Caraïbe-Amérique au PHEEAC*(pouvoirs, histoire, esclavage, environnement, Atlantique, Caraïbe).

Implanté au départ en Guadeloupe et en Martinique, le laboratoire caribéen de sciences sociales (LC2S) est une très ancienne UMR (unité mixte de recherche). Fondée en 1982, LC2S s’associe au CNRS en 1988 qui devient sa tutelle principale avec l’UA, université des Antilles (anciennement UAG, université des Antilles et de la Guyane). 

Sa configuration a progressivement évolué. Dirigée par Jean-Raphaël Gros-Désormeaux, l’UMR compte aujourd’hui 3 implantations : le centre administratif basé en Martinique, un satellite en Guadeloupe, le CAGI (centre d’analyse géopolitique et international dirigé par Fred Réno) et un autre à Paris sur le campus Condorcet, le CIRESC (centre international de recherche sur les esclavages et post-esclavage dirigé par Myriam Cottias). 

Depuis le 1er janvier, LC2S a élargi son périmètre de recherche et changé d’acronyme en devenant le PHEEAC, pouvoirs, histoire, esclavage, environnement, Atlantique, Caraïbe. L’unité regroupe une trentaine d’enseignants-chercheurs de l’UA appuyés par 5 chercheurs et 3 ingénieurs et personnels techniques de la recherche du CNRS.

Le laboratoire PHEEAC développe des recherches en sciences sociales pour répondre aux questionnements sociopolitiques du post-esclavage et aux défis posés par le changement climatique. « L’enjeu est de produire des réponses et de s’adapter à tout ce que nous risquons de vivre avec le changement climatique », précise le directeur. « Pour résoudre ces enjeux de pouvoir et abolir tout rapport de domination, nous développons l’interdisciplinarité en intégrant toutes les formes de savoirs (scientifiques, institutionnels, expérientiels). L’objectif vise à lever les verrous et les limites, entre le local et le national, dans ce contexte post-esclavagiste ». 

Parmi les récents projets figure le projet CESAR qui porte sur la gestion de crise liée aux échouages d’algues sargasses. « Nous avons fait dialoguer prévisionnistes, juristes, politiques, économistes et biologistes », poursuit Jean-Raphaël Gros-Desormeaux.
« Parmi les conclusions figurent le consentement des entreprises à donner du temps (et non de l’argent) pour le nettoyage des plages. L’unité temps est donc, à ce jour, pertinente pour aborder cette question ».

*anciennement LC2S.

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Credit Photo Jean-Albert Coopmann

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Le réchauffement climatique à travers la géographie au laboratoire de l’AIHP-GEODE Caraïbe (archéologie industrielle, histoire, patrimoine/ Géographie-développement environnement de la Caraïbe)

L’idée, c’est de faire de la Caraïbe un véritable laboratoire d’étude, un véritable modèle, pour ensuite exporter ce que nous avons mis en lumière.

Pr. Pascal Saffache, directeur du laboratoire.

Basé aux Antilles, le laboratoire AIHP-GEODE Caraïbe (archéologie industrielle, histoire, patrimoine/Géographie-développement environnement de la Caraïbe) est une ancienne unité de recherche (UR), âgée de près de 30 ans, dédiée à l’histoire, la géographie, l’environnement et à l’aménagement de l’espace. 

En juillet 2022, date du dernier changement de gouvernance, le laboratoire centre l’essentiel de ses recherches sur les dynamiques territoriales caribéennes. Il compte huit enseignants chercheurs, une quinzaine de chercheurs associés (tous docteurs), une vingtaine de doctorants et un administratif. « Depuis mon arrivée, nos travaux de recherche sont focalisés sur l’impact du changement climatique sur les marges côtières antillaises et les conséquences que cela a en matière touristique, logistique et plus globalement d’aménagement ; l’approche historique des territoires est aussi au cœur de nos réflexions », explique le Pr. Pascal Saffache, directeur du laboratoire. « Nous travaillons également à monter un véritable observatoire de la Caraïbe à partir d’une banque de données cartographiques ». 

Il s’agit de produire des cartes sur l’activité touristique, démographique, la gestion et l’évolution du trait de côte, la montée du niveau des eaux, les flux de population, etc. « Tout ceci est collecté dans une base de données destinée à guider les décideurs antillais et plus largement caribéens », poursuit le Pr. Saffache. « Parmi nos projections figurent la démonstration que d’ici la fin de ce siècle la Martinique perdrait entre 5 et 7 % de sa superficie ».  

Grâce à ses deux masters (Histoire, civilisation et patrimoine / Diagnostic territorial et gestion des espaces insulaires), le laboratoire attire des étudiants et doctorants des quatre coins du monde (Haïti, Algérie, Sainte-Lucie, Sénégal, Cameroun, Djibouti…) et collabore de plus en plus avec le Brésil et l’université des West Indies.
« L’idée, c’est de faire de la Caraïbe un véritable laboratoire d’étude, un véritable modèle, pour ensuite exporter ce que nous avons mis en lumière ». Le Pr. Pascal Saffache a également porté la voix des petits États insulaires de la Caraïbe lors de quatre COP (conférence internationale de lutte contre le dérèglement climatique). 

*anciennement LC2S.

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Credit Photo Jean-Albert Coopmann
LES DEUX LabEx DES ANTILLES-GUYANE 
Le CEBA, centre d’étude de la biodiversité amazonienne (Guyane)
Grâce à la forêt amazonienne, la Guyane est devenue un eldorado pour l’étude de la diversité et la recherche d’excellence. Lancé fin mars 2011, le Ceba n’est pas un laboratoire physique à proprement parler. Il se définit plutôt comme « un réseau d’équipes de recherche françaises internationalement reconnues étudiant la biodiversité en Amazonie. Onze équipes scientifiques au total sont réparties entre la Guyane, l’Hexagone et les Antilles, soit une centaine de personnes mobilisées. On y compte, entre autres, l’UA
(via le PHEEAC), le CNRS, l’Institut Pasteur, l’IRD etc.
Des collaborations avec l’étranger sont courantes comme
avec l’université fédérale du Para au Brésil. 
Chacune des équipes met une partie de ses moyens humains dans le cadre de différents projets. Certains chercheurs sont basés en Guyane, d’autres s’y rendent seulement pour récolter des données. 
Les thèmes de recherche sont : bio découverte, génétique et génomique écologique de l’adaptation ; biodiversité et santé publique ; processus écosystémique et biodiversité ; modélisation de la biodiversité dans l’espace et dans le temps, services offerts par la biodiversité. 

LabEx DRIIHM, dispositif de recherche interdisciplinaire sur les interactions 
Hommes-Milieux
Crée en 2007, le labEx DRIIHM, piloté par le CNRS, n’est pas un labEx structurant directement impulsé par les Antilles-Guyane. C’est un modèle national implanté dans les territoires. Il compte plus de 1 400 personnels de recherche dont 300 étrangers issus de 200 unités de recherche UMR réparties dans 87 universités françaises ou étrangères et 46 organismes de recherche ou grandes écoles. Il a financé 960 projets de recherche, encadré 190 doctorants, 110 post-doctorats et plus de 400 masters. Il regroupe à ce jour treize observatoires Hommes-Milieux (OHM), outils d’observation de socio-écosystèmes impactés par un événement d’origine humaine. Deux d’entre eux sont situés en Outre-Mer. La majorité des chercheurs sont basés dans l’Hexagone même si quelques homologues locaux collaborent ponctuellement.  
Le premier OHM est basé en Guadeloupe (Littoral Caraïbe) et travaille depuis 2010 sur les conséquences sociologiques, biophysiques, écologiques et environnementales de l’accélération dynamique urbano-portuaire (changements d’infrastructures portuaires). 
Le second observatoire est en Guyane et se consacre aux changements et conséquences éco-sociologiques liés à la construction du pont fluvial transfrontalier sur le fleuve Oyapock. L’objectif de ces observatoires est, in fine, d’accompagner au mieux les décideurs en collectant des données en vue de les modéliser et ainsi prédire les évolutions du territoire.