Matthieu Pallud : innover pour un aménagement du territoire plus résilient en Martinique

Désireux d’impacter positivement son territoire et la vie de sa population, Matthieu Pallud, 22 ans, s’est lancé sur la voie de l’aménagement du territoire avec énergie et altruisme. En tant que futur aménageur, il entend « transformer les contraintes en véritable opportunité ».

Matthieu Pallud © Jean-Albert Coopmann
Matthieu Pallud © Jean-Albert Coopmann

Matthieu Pallud : innover pour un aménagement du territoire plus résilient en Martinique

Désireux d’impacter positivement son territoire et la vie de sa population, Matthieu Pallud, 22 ans, s’est lancé sur la voie de l’aménagement du territoire avec énergie et altruisme. En tant que futur aménageur, il entend « transformer les contraintes en véritable opportunité ».

Sarah Balay

Renouer avec un rêve perdu… C’est guidé par cette ambition que Matthieu Pallud, 22 ans, en dernière année de master de géographie, a choisi d’intégrer la première promotion du DU intitulé urbanisme et architecture en contexte tropical multi-aléas. « Il y a quelques années, j’avais tenté d’entrer dans une école d’architecture. Cela n’a pas abouti. Mais cette branche est toujours restée une vocation. Ce DU représente donc pour moi une manière d’y revenir. »

Séduit par un enseignement riche « en cas pratiques » et particulièrement diversifié – du droit de l’urbanisme et de réglementation, aux risques naturels ou technologiques, en passant par la planification, la cartographie, la modélisation ou encore le dessin –, Matthieu voit dans cette formation une façon de mieux appréhender son futur métier et d’en mesurer pleinement les enjeux. « J’ai choisi l’aménagement du territoire pour la diversité domaines qu’il mobilise – cartographie, urbanisme, paysage, sociologie… –. Mais ce sont surtout mes convictions qui m’ont guidé.

« Je veux contribuer à améliorer la qualité de vie, en particulier celle des Martiniquais, et mettre en lumière les richesses que nos territoires tirent de leurs spécificités géographiques. »

Matthieu Pallud, étudiant en urbanisme et architecture

Son thème de mémoire portera sur la mise en avant et la caractérisation des matériaux géosourcés disponibles en Martinique. Objectif : identifier les gisements et proposer des filières de matériaux pouvant être normalisées afin de favoriser leur utilisation dans le bâtiment. « La Martinique étant un territoire multirisque », précise-t-il, « ces matériaux locaux représentent un enjeu majeur pour renforcer la résilience, notamment dans le cadre de l’autoconstruction encadrée qui mobilise la main-d’œuvre de proximité et les ressources disponibles localement ».

Transformer les contraintes en opportunités

Pour Matthieu, deux défis majeurs se posent dans l’aménagement du territoire :

  • l’adaptabilité et la transposabilité des normes et réglementations françaises, souvent peu adaptées aux régions insulaires et aux spécificités particulières,
  • la nécessité d’une innovation constante face aux défis du changement climatique.

Il estime que « le mode de construction doit évoluer dans un monde où les intempéries sont plus fréquentes et plus intenses, où les vagues de chaleur deviennent insoutenables et où la pression foncière ne cesse de croître. Nous devons, en tant qu’aménageurs, transformer ces contraintes en véritable opportunité ».

Quant à sa vision de l’avenir de nos territoires en matière d’aménagement, Matthieu se révèle résolument optimiste et ambitieux. « Nous deviendrons de véritables laboratoires biologiques », explique-t-il. « Confrontés à de nouvelles problématiques climatiques, d’autres pays pourront s’inspirer de notre expertise pour y faire face. Nos territoires deviendront pionniers dans de nombreuses stratégies d’adaptation et d’aménagement ». Pour illustrer son propos, Matthieu aborde le terrain sensible des algues sargasses, véritable fléau environnemental et sanitaire. « J’ai la conviction que dans 10 à 20 ans, nous aurons la capacité de maîtriser totalement ces vagues d’échouements », espère-t-il. « Ces algues brunes pourraient être valorisées, soit en matériaux de construction, soit dans le cadre de stratégies de renforcement des côtes victimes d’érosion. »