Iguaflhor veut faire face au défi climatique

2024 a été une année difficile pour les producteurs de fruits et légumes guadeloupéens. « Aucune production n’a été épargnée », déplore Victor Nannette, président de l’Iguaflhor.

Victor Nannette, président de l’Iguaflhor - Credit Photo Lou Denim
Caroline Bablin

Il a fait très chaud et il a beaucoup plu cette année. Quelle a été l’incidence sur la production de fruits et légumes dans l’archipel ?

Victor Nannette, président de l’Iguafhlor : 2024 est la pire année que j’ai connue. Ça fait 40 ans que je suis dans le métier, et je n’avais jamais vu cela. Il a plu anormalement beaucoup, et ça a eu une incidence sur toutes les productions. Pour les melons, qui n’aiment pas l’humidité, ça a été une catastrophe. Quant aux tomates, il faut une différence de température entre le jour et la nuit pour qu’elles poussent bien. Or, il a fait chaud tout le temps. De plus, on a eu des attaques de cécidomyies sur les tomates, aubergines, poivrons, pastèques… C’est un insecte minuscule qui pond dans les fleurs et empêche la formation des fruits. Nous n’avons actuellement aucune solution de traitement pour le combattre.

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Quel est le rôle de l’Iguaflhor dans ce contexte difficile ?

L’Iguaflhor est là pour soutenir et accompagner les producteurs. L’état de calamité agricole a été déclaré pour les grosses pluies de ce début d’année et les dossiers de demandes d’aides sont en cours de traitement par l’administration. En octobre, nous avons fait une démarche auprès du ministère, afin de plaider notre cause.

Les conséquences du changement climatique sont déjà visibles. Comment abordez-vous les nouveaux défis qui se présentent ?

Nous menons actuellement une réflexion sur un plan de développement global de la production en Guadeloupe. Nous allons nous faire aider par un bureau d’études. Un appel d’offres a été lancé, tous les adhérents et tous les collèges seront consultés. Les conclusions sortiront à la fin du premier semestre 2025, et nous pourrons alors décider dans quel sens nous voulons aller.

De leur côté, le CIRAD*, l’INRAe* et l’IT2* travaillent sur les variétés et les techniques culturales. Des essais sont menés dans des parcelles tests. Mais là encore, c’est un travail de longue haleine. Nous sommes dans une période de transition.

Intéresser les jeunes au métier est aussi un défi à relever pour l’avenir de la profession. La main d’œuvre qualifiée est difficile à trouver. Les jeunes qui se lancent dans le métier ne sont pas assez nombreux. Beaucoup de producteurs vont prendre leur retraite dans les années à venir, et il y a moins de jeunes qui arrivent que d’anciens qui partent.

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Comment se porte la marque Mòso Tè La ?

Mòso Tè La est une marque que nous avons créée il y a dix-huit mois environ, afin de garantir au consommateur qu’il s’agit de fruits et légumes de qualité, produits localement. Le cahier des charges est strict et les distributeurs commencent à adhérer. Mais une étude de notoriété que nous venons de mener montre que nous devons mieux positionner la marque pour être plus efficaces. On sent la volonté des consommateurs de revenir à des circuits courts, à privilégier les produits locaux, et Mòso Tè La répond à cette demande, à condition de mieux la faire connaître.

* CIRAD : Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement
* INRAe : Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement
* IT2 : Institut technique tropical

Iguaflhor
www.iguaflhor.com
iguaflhor971@gmail.com
https://mosotela.com/
mosotela.guadeloupe@gmail.com

Qu’est-ce que l’Iguaflhor ?

L’Iguaflhor est l’Association interprofessionnelle guadeloupéenne des fruits et légumes et de l’horticulture. Elle est composée de quatre collèges : les producteurs, les approvisionneurs, les agro-transformateurs et les distributeurs.

Les acteurs qui adhèrent au collège de la production sont :

– Les quatre organisations de producteurs de fruits et légumes de Guadeloupe :
• la Sicapag
• la Sicacfel
• la Sica Les Alizés
• Caraïbes Melonniers

– Et deux groupements de producteurs spécialisés :
• l’Assofwi (arboriculture fruitière)
• l’Apagwa (agroforesterie : vanille, cacao, café, etc.)