L’indispensable zèb a fè
En usage médicinal ou alimentaire, le chardon béni ou zèb a fè fait partie des trésors de notre pharmacopée locale. Marie Gustave, présidente honoraire de l’Association des plantes médicinales et aromatiques de la Guadeloupe (Aplamedarom), nous guide au cœur du jardin d’Emmanuel Beaumont, sympathisant de l’association.
L’indispensable zèb a fè
En usage médicinal ou alimentaire, le chardon béni ou zèb a fè fait partie des trésors de notre pharmacopée locale. Marie Gustave, présidente honoraire de l’Association des plantes médicinales et aromatiques de la Guadeloupe (Aplamedarom), nous guide au cœur du jardin d’Emmanuel Beaumont, sympathisant de l’association.
D’où vient-il ?
Originaire d’Amérique tropicale et des Antilles, le chardon béni est couramment rencontré à l’état naturel et en culture dans la Caraïbe, le continent américain et beaucoup de pays tropicaux (pantropical). « On le retrouve notamment à Petit-Bourg, aux Abymes ou Morne-à-l’Eau, dans les friches, abords de chemins, décombres et autour des maisons », précise Marie Gustave.
Pourquoi “zèb a fè” ?
Le chardon béni est une plante herbacée de 15 à 45 cm environ. Il forme une rosette de feuilles basales dentées de 20-30 cm. Les fleurs sont très petites et ont des pétales de 1 à 2 mm. Les fruits/graines sont aussi très petits (2 mm).
Constituants chimiques
Les parties aériennes du chardon béni sont riches en calcium, fer (d’où son nom zèb a fè), riboflavine, bêtacarotène et vitamines A, B et C.
Ses feuilles fraîches renferment :
- 85 % d’eau
- 3,3 % de protéines
- 0,6 % de lipides
- 6,5 % de glucides
- 0,06 % de phosphore
- 0,02 % de fer
Comment l’utiliser ?
Pour les usages médicinaux et alimentaires, les parties utilisées sont très majoritairement les feuilles basales, en infusion ou décoction. L’utilisation des parties aériennes, des racines ou de la plante entière est moins fréquente mais possible également, selon l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM).
On emploie principalement le chardon béni pour lutter contre :
- fièvre, rhume, grippe ;
- troubles digestifs : digestion difficile, gaz, flatulences, perte d’appétit, vomissements, diarrhées.
- Un possible effet secondaire de constipation peut être observé lors de la consommation.
Lire aussi | Le jardin créole à la portée de tous, avec 100% zeb
Recettes
Fièvre, rhume, grippe :
feuilles ou parties aériennes par voie orale en infusion ou décoction (20-30 g/litre maximum), parfois avec du citron. Une tasse 2 à 3 fois par jour.
(20 à 30 g = 2 à 3 cuillérées à soupe)
Troubles digestifs :
feuilles, parties aériennes ou plante entière en infusion ou décoction (20-30 g/litre maximum), parfois avec du citron. Une tasse 2 à 3 fois par jour.
Pour l’infusion, verser l’eau bouillante sur les feuilles, couvrir et laisser refroidir. Filtrer. Pour la décoction, faire bouillir au moins 10 minutes dans un récipient couvert. Conserver au frais et consommer dans les 24 heures.
Contre-indications
En 2005, la pharmacopée caribéenne (groupement d’ethno-pharmacologues, spécialistes en pharmacognosie, botanistes) recommandait « en l’absence de données, n’employer la plante ni chez les enfants de moins de 3 ans, ni chez la femme en période de grossesse et en cours d’allaitement ». Les études en 2012 de l’ANSM montrent que le chardon béni est atoxique (pas de toxicité avérée). Le TRAMIL, programme de recherche appliquée sur les pratiques médicinales populaires dans l’espace Caraïbe, avertit : « Si l’état du patient se détériore ou si la fièvre et les vomissements durent plus de deux jours, [il faut immédiatement] consulter un médecin. »
Attention !
Le chardon béni ne doit pas être confondu avec son homonyme français, le chardon béni Cnicus benedictus L. de la famille des astéracées.