Hélène Scholastique : « L’aménagement doit intégrer les risques et les réalités sociales »
Juriste de formation, Hélène Scholastique a choisi l’aménagement du territoire pour avoir un impact durable et concret sur la vie des citoyens. À ses yeux, les véritables enjeux résident dans la capacité des territoires à anticiper et à s’adapter aux mutations climatiques, sociales et environnementales.
Hélène Scholastique, chargée de la mobilité durable et de la qualité de l'air © Jean-Albert Coopmann
Hélène Scholastique : « L’aménagement doit intégrer les risques et les réalités sociales »
Juriste de formation, Hélène Scholastique a choisi l’aménagement du territoire pour avoir un impact durable et concret sur la vie des citoyens. À ses yeux, les véritables enjeux résident dans la capacité des territoires à anticiper et à s’adapter aux mutations climatiques, sociales et environnementales.
Installer des bancs publics à l’ombre des arbres, près d’une rivière, pour offrir calme et fraîcheur aux badauds… Derrière la simplicité du projet se cachent, en réalité, une analyse fine et un travail de conception exigeant. Pour Hélène Scholastique, chargée de mission mobilité durable et qualité de l’air à la mairie de Saint-Esprit en Martinique, tout aménagement urbain requiert un diagnostic territorial permettant d’identifier l’ensemble des aléas naturels. « Il serait intéressant, par exemple, que cet espace ait une bonne exposition aux vents et soit orienté de telle sorte qu’il n’y fasse pas trop chaud à partir de midi », explique-t-elle. « Qu’il soit en hauteur, si une rivière passe à proximité pour éviter la destruction des matériaux en cas de violentes inondations. Il serait aussi pertinent de prévoir différents aménagements comme des carbets, à la fois pour s’abriter des pluies soudaines et parce qu’ils occupent une place culturelle et sociale importante. L’espace devrait, par ailleurs rester accessible à tous ». Autant d’axes de réflexion et d’étude qu’Hélène a su approfondir grâce au DU Urbanisme et architecture en contexte tropical multi-aléas.
« Cette formation me permet de compléter un parcours essentiellement axé sur le droit de l’environnement et de l’urbanisme, via un master obtenu à Lyon », précise-t-elle. « Le DU forme des professionnels capables de gérer un projet d’aménagement de A à Z tout en tenant compte des spécificités et contraintes tropicales. Plus que jamais, une nécessité ».
Anticiper les risques pour concevoir des territoires résilients
Le mémoire d’ Hélène Scholastique portera sur les enjeux d’une gestion intégrée des aléas naturels pour les projets urbains des collectivités territoriales. À ce titre, elle estime que de nouveaux aléas sont désormais à prendre en considération. « Le risque hybride (industriel et naturel) des échouements de sargasses, l’érosion côtière (27 communes littorales en Martinique) et les glissements de terrain prennent de l’ampleur et demeurent particulièrement dangereux pour les territoires », avance-t-elle. « Ces phénomènes ne vont certainement pas s’arranger avec le temps et doivent désormais être intégrés dans la planification urbaine au même titre que les cyclones ou les séismes. Les aménagements doivent donc être conçus pour protéger au mieux les vies humaines, grâce à leur localisation, leur orientation, leur structure et leurs matériaux. Le DU nous apprend à anticiper ces problématiques sur 10 à 20 ans et à en prévoir leur évolution. »
« Les aménagements doivent être conçus pour protéger au mieux les vies humaines. »
Outre les aléas climatiques et naturels, Hélène considère de nombreux autres défis attendent les territoires. « L’un des principaux réside dans l’intégration des réalités sociales à la conception des projets urbains : le départ massif des jeunes vers l’Hexagone entraîne un vieillissement de la population et l’urbanisme doit pouvoir y répondre. La création de résidences intergénérationnelles, y compris par la réhabilitation de bâtiments existants, apparaît ainsi comme une solution pertinente. Un autre enjeu majeur est l’utilisation de matériaux locaux et biosourcés, tels que l’argile, la pierre ou encore le bois, tout en veillant à la préservation de ces ressources. »