à Basse-Terre. L’idée est de transposer les valeurs du sport (persévérance, dépassement de soi, assiduité) à la vie professionnelle. La deuxième action vise à allier le CEJ et la culture et ouvrir les jeunes à des pratiques culturelles auxquelles ils n’ont pas forcément accès, comme la danse ou le théâtre. Nous avons commencé en partenariat avec le pass Culture par une visite du Musarth à Pointe-à-Pitre.

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Quels sont vos objectifs pour cette deuxième saison du CEJ ?

Accompagner encore plus de jeunes et renforcer nos actions innovantes et hors-les-murs, notamment avec le monde de l’entreprise afin que les jeunes soient davantage en situation d’immersion professionnelle. Le CEJ est arrivé à un moment opportun car il a répondu à une réelle demande d’un accompagnement de proximité, sur tout l’archipel guadeloupéen. Il s’agit enfin de continuer à prendre du plaisir dans cet accompagnement, du plaisir à travailler avec le jeune et à le satisfaire. Je dis souvent aux conseillers que même si le jeune ne retrouve pas immédiatement un emploi, lui permettre de maintenir ses actions et de le rendre fier de ses accomplissements est déjà une réussite.

TÉMOIGNAGE
Dona Douglas, conseillère CEJ à l’agence de Bouillante auprès d’Aurélie, 22 ans, en situation de handicap auditif.
Quels moyens avez-vous mis en place pour l’accompagner ?
La première fois que j’ai reçu Aurélie, elle était accompagnée de sa mère et d’une conseillère Cap emploi. J’ai mené cet entretien grâce à une interface en langue des signes du SERAC, Lors de notre deuxième entretien, Aurélie était seule, sa mère m’avait informée de son intérêt pour l’informatique, c’est donc face à face que nous échangeons via l’application CEJ pour mettre en place un plan d’actions. Bien que je ne maîtrise pas la langue des signes, j’ai su m’adapter au cas d’Aurélie, en lui accordant plus de temps lors des entretiens, en la rendant totalement actrice de son projet professionnel, sans faire les choses à sa place.
En quoi consistait ce plan d’actions ?
Aurélie souhaitait être caissière mais depuis un an, elle n’avait pas eu d’entretien. J’ai donc pris contact avec le responsable de CARREFOUR Market pour convenir d’un rendez-vous afin qu’elle fasse un stage d’immersion d’un mois. L’interface du SERAC et moi-même avons accompagné Aurélie à cet entretien, mais c’est elle qui a mené l’échange. Nous avons ainsi convenu, avec le SERAC, d’une sensibilisation de la tutrice et des employés sur les deux premiers jours d’immersion afin qu’Aurélie soit accueillie dans les meilleures conditions. Bilan: l’immersion s’est très bien passée, autant en caisse que sur les autres tâches. Il est prévu qu’Aurélie fasse une alternance dans le commerce, avec le SERAC, à la rentrée prochaine.

EN CHIFFRES
21 conseillers actifsen Guadeloupe, à Saint-Martin et à Marie-Galante
– L’accompagnement dure entre 6 et 12 mois
1180 jeunes ont bénéficié du programme d’accompagnement depuis mars 2022 (30 % non diplômés, 10 % issus des quartiers prioritaires, sans projet professionnel abouti, 2 % en situation de handicap)
48 % ont retrouvé un emploi durable (CDI ou CDD de plus de 6 mois)

Pôle emploi Guadeloupe & Iles du Nord
3949 (demandeurs d’emploi) – 3995 (entreprises)
www.pole-emploi.fr/region/guadeloupe