L’expertise Guadeloupéenne en matière de transplantation rénale 

Depuis le 1er juin 2004 – date de la première greffe de rein aux Antilles – 540 transplantations rénales ont été réalisées par les équipes du CHU de la Guadeloupe toujours soucieuses d’améliorer la prise en charge des patients. Explications avec le Dr Joëlle Claudéon, néphrologue, et le Dr Gilles Gourtaud, chirurgien urologue.

L’expertise Guadeloupéenne en matière de transplantation rénale 

Depuis le 1er juin 2004 – date de la première greffe de rein aux Antilles – 540 transplantations rénales ont été réalisées par les équipes du CHU de la Guadeloupe toujours soucieuses d’améliorer la prise en charge des patients. Explications avec le Dr Joëlle Claudéon, néphrologue, et le Dr Gilles Gourtaud, chirurgien urologue.

Caroline Bablin

Chaque année, 30 à 60 transplantations rénales sont réalisées au CHU de la Guadeloupe qui prend aussi en charge des patients martiniquais et guyanais, puisqu’il est le seul établissement à réaliser cette intervention aux Antilles-Guyane. « Actuellement, 285 patients sont en attente de greffe sur notre liste. Nous pourrions en faire plus mais nous manquons de donneurs. Dans nos territoires, le taux d’opposition au don d’organes est élevé et la greffe à partir de donneur vivant se développe peu », regrette le Dr Joëlle Claudéon, néphrologue au CHU de la Guadeloupe.

Chaque transplantation est un travail d’équipe. Plusieurs spécialités interviennent et la coopération de tous est nécessaire : équipes de coordination du prélèvement des trois territoires, biologistes et techniciens de laboratoire, néphrologues, chirurgiens urologues, anesthésistes, réanimateurs, infirmiers…

 

Être donneur de son vivant

Dans le cas où le donneur est vivant, le prélèvement et la greffe sont réalisés simultanément au CHUG, dans deux blocs opératoires distincts. « C’est assez complexe à organiser », reconnaît le Dr Joëlle Claudéon, « mais la transplantation réalisée à partir d’un donneur vivant est celle qui a le meilleur taux de réussite et qui permet d’éviter la liste d’attente et la dialyse ». Pour être donneur, il faut connaître le receveur depuis au moins deux ans, mais il n’est pas nécessaire d’être de la même famille. Il suffit d’être « compatible ».

Ce type de greffe pourrait être plus fréquent. Les équipes du CHUG maîtrisent parfaitement la technique, mais les réticences sont encore nombreuses, à commencer par celles du malade lui-même qui a souvent du mal à solliciter ses proches pour un tel don. Pourtant, « on vit tout à fait normalement avec un seul rein », précise le Dr Joëlle Claudéon. « Et les donneurs bénéficient d’un suivi médical annuel obligatoire. Les études montrent même un risque moindre d’insuffisance rénale par rapport à la population générale, grâce à ce suivi régulier. »

Le temps d’attente pour bénéficier d’une greffe de rein est relativement moins long au CHUG que dans les hôpitaux parisiens, alors que l’incidence de la maladie rénale, à population comparable, est deux fois plus importante aux Antilles-Guyane que dans l’Hexagone. Ainsi, comme le souligne le Dr Joëlle Claudéon : « Les patients ont tout intérêt à s’inscrire sur la liste locale d’attente de greffe ».

 

Au nouveau CHUG, des chambres dédiées aux patients transplantés

L’ouverture prochaine du nouveau CHUG sur le site de Belle-Plaine, aux Abymes, marquera une étape importante dans la prise en charge des patients, notamment des patients transplantés. Le nouvel établissement a été pensé pour répondre aux normes de référence pour limiter le risque infectieux dans les zones sensibles. Parmi ces nouveaux aménagements, quatre chambres équipées d’un système de ventilation en surpression seront dédiées aux patients greffés. Le principe est le même que dans un bloc opératoire, l’air est filtré et purifié en continu pour garantir un environnement propre et sécurisé. Une mesure de pointe qui favorise un rétablissement plus sûr pour les patients transplantés.

La chirurgie robotisée, un atout pour les transplantations rénales au CHUG

Au fil des années, certaines techniques ont évolué et le CHUG a fait l’acquisition d’équipements de pointe, tel ce robot chirurgical doté de quatre bras et piloté à distance par le chirurgien afin de réaliser les prélèvements sur donneur vivant. « Le robot ne prend pas de décision, c’est le chirurgien qui pilote », précise d’emblée le Dr Gilles Gourtaud, chirurgien urologue au CHUG. « Une équipe médicale composée d’un interne et d’infirmiers est auprès du patient pour gérer les changements d’instruments, pendant que le chirurgien guide le robot à partir d’une console », explique ce dernier.

« L’intervention se fait en laparoscopie, c’est-à-dire qu’on accède à l’abdomen par de petites incisions. On gonfle le ventre avec du gaz et on fait passer une caméra… C’est une technique moins invasive, donc moins de douleurs postopératoires, les cicatrices sont plus petites et le donneur récupère plus rapidement. » Le robot permet d’avoir une vision 3D de ce qui se passe dans l’abdomen du patient et une plus grande mobilité pour manipuler les instruments. « On peut faire des gestes plus complexes plus rapidement, et l’intervention dure moins longtemps », constate le Dr Gilles Gourtaud.