EWAG vous propose une série de trois articles sur des projets de valorisation des algues brunes. On vous raconte l’origine de ces projets, leurs parcours mais aussi et surtout où ils en sont aujourd’hui. Épisode 2/3 : The Marine Box (TMB).

Texte Yva Gelin

The Marine Box est un projet de valorisation porté par l’entreprise Siniamin Funéraires qui a pour ambition de faire de la mer « une boîte à outils » en valorisant différents types de matières marines et sous-marines. Pour l’heure, le premier outil est celui de la sargasse pour la confection de cercueil en carton. Rencontre avec Ralph Siniamin, chef d’entreprise à l’origine du projet.

Comment a débuté le projet The Marine Box ?

L’idée m’est venue fin 2017. En regardant les sargasses, je me suis dit qu’il fallait les brûler. Le même jour, j’avais une crémation. J’ai fait le lien avec les cercueils en carton et le fait qu’il était possible de valoriser les sargasses en carton. J’ai donc commencé à réfléchir à un procédé et courant 2018, j’ai déposé à l’INPI (Institut National de la Propriété Industrielle) une demande de projet. En tant que professionnel des pompes funèbres, j’ai eu l’occasion de faire rentrer des cercueils en carton. Je me suis toujours intéressé aux alternatives pour diminuer le coût pour les familles. La sargasse est d’autant plus intéressante que les personnes qui choisissent la crémation sont en général dans une logique environnementale. 

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Où en est le projet The Marine Box aujourd’hui ?

Aujourd’hui, nous sommes en phase de prospection afin d’obtenir le produit final souhaité. Nous avons intégré SAVE-C, un projet international piloté par l’université de Brest avec la Barbade et le Mexique comme pays étranger et grâce auquel nous bénéficions d’une aide financière de l’ADEME. L’avantage de faire partie de ce projet est d’avoir des interactions directes avec les chercheurs.

En l’occurrence à SAVE-C, ils effectuent de la recherche fondamentale sur l’ensemble du cycle de vie de l’algue, la toxicité … Il y a également le volet de recherches appliquées qui étudie directement les applications des projets de valorisation comme TMB. C’est un avantage énorme. Cela nous permet de bénéficier de toute la partie études. L’avantage avec la confection du cercueil, c’est que nous n’avons pas besoin de finition, un produit brut suffit, puisque le cercueil sera utilisé pour les crémations. Nous avons déjà un partenaire industriel, spécialisé en fabrication d’objet en fibre végétale, qui nous aide à élaborer le protocole de fabrication. Nous projetons aussi de fabriquer des urnes.

En ce moment, nous avons démarré une série de tests avec l’université de Bretagne pour améliorer la composition du biomatériau utilisé. La nouvelle phase de recherches va aussi être utilisée pour la réalisation d’urnes funéraires pour l’immersion. L’idée est qu’avec l’immersion tout se dissolve rapidement. Et puis nous sommes en discussion avec la chambre syndicale des déménagements afin d’élaborer un cahier des charges pour la réalisation de boite de déménagement.

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Quelles sont vos difficultés avec l’élaboration de votre produit ? L’approvisionnement par exemple est-il un frein dans votre business plan ?

En 2022, le marché de la crémation est de l’ordre de 591 opérations tous types de cercueils confondus, principalement en bois. Je suis en relation avec les deux principaux collecteurs de l’île et les quantités sont pour l’instant suffisantes. La contrainte que nous avons concerne la résistance du produit. Il nous faut ajouter des fibres végétales de coco et de banane. Pour l’urne, la problématique est inverse. Elle doit être immergée et donc se dissoudre pour permettre aux cendres de s’étendre dans l’océan, notre partenaire espagnol nous aide dans cette démarche. Mon objectif est de présenter le produit fini d’ici novembre 2023.