Innovation « France 2030 » : préparer la France de demain

Succédant au plan France Relance, le plan d’investissement France 2030, doté de 54 milliards d’euros déployés sur 5 ans, a pour ambition de réindustrialiser la France par l’innovation. À ce jour, en Martinique, 23 projets ont été lauréats, tous secteurs confondus, à hauteur de 20,7 millions d’euros. Découverte.

Valentin Lacroix, co-fondateur de Emerwall , Yann Yala, référent du pole écosystème et partenariat de Martinique Développement, Katia Rochefort, directrice du PARM, Saïdou Bernabé, co-fondateur et président de Parallel 14 et Cyrille Marceline, directeur général de Siapoc © Jean-Albert Coopmann
Floriane Jean-Gilles et Mathieu Rached

Appel à projet (AAP) : « Plan innovation Outre-mer » (PIOM) 

14 millions d’euros sont consacrés à l’innovation dans les Outre-mer. Ce programme s’inscrit dans la continuité de l’appel à manifestation d’intérêt « Innovation Outre-Mer ». Le PIOM a récompensé 8 projets, à Mayotte, en Nouvelle-Calédonie, en Guyane, en Polynésie française et à la Réunion. En Martinique, c’est le PARM qui en est lauréat.

aKatia Rochefort, directrice du PARM © Jean-Albert Coopmann
Katia Rochefort, directrice du PARM © Jean-Albert Coopmann

Projet : création du réseau BioR, réseau de coopération pour la valorisation des bioressources de Martinique
Aide accordée : 1 900 000 €

« En 2020, l’appel à projet du PIOM a permis de consolider la coopération entre le PARM, le CIRAD, la Chambre d’agriculture et d’autres acteurs du réseau (acteurs académiques de la recherche, acteurs de la R&D et de l’innovation, acteurs du transfert technologique et acteurs économiques), en construisant le réseau BioR en phase d’ingénierie.

Le réseau de coopération pour la valorisation des bioressources de Martinique (BioR), coordonné par le PARM, a pour ambition de créer les conditions favorables à la réussite de la valorisation économique des bioressources du territoire. Le Réseau, réunis en consortium, développe des activités de recherche-développement pour accélérer l’innovation autour d’une sélection de plantes à haut potentiel, comme l’atoumo, les feuilles de goyavier ou le fruit à pain. Il compte plus d’une quarantaine de membres sur le territoire.

Le financement apporté par le PIOM, a permis de co-construire un projet visant des retombées économiques et scientifiques concrètes, grâce à la coopération d’acteurs complémentaires de la chaîne de valeur. Ce projet implique une coordination active entre les membres du consortium, organisée sur la période 2023-2027.

Cette année, nous avons pour objectif la mise en œuvre d’une plateforme de mutualisation des ressources (analytiques, immatérielles et scientifiques), l’acquisition d’équipements et l’élaboration d’un cadre opérationnel. C’est en mutualisant les moyens que nous pourrons contribuer à l’autonomie alimentaire de la Martinique via l’intensification de la diversification agricole et par le développement de produits innovants issus de l’exploitation de plantes à haut potentiel. »

Les retombées attendues à l’horizon 2027

Faire évoluer la part de la production agricole locale dans la consommation en augmentant les quantités de fruit à pain consommés avec des innovations (alimentation durable) ;
Acquérir des références technico-économiques nouvelles pour booster l’innovation agricole ;
Développer un portefeuille d’actifs naturels innovants sur le marché du complément alimentaire et de l’ingrédient cosmétique, des études sont en cours ;
Favoriser le rapprochement des producteurs et des transformateurs pour sécuriser les débouchés des innovations.

Appel à projet (AAP) : la grande fabrique de l’image – volet « studios numériques »

Le plan France 2030 consacre 1 milliard d’euros à la culture. Rima Abdul Malak, alors ministre de la Culture, avait déclaré que « la France a besoin de développer des pôles forts pour les tournages, la post production et la formation. Dans chaque région, ils seront vecteurs d’attractivité, d’emploi et de dynamisme, tout en étant vertueux sur le plan écologique. Notre ambition est d’élargir et de diversifier le vivier de talents, aussi bien créatifs que techniques, de développer les compétences de la filière et d’offrir à la jeunesse l’opportunité de porter de nouveaux récits pour nourrir nos imaginaires. »

L’appel à projet « La grande fabrique de l’image » du plan France 2030, publié entre mars et octobre 2022, et doté d’un budget de 350 millions d’euros, a distingué 3 projets ultramarins. En Martinique, c’est Parallel 14 qui en est lauréat.

Saïdou Bernabé, co-fondateur et président de Parallel 14 © Jean-Albert Coopmann
Saïdou Bernabé, co-fondateur et président de Parallel 14 © Jean-Albert Coopmann

Projet : P14 Academy, académie privée formant aux domaines innovants du cinéma d’animation 3D, des effets spéciaux numériques, du jeu vidéo, de l’audiovisuel.
Aide accordée : 2 800 000€

« Nous avons obtenu la plus grosse subvention et ça nous a beaucoup surpris, car au départ l’appel à projet stipulait que les projets implantés dans les régions où la filière était déjà créée seraient privilégiés. On était les seuls sur le bassin caribéen, donc on a construit un projet suffisamment ambitieux pour qu’il soit accepté.

Au départ, on avait imaginé une école caribéenne unique, afin de mélanger les étudiants ; mais on s’est vite rendu compte que s’installer en Martinique quand on vient de la Guadeloupe, c’est presque aussi compliqué que de s’installer dans l’Hexagone. C’est de là qu’est venue l’idée de développer un réseau d’écoles en Martinique, en Guadeloupe et en Guyane en créant, en parallèle, une plateforme en ligne où les étudiants pourraient faire réseau, à défaut de pouvoir échanger physiquement. On avait même identifié Marseille, comme lieu d’implantation, mais cette localisation a été jugée hors sujet. C’est la vision caribéenne qui a été privilégiée.

Notre projet de développement s’étale jusqu’en 2028, la subvention est échelonnée. On a ouvert notre académie en Guadeloupe. On envisage de déménager en Martinique, parce que notre effectif augmente et on souhaite aussi diversifier nos formations. À la rentrée prochaine, le site de Guyane sera prêt à accueillir les premiers ateliers. »

La grande fabrique de l’image en quelques chiffres

68 projets soutenus, dans 12 régions différentes :
11 studios de tournage
12 studios d’animation
6 studios de jeu vidéo
5 studios d’effets spéciaux et post-productions
34 organismes de formation

Appel à manifestation (AMI) : Pôles territoriaux d’industries culturelles et créatives   

25 lauréats ont été annoncés à l’issu de la 1ère phase du dispositif « Pôles territoriaux d’industries culturelles et créatives », pour une enveloppe de 2 millions d’euros. Ce dispositif, doté d’un budget total de 47 millions d’euros, est opéré par la Banque des territoires. L’objectif est de favoriser l’émergence ou la consolidation de pôles organisés autour d’entreprises culturelles. Martinique Développement a ainsi vu son projet récompensé.

Yann Yala, référent du pole écosystème et partenariat de Martinique Développement © Jean-Albert Coopmann
Yann Yala, référent du pole écosystème et partenariat de Martinique Développement © Jean-Albert Coopmann

Projet : Création d’un pôle territorial consacré à l’image animée, aux jeux vidéo, à la création immersive, au cinéma, à l’audiovisuel, au service du développement des entreprises et acteurs ICC martiniquais.
Aide accordée : 100 000€

« Nous avons répondu à cet AMI en mars 2023. Martinique Développement est le chef de file d’un consortium qui entend contribuer au développement des industries culturelles et créatives (ICC) afin d’en faire un moteur de notre développement économique. Les subventions allouées à la phase d’ingénierie nous ont permis de financer une étude et des missions d’observations d’écosystèmes ICC.

L’étude avait pour objet la réalisation d’un état des lieux des ICC en Martinique et la détermination des différentes caractéristiques du pôle : l’offre de services, le modèle économique et juridique. Les missions ont été réalisées au regard des trois verticales sélectionnées dans le cadre du projet de pôle : cinéma d’animation, jeu vidéo, expérience immersive. La première à Annecy (France) par la participation au festival du cinéma d’animation et la rencontre du pôle CITIA. La seconde, à Montréal (Canada), par la participation au salon MIGS consacré au jeu vidéo et à la visite de différents studios de cinéma d’animation.

Ces verticales, en croissance à l’échelle internationale, peuvent créer des interactions bénéfiques avec les autres ICC (spectacles vivants, musique, architecture…) mais aussi avec les filières économiques du territoire (tourisme, formation…). Cette phase d’étude est aujourd’hui terminée, nous avions 1 an pour la réaliser. Les membres du consortium seront réunis en février pour la présentation finale de la phase d’ingénierie et la prochaine étape du projet de pôle. »

Concours i-Nov 

Le projet EMW UDI porté par Emerwall fait partie des 53 lauréats de la 9e vague du concours i-Nov. Ce concours d’innovation soutient des projets portés par des startups et des PME dans les secteurs du numérique, de la santé, du développement durable ou encore de l’énergie. Depuis sa création, en 2017, 692 projets ont été récompensés.

Valentin Lacroix co-fondateur de Emerwall © Jean-Albert Coopmann
Valentin Lacroix, co-fondateur de Emerwall © Jean-Albert Coopmann

Projet : Unité pilote fabrication d’isolant à base de bagasse
Aide accordée : 320 898€

« La subvention a été fléchée sur des dépenses d’études, de dépôt de brevet (du produit et du procédé de fabrication) et de fabrication d’un démonstrateur industriel. Nous avons investi 360 m2 à Ducos et traité 50 tonnes de bagasses en local pour créer plusieurs mètres carrés de panneaux. Nos panneaux d’isolation sont pensés pour notre climat tropical, traités contre les moisissures et les insectes et ne se tassent pas avec le temps.

Le concept est viable, toutefois la limite de ce démonstrateur est sa petite capacité qui induit des prix qui ne sont pas encore assez compétitifs. Fort heureusement, dans le cadre de ce concours i-Nov, aucun retour sur investissement n’est exigé. Nous sommes aujourd’hui prêts à passer à l’étape suivante, nous cherchons un terrain de 5 000 m2 afin de développer une zone d’aménagement commun, avec des abris-bus pour favoriser le transport des salariés, car notre projet prévoit la création d’une dizaine d’emplois. Si nous trouvons cet emplacement cette année, nous serons en capacité de lancer l’usine en 2027. »

Appel à projet (AAP) : Décarb’Flash

 L’appel à projet Décarb’Flash est le 3e volet de l’appel à projet accéléré « Industrie Zéro Fossile ». Il soutient les actions de réduction de la consommation d’énergie fossile dans les petits sites industriels. En Martinique, deux entreprises sont lauréates pour leur projet de création de centrales solaires sur leur site: Siapoc et Air Liquide Antilles-Guyane.

Cyrille Marceline, directeur général de Siapoc © Jean-Albert Coopmann
Cyrille Marceline, directeur général de Siapoc © Jean-Albert-Coopmann

Projet : PV autoconsommation
Aide accordée : 58 387€

« Il nous tenait à cœur d’utiliser une énergie plus verte, c’est un projet qui était déjà à l’étude, l’appel à projet nous a aidé à passer un cap dans la validation et la prise de décision. Notre objectif est d’atteindre l’autonomie énergétique grâce à deux centrales de panneaux photovoltaïques. Nous produisons, à ce jour, 80 % de l’électricité que nous consommons. Ce sont des centrales destinées à l’autoconsommation et sans stockage.

Il n’est toutefois pas exclu de s’équiper à l’avenir de batteries pour stocker l’électricité produite le week-end, par exemple. Pour accompagner notre transition énergétique, nous allons remplacer 100 % de notre flotte automobile par des véhicules électriques d’ici 2026. L’aide accordée par l’appel à projet a permis de financer 50 % du projet. La centrale du Lamentin est opérationnelle depuis l’année dernière, celle de la Trinité le sera courant 2025. »

Denis Millotte, directeur industriel de Air Liquide Antilles-Guyane

Projet : PV autoconsommation

Aide accordée : 250 000€

« Spécialisée dans la production et la distribution de gaz industriels et de gazs médicaux, la société Air Liquide Antilles Guyane (ALAG) a entrepris une démarche de politique développement durable en améliorant l’efficacité énergétique de ses sites. Dans ce cadre, il y a deux ans le groupe a étudié le projet d’installation de panneaux photovoltaïques sur ses sites en Martinique, Guadeloupe et Guyane. Les centrales qui ont été dimensionnées, couvriront jusqu’à 35% des besoins du site de Guyane et 10 % du site de Martinique où se situe l’unité de production de gaz de l’air. En Guadeloupe, 37 % des besoins du site seront couverts. Afin d’exploiter au maximum les possibilités de ce site, la surface de toiture restante accueillera une centrale dont le surplus de production sera injecté dans le réseau de l’île. Pour coût total de 500 000€ et soutenu à hauteur de 50% par France 2030, le projet va réduire l’empreinte carbone de l’entreprise de 780 tonnes de CO2 par année. »

  

Les 4 volets de l’AAP « Industrie Zéro Fossile »

Volet 1 : « Chaleur Bas Carbone par conversion à la biomasse » (BCIAT) ;
Volet 2 : « Efficacité énergétique et décarbonation des procédés » (DECARB IND) ;
Volet 3 : « Déploiement rapide de la décarbonation en Industrie » (DECARBFLASH) dans la continuité du guichet de décarbonation de l’industrie opéré par l’ASP
Volet 4 : « Décarbonation des sites industriels » (DECARB IND 25). Cet appel à projet est ouvert jusqu’au 13 mars 2025.