L’agence régionale de santé (ARS) de Guyane et ses partenaires organisent, depuis octobre, à destination des élèves de 5e, une campagne de vaccination pour se protéger des papillomavirus humains (HPV), responsables de cancers chez les hommes et les femmes.

Texte Sarah Balay – Photo Mathieu Delmer

Il faut mettre en place des séances de sensibilisation, en amont, auprès des jeunes, de leurs familles et des équipes éducatives

Louise Vuylsteker référente santé sexuelle et reproductive/vaccination à l’ARS

Le HPV : quelques données

80 % des hommes et des femmes vont entrer en contact avec un ou plusieurs types de papillomavirus humains (il en existe plus d’une centaine) au cours de leur vie sexuelle. L’infection à HPV est l’infection sexuellement transmissible (IST) la plus fréquente. « Elle est très contagieuse et se transmet par relations sexuelles avec ou sans pénétration », précise Louise Vuylsteker référente santé sexuelle et reproductive/vaccination à l’ARS.
« De simples frottements peuvent suffire et l’infection peut se transmettre via la main et la bouche. L’utilisation du préservatif ne garantit donc pas une protection absolue mais demeure indispensable pour se protéger des autres IST. Chacun et chacune peut être exposé à une infection HPV quelles que soient sa sexualité et ses pratiques. »

HPV : 2e cancer chez la femme en Guyane

Dans 90 % des cas, le virus est éliminé spontanément dans les deux ans qui suivent l’exposition. En cas de persistance, les conséquences d’une infection chronique peuvent, selon le type de HPV, aller des verrues génitales (condylomes) à des lésions précancéreuses qui, à long terme, peuvent devenir des cancers. En Guyane, le cancer du col de l’utérus est le 2e cancer chez la femme avec un taux d’incidence quatre fois plus élevé que dans l’Hexagone. En cause : une irrégularité du suivi gynécologique expliquant un retard de dépistage (le frottis est recommandé à partir de 25 ans jusqu’à 65), et une couverture vaccinale qui reste à améliorer.
« D’autres cancers peuvent aussi concerner l’anus, la gorge, la vulve, le vagin ou le pénis », poursuit Louise Vuylsteker.

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La Guyane pionnière

90 % des infections HPV à l’origine de cancer peuvent être évitées par la vaccination des 11-14 ans, qui à ce jour, demeure la meilleure protection.
« La vaccination est préconisée avant les premières relations sexuelles mais un rattrapage peut être envisagé jusqu’à 19 ans », avance Louise Vuylsteker.

« Dès 2019, la Guyane avait devancé le national en proposant une campagne de vaccination dans certains collèges plutôt bien accueillie. Suite aux annonces gouvernementales, nous avons repris en octobre en l’élargissant à l’ensemble du territoire. » Cette vaccination, gratuite et soumise à l’autorisation des parents, cible les élèves, filles et garçons, scolarisés en 5e. Deux doses, à six mois d’intervalle, sont proposées par une équipe médicale (médecins, infirmiers, sage-femmes) partenaires de l’ARS (la Croix rouge et les centres délocalisés de prévention et de soins rattachés au centre hospitalier de Cayenne). À ce jour, plus de 70 % des établissements publics et privés sous contrat ont participé sur l’ensemble de la Guyane.

« Le taux de vaccination reste toutefois assez faible », regrette Louise Vuylsteker. « Il avoisine les 12 %. Ce n’est pas moins bien que dans l’Hexagone et c’est très variable d’un établissement à l’autre. »

Selon les derniers chiffres officiels (2021-2022), la couverture vaccinale est, pour les filles, de
25 % (une dose) et 18 % (deux doses) contre, respectivement, 49 et 42 % pour la France entière. Pour les garçons, dont la recommandation vaccinale remonte à 2021, le taux est de 5 % (une dose) et 2 % (2 doses) contre 13 % et 8 % pour la France entière.

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Un enjeu de communication

Plusieurs axes d’amélioration sont d’ores et déjà identifiés pour une meilleure adhésion des familles. « Il faut mettre en place des séances de sensibilisation, en amont, auprès des jeunes, de leurs familles et des équipes éducatives », souligne Louise Vuylsteker.

« Les contenus de nos kits d’information méritent d’être retravaillés afin d’être mieux compris et adaptés aux spécificités locales. Nous souhaitons collaborer davantage avec le réseau des médiateurs en santé. Objectif :  développer les actions d’aller vers pour expliquer l’intérêt de cette vaccination, rassurer sur sa fiabilité et répondre aux préoccupations. Les jeunes peuvent également être relais auprès de leurs pairs et de leurs familles. »