Madiflora, Mai de Saint-Pierre, Martinique Job Training, Prix annuel du lycéen… le Rotary club de Saint-Pierre a su instaurer bon nombre de rendez-vous incontournables en Martinique. Nous avons organisé une discussion entre deux générations d’adhérents : Émile Blameble, plus ancien rotarien actif de l’île, et Stéphanie Rossignol, future présidente du club. Interview croisée.

Texte Floriane Jean-Gilles – Photo Jean-Albert Coopmann

Qu’est ce qui fait du Rotary club de Saint-Pierre une association qui compte particulièrement ?

Émile Blameble : (sourire) De tous les Rotary, en Martinique, celui de Saint-Pierre est le plus impliqué dans sa région. Nous avons contribué à ramener l’attention sur un territoire délaissé en travaillant pour l’obtention du label « Ville d’art et d’histoire » par exemple, mais aussi en initiant la récente candidature de la Martinique au patrimoine de l’UNESCO.

Stéphanie Rossignol : Il est également le 1er club à avoir instauré la mixité, en Martinique, en décembre 1997.

Pourquoi devient-on rotarien ?

E.B : Pour ce qui me concerne, j’étais parti dans l’Hexagone, et ma mère m’envoyait régulièrement des articles de presse qui faisaient état des actions du Rotary Club de Saint-Pierre… et, à chaque fois, je me disais que j’aimerais bien faire partie de ce groupe à mon retour à la Martinique. Je suis devenu membre en 1975, l’énergie qui l’anime, ce goût de faire ensemble m’a immédiatement séduit.

S.R : Pour moi, c’est en fait une tradition familiale, mon père était rotarien. Mais c’est aussi l’envie de donner, de faire pour son territoire et de se retrouver, dans cet esprit de camaraderie, avec un groupe de personnes animé par la même idéologie et les mêmes aspirations.

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Depuis votre adhésion en 2018, quel exemple concret citeriez-vous pour illustrer le type d’engagement du club ?

S.R. : Je dirais la distribution de paniers repas au moment de la pandémie de Covid-19. Nous avons porté près de 300 paniers repas à la population avec l’aide du CCAS qui a répertorié les personnes dans le besoin. Je me suis rendue compte à ce moment-là de la grande misère qui pouvait toucher les personnes âgées et isolées en Martinique et que nous avions un levier d’action immédiat.

Et vous, Émile, en 50 ans d’actions, quel événement vous a le plus marqué avec le Rotary Club ?   

E.B: Sans hésiter : le Mai de Saint-Pierre. Nous avons beaucoup travaillé pour mettre en place la 2e édition, en 1976. Nous avons créé une foire aux arts dans l’ancienne conserverie d’ananas de Raymond Gouyer, l’espace a été aménagé en espace culturel. Paule et Hector Charpentier, père, Khokho René-Corail, entre autres, ont exposé leurs œuvres. Eugène Mona y a chanté le 8 mai. Frédéric Lodéon, célèbre violoniste, a joué dans la cathédrale de Saint-Pierre. Un cinéclub était organisé chaque semaine, pendant un mois. Nous souhaitions redonner à Saint-Pierre son faste d’antan.

Quels sont aujourd’hui les nouveaux défis pour l’association ?

S.R : Le plus grand défi est de maintenir les effectifs des clubs, nous sommes 250 rotariens en Martinique, répartis en 8 clubs ; mais il n’est pas toujours aisé d’attirer de nouvelles personnes, surtout les plus jeunes, à cause du montant des cotisations annuelles ou de l’investissement personnel que cela implique, et ce, quand bien même le Rotary se soit affranchi de certaines contraintes avec la possibilité maintenant d’assister aux réunions à distance.

E.B. : C’est vrai, les règles sont moins strictes aujourd’hui en termes d’astreinte et d’obligation de présence. Les réunions en visio sont pratiques, mais, (rires) on est moins attentifs car on a la possibilité de faire autre chose en même temps. Les réunions en présentiel créent du lien et renforcent  la camaraderie.

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Stéphanie Rossignol, vous serez au cours de l’année nommée présidente du Rotary club de St-Pierre, comment préparez-vous cette étape ?  

S.R : Je suis une grande sportive alors j’aimerais proposer une action d’envergure autour du sport sur le territoire Saint-Pierre/Carbet. Un événement accessible à tous qui valoriserait le territoire. Cela n’existe pas encore à Saint-Pierre.

E.B : C’est ce qui fait la richesse du Rotary. Chaque président apporte une partie de lui, à travers ce qu’il aime, depuis plus de 50 ans.

Le critère des 4 questions comme “principe d’action”
1. Est-ce vrai ?
2. Est-ce juste ?
3. Est-ce source de bonne volonté
et d’amitié ?

4. Est-ce équitable et bénéfique pour chacun ?
Traduit en créole, en 2000 :
Chimen katkwazé

1. Ès nou kantékant èpi la vérité vré ?
2. Ès lè kat zyé bité manti byen fini ?
3. Pas sé lèspri nomm ki mèt nomm. Pas an sèl dwet pa sa pran pis, ès an lanmen pé lavé lot ?
4. Ès chak moun ka trapé lo’y ?


Le Rotary Club Saint-Pierre
rcspmq@gmail.com