« La mer est un territoire d’opportunités encore trop méconnu », avance Alexandrine Milesi, responsable de communication du Cluster Maritime de Martinique. Pour valoriser ce potentiel et reconnecter la population à son environnement marin, le cluster multiplie les initiatives. Parmi elles, Kay Lanmè, un village itinérant novateur conçu pour aller à la rencontre des habitants aux quatre coins de l’île.

Créé en 2013 sous la présidence d’Emmanuel Lise, le cluster rassemble plus de 100 adhérents et partenaires : entreprises, institutions et associations, tous acteurs de l’économie maritime. « Nos adhérents occupent des fonctions dans les domaines de la plaisance, de la pêche, du nautisme, de la protection marine et du transport maritime », explique Mme Milesi.

L’objectif du cluster est clair : fédérer les énergies, accompagner les projets, représenter les professionnels auprès de l’État et agir pour développer une économie bleue durable. Dans un secteur encore peu structuré mais au potentiel croissant, le cluster joue un rôle clé de passerelle entre l’État, les entreprises et le public.

Issu d’un constat alarmant révélé par l’étude du Fonds d’intervention maritime, portée par le secrétariat d’État chargé de la Mer en 2024, Kay Lanmè répond à un déficit de connaissances des métiers de la mer chez les Martiniquais. Monté sur une base de mobile-home, « comme un bateau, et en optimisant tous les espaces », Kay Lanmè est équipé de panneaux solaires, de dispositifs interactifs, d’écrans et de casques de réalité virtuelle. Ce village itinérant sillonne la Martinique pour sensibiliser les jeunes, les demandeurs d’emploi et le grand public.

À travers des vidéos immersives, des témoignages de professionnels et des animations ludiques, Kay Lanmè met en lumière la richesse des métiers maritimes : pêche, nautisme, maintenance, environnement marin… Aujourd’hui, plus de 900 métiers gravitent autour de l’économie bleue, et une centaine de postes restent non pourvus en Martinique. Financé notamment par la direction de la mer, le campus des Métiers de la mer, le Grand port maritime, CMA/CGM et le cluster lui-même, ce projet est également labellisé « Année de la mer ». Il accompagnera les grands événements nautiques de l’année, comme la Semaine du nautisme, le Martinique Boat Show ou encore la transat Café l’OR.

Au-delà de la sensibilisation, l’ambition est claire : former et recruter localement. « Il existe de nombreux métiers liés à la mer et beaucoup d’entre eux ne nécessitent pas d’aller sur l’eau ! C’est un secteur pourvoyeur d’emplois, et donc un des leviers pour lutter contre le chômage », précise Alexandrine Milesi.

Avec l’application CMM Connect, lancée en janvier 2025, le cluster facilite la mise en relation entre recruteurs et candidats. Les entreprises peuvent publier leurs offres et accéder à une CVthèque dédiée aux métiers maritimes, tandis que les candidats peuvent postuler directement ou déposer leur CV.

Pour renforcer ce lien dès le plus jeune âge, deux concours sont lancés : un concours de dessins destiné aux collégiens ayant obtenu leur brevet d’initiation à la mer, et un concours de dessins et de poèmes pour les élèves de CM1. « La mer n’est pas une frontière, elle constitue une opportunité : celle de construire une économie innovante, durable et profondément ancrée dans l’identité martiniquaise », affirme Mme Milesi.

Cluster Maritime Martinique
Alexandrine Milesi
clustermaritimemartinique@gmail.com
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