« Ici 1+1 font 3, le potentiel est monumental »

Nommé le 3 février dernier, pour un premier mandat de 4 ans, Johan-Hilel Hamel est le nouveau visage de la Direction des affaires culturelles de Martinique. Rencontre.

Johan-Hilel Hamel, nouveau directeur des affaires culturelles de Martinique. © Jean-Albert Coopmann
Portrait de Johan-Hilel Hamel, directeur des affaires culturelles de Martinique Johan-Hilel Hamel, nouveau directeur des affaires culturelles de Martinique. © Jean-Albert Coopmann

« Ici 1+1 font 3, le potentiel est monumental »

Nommé le 3 février dernier, pour un premier mandat de 4 ans, Johan-Hilel Hamel est le nouveau visage de la Direction des affaires culturelles de Martinique. Rencontre.

Floriane Jean-Gilles

Depuis le début de votre carrière, vous avez oscillé entre l’Hexagone et le continent africain, comment s’est construit votre parcours ?

Johan-Hilel Hamel : En effet, mon parcours professionnel est marqué par ma passion pour les arts et le secteur culturel. La rencontre avec une œuvre est une expérience puissante, fondamentale, ancestrale et c’est cette expérience qui a été le déclencheur de ma carrière. Très tôt, j’ai commencé à organiser des événements pour permettre à d’autres de vivre les émotions profondes que je vivais.

L’autre boussole est probablement mon histoire familiale marquée par la conjugaison des histoires et des géographies que nous appelons le métissage. J’ai vécu dans d’autres pays et c’est là que j’ai rencontré l’autre, celui que je ne suis pas, et qui m’a permis de devenir moi-même. Tenter de comprendre une culture qui n’est pas la vôtre est une expérience inégalable, si vous êtes prêts à l’accepter. C’est, guidé par cela, que j’ai travaillé en milieu rural, en milieu urbain, dans le monde arabe, dans l’Afrique des grands lacs, aujourd’hui dans les caraïbes. À chaque fois, je suis « dépaysé », comme sorti de moi-même.

Enfin, j’ai toujours eu de l’ambition pour les projets que j’ai portés pour contribuer à les amener plus haut, plus loin et plus visible.

Votre itinéraire vous mène aujourd’hui dans la Caraïbe, quelles sont vos premières impressions ?

Mes impressions sont d’abord la très grande beauté de cette île et son incroyable diversité culturelle, de paysages, sa palette de vert et de bleu. C’est aussi un territoire guidé d’une certaine manière par ses artistes, Aimé Césaire, Edouard Glissant, Frantz Fanon et des artistes vivants tels que Patrick Chamoiseau, Ernest Breuler, Valérie John ou encore Julien Creuzet. Ils sont des points de repère qui rassemblent les Martiniquais, ils font aussi rayonner l’île à travers le monde, à travers les siècles. Cette concentration d’immenses artistes dans un territoire est remarquable, c’est une chance immense. Puis il y a le bèlè dont le rythme me rappelle les musiques d’Afrique que j’ai entendues pendant 4 ans et le shatta qui fait danser toute la planète aujourd’hui.

Cette île est un carrefour civilisationnel, un lieu où les histoires convergent, se mélangent pour créer du nouveau, ici 1+1 font 3, le potentiel est monumental.

Je suis également très sensible à la question de la mémoire au regard de mes expériences et des projets que j’ai menés en Algérie et au Rwanda. Je vois enfin les difficultés du quotidien d’une frange de la population martiniquaise et il est essentiel, quand on s’investit professionnellement et personnellement dans un territoire d’en prendre la complète mesure.

« Tenter de comprendre une culture qui n’est pas la vôtre est une expérience inégalable. »

Johan-Hilel Hamel, nouveau directeur de la DAC Martinique

Qu’avez-vous ramené de vos expériences passées dans vos bagages ?

Ce que j’ai à apporter c’est, notamment, ma capacité à mettre des traits d’union entre les gens et les projets. Je souhaite contribuer à créer des alliances nouvelles entre des institutions culturelles martiniquaises et d’autres institutions culturelles telles que la Villa Albertine aux États-Unis, le Centre Pompidou à Paris, la Cité internationale de la bande dessinée d’Angoulême, le MansA en France et en Afrique…

J’ai développé en plus de quinze ans de carrière, un réseau d’acteurs culturels au sein d’institutions culturelles engagées et internationales, je vais tout faire pour qu’ils inscrivent la Martinique dans la liste de leurs priorités.

De nouvelles alliances sont aussi à construire avec le monde économique. Nous sommes en train de travailler pour créer, avec des entreprises martiniquaises, un fonds de dotation innovant pour soutenir avec plus de force le développement culturel de l’île.

Vous avez déclaré vouloir accorder une attention particulière à la jeune création martiniquaise, pour quelles raisons ?

La jeune création c’est l’avenir, comment ne pas accorder une attention particulière et prioritaire à notre avenir ?

Johan-Hilel Hamel, que peut la culture ?

Patrick Chamoiseau montre dans son livre sorti il y a quelques semaines, « Que peut littérature quand elle ne peut ? », comment les arts ouvrent sur l’immense complexité du monde, son incroyable beauté, sa richesse infinie. Il présente les arts comme une réponse extrêmement puissante aux dangers du monde. C’est un livre d’une grande justesse.

Direction des affaires culturelles de la Martinique
54, rue du Professeur Raymond Garcin
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