De responsable commerciale à céramiste

Fabienne Guyotte dans son atelier à Rémire-Monjoly © Ronan Lietar
Fabienne Guyotte dans son atelier à Rémire-Monjoly © Ronan Lietar

De responsable commerciale à céramiste

Adeline Louault

«  La poterie, c’est l’art du lâcher-prise, du bien-être. C’est un peu comme une séance de méditation : on évacue les tensions, on apprend la patience, l’abnégation (car il faut parfois refaire plusieurs fois un objet), on s’évade. Ma passion est née au primaire, avec la rencontre d’une intervenante venue nous initier à la céramique. Je suis passée par plusieurs étapes professionnelles avant de sauter le pas !

J’ai travaillé dans le domaine de l’optique puis dans les cosmétiques, comme responsable commerciale, j’ai également enseigné. Mais la poterie continuait à me parler, d’un pays à l’autre. J’ai d’abord découvert les techniques amérindiennes en Guyane, puis, au cours de voyages à Mayotte et en Chine surtout, d’autres gestes et façons de faire. C’est devenu une évidence, j’avais ça dans le ventre.

À mon retour, j’ai suivi une formation pendant 6 ans auprès du maître potier Christian Tournier, à la Carapa. Au début c’était un loisir mais, à la suite de soucis de santé, j’ai eu un déclic : Fabee Design est né en 2015. J’ai commencé par créer des bijoux à partir de l’argile, je voulais montrer qu’on pouvait faire autre chose que des bols et des assiettes. J’ai présenté une collection lors de la Fashion Week 2018. Le public a beaucoup aimé, cela m’a donné un vrai coup de punch. J’ai pris confiance.

Aujourd’hui, outre les bijoux, je propose des objets déco en argile et en faïence. Je vends mes œuvres sur mon site et lors d’expositions pour la fête des mères, Noël, etc. Je continue à me former dès que je peux, à distance ou lors de séjours en hexagone. Quand je ne crée pas, j’interviens dans les établissements scolaires. Je suis effarée de voir à quel point la majorité des jeunes ne savent plus créer ni même imaginer. Les téléphones et les tablettes ont fait des dégâts chez les enfants mais également chez les adultes. Il faut tirer la sonnette d’alarme !

Je donne aussi des cours à mon atelier plusieurs fois par semaine. Je reçois régulièrement des associations de personnes en situation de handicap. La poterie permet de développer les sens, la motricité fine mais aussi la confiance en soi, la faculté à échanger avec l’autre. Il y a un côté art thérapie qui est essentiel. Je l’ai constaté au moment du covid, quand des soignants surmenés venaient se ressourcer dans mon atelier. Le fait de toucher la matière, dans un cadre agréable avec une musique douce en fond sonore, permet de se réparer. »