Des mains pour sauvegarder
Sur de courtes périodes, des bénévoles s’engagent sur des chantiers, travaillent de leurs mains afin de restaurer des sites patrimoniaux. Ces expériences collectives insufflent plaisir, estime de l’ouvrage bien fait, engagent le corps et l’esprit au service du bien commun jusqu’à parfois susciter des vocations.
Des mains pour sauvegarder
Sur de courtes périodes, des bénévoles s’engagent sur des chantiers, travaillent de leurs mains afin de restaurer des sites patrimoniaux. Ces expériences collectives insufflent plaisir, estime de l’ouvrage bien fait, engagent le corps et l’esprit au service du bien commun jusqu’à parfois susciter des vocations.
« Le patrimoine ne peut pas être qu’une affaire de propriétaires, de pouvoirs publics ou de professionnels mais il doit être l’affaire de tous », c’est à partir de ce postulat que l’Union Rempart organise des chantiers de bénévoles d’une durée moyenne de 10 ou 12 jours pour restaurer des sites patrimoniaux.
Si l’association est encore trop récente en Martinique pour avoir vu naitre des vocations dans les métiers du bâti, c’est bien le cas à l’échelle nationale où Olivier Lenoir, délégué général qui encadre des chantiers depuis plus de 40 ans relate entre autres le témoignage d’un jeune homme devenu tailleur de pierre avec s’être engagé dans un bac pro GMH suite à un déclic sur un chantier.
De tous horizons
En 2024 en Martinique, ce sont plus de 70 bénévoles qui se sont succédés sur 3 sessions de chantier. Toutes les classes sociales et tous les âges convergent parmi les bénévoles sélectionnés sur le seul critère de la motivation : « Chacun vient avec ses propres besoins ou attentes. Il y a autant d’hommes que de femmes, entre 15 et 74 ans, ils sont étudiants, apprentis maçons, architectes, infirmiers à la retraite, jeunes issus de la mission locale, de l’école de la seconde chance ou du RSMA. Ce sont aussi des employés qui prennent des congés pour se rendre sur un chantier », explique Chloé Maugalem, chargée de mission de l’association depuis sa création sur l’île en 2021.
Pour l’année 2025, les inscriptions sont quasi complètes. Un engouement réel selon elle à refaire société, s’investir physiquement au service du beau et du bien commun.
Renouer avec les techniques du bâti ancien
Le patrimoine ne se cantonne pas aux forts, églises, habitations. Il concerne aussi les bourgs, les maisons de ville, tout un patrimoine vernaculaire à préserver. L’Union Rempart est au carrefour d’enjeux de professionnalisation comme de transmission, de développement économique et social du territoire par ses missions de préservation du patrimoine.
« Il y a encore quelques entreprises spécialisées en bâti ancien, elles sont rares. La plupart partent à la retraite sans relève assurée. Des métiers du patrimoine se sont perdus, il y a encore 60 ans, ils existaient », concède Chloé Maugalem. Mais il n’est pas trop tard.
Une course contre la montre qui fait écho à un diagnostic partagé par l’ensemble de la société, les entreprises, les pouvoirs publics ou associations sur la perte des savoir-faire traditionnels. Une réflexion s’engage à partir de l’existant, de sa réhabilitation comme par exemple la pratique des murs en chaux corallienne en termes de sobriété énergétique.
Au service du beau, du bien accompli, de l’utile
Le chantier de bénévoles permet de faire la part belle aux métiers manuels sans cadence soutenue ni contraintes commerciales. « On a oublié de parler des métiers manuels depuis 50 ans. C’est notre cheval de bataille », explique Olivier Lenoir. Prendre le temps, entouré de personnes passionnées qui transmettent leur savoir-faire, de poser sa pierre sur un mur issu d’une histoire, d’un héritage fait sens.
« Par ailleurs, le patrimoine lui-même est porteur de cette qualité de l’ouvrage bien fait. C’est aussi un formidable vecteur de lien social. On n’est pas seul face à un établi. C’est un travail collectif où l’on fait tourner le mortier ensemble », conclut Olivier Lenoir.
Programmation 2025
- L’escalier de l’église de Fonds Saint-Denis du 14 au 24 avril.
- La réhabilitation de l’ancienne école du quartier Balata. Après le soubassement en pierre, l’intervention concernera les murs en terrasse en maçonnerie traditionnelle.
- Un chantier dans la ville de Saint-Pierre du 10 au 31 juillet.