Dernier article de notre série sur la valorisation des algues brunes. Ce mois-ci : SAVE-C, un programme de recherche qui touche à sa fin et dont les enseignements doivent servir à tous les acteurs de la filière.

Texte Yva Gelin

Qu’est-ce que le programme Save-C ?

Le projet de recherche SAVE-C a démarré en octobre 2020 à la suite d’un appel à projet lancé par l’ANR (Agence nationale pour la recherche). En tout, 14 partenaires sont réunis avec pour objectif d’approfondir la recherche fondamentale sur les sargasses afin d’enrichir les pratiques de valorisation. Valérie Stiger, maître de conférences à l’université de Bretagne Occidentale et membre du Laboratoire des sciences de l’environnement (LEMAR) en est le chef de projet. Elle fait le point sur ce programme d’ampleur qui, d’une durée de trois ans, touche à sa fin.

Comment s’organise le projet Save-C ?

Valérie Stiger : Save-C est composé de 5 actions de recherches principales. Le premier axe consiste à étudier la diversité des radeaux de sargasses qui dérivent dans l’Atlantique. Certains peuvent aller à plus de 7 mètres de profondeur avec une superficie de plus d’une centaine de mètres. Le deuxième axe se penche sur le fonctionnement de ces radeaux. Nous cherchons comment y interagissent les organismes à l’intérieur. Le troisième axe est orienté vers la compréhension du processus de survie des sargasses à l’état flottant et pourquoi elle ne se dégrade pas comme le ferait normalement un organisme flottant.

Ces trois premiers axes sont principalement de la recherche fondamentale qui nous permet d’alimenter ensuite les processus de valorisation en déterminant par exemple à quel moment il est plus intéressant de ramasser la sargasse si on cherche à exploiter une molécule particulière. L’axe 4 se concentre sur la collecte et la conservation de la biomasse à valoriser avec l’élaboration d’un bateau récolte avec la société Efinor et la conception d’un sécheur qui permet de conserver cette biomasse tout en gardant la même composition biochimique. Enfin le dernier axe étudie les solutions de valorisation dans le secteur de l’agriculture et des biomatériaux.

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Plus précisément, de quels types de valorisation parle-t-on ?

Pour les biomatériaux, il s’agit de fabriquer des boîtes en carton faites à partir de fibres végétales et donc principalement de la sargasse. Cette partie est assurée par la société The Marine Box qui a déposé un brevet de fabrication de carton bio. Concernant le volet agriculture, nous avons comme partenaires le Cirad et Algaia, déjà bien connus pour développer des engrais et des stimulants agricoles. Le Cirad travaille par exemple à des tests sur les ravageurs de plants de tomates en serres mais aussi en condition réelle, dans les champs et surveille comment réagissent les ravageurs.

Pourquoi avoir choisi de miser sur l’agriculture et les biomatériaux ?

Je voulais un secteur de valorisation qui pourrait utiliser au maximum les composantes de la ressource. Pour les biomatériaux, nous travaillons avec les alginates, c’est-à-dire les fibres et cela permet d’utiliser pratiquement toute l’algue. Ensuite, le choix s’est porté sur les procédés de valorisation agricole car cela permettra de fournir des produits en lien avec une agriculture biologique. C’est particulièrement intéressant pour l’image de l’agriculture aux Antilles avec les problématiques de pollution des sols.

Le projet prend fin cette année. Que va-t-il se passer et qu’en retenez-vous ?

Au mois de décembre nous livrerons, lors d’un meeting en Guadeloupe, un rapport final sur toutes les actions de recherches. Il me semble intéressant de retenir que la problématique principale concernant la valorisation est la conservation. Nous sommes donc très fières d’avoir trouvé un sécheur qui permet de stabiliser la biomasse dans le cadre de Save-C.

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