RSMA, l’école de la réussite

EWAG

Un dispositif unique de formation professionnelle et d’insertion, adapté au territoire et aux entreprises.

Propos recueillis par Mathieu Rached 

L’école de la deuxième chance ? Ne dites pas ça au lieutenant-colonel Frédéric Aubanel. Depuis le mois de juillet, il est le chef de corps du RSMA, le Régiment du Service Militaire Adapté de Martinique, avec sous son commandement 900 à 1000 personnes. Des cadres militaires, du personnel administratif, des engagés formateurs et 750 à 800 jeunes, nourris et logés, qui ont rejoint le régiment pour suivre une formation professionnelle. Métiers du bois, de la terre, du transport, de la sécurité, du bâtiment, de la restauration, de la mécanique… en l’espace de 6 à 12 mois, chacun repartira avec un métier entre les mains. Rien à voir avec l’école de la dernière chance, c’est « l’école de la pratique », définit le chef de corps. Et ça marche ! 1000 jeunes intègrent le dispositif chaque année, des stagiaires volontaires qui, dans ce cadre singulier du régiment et des codes militaires, saisissent leur avenir.

Qui sont ces volontaires qui s’engagent au RSMA ? 

Ils ont de 18 à 26 ans, des filles, des garçons et ils présentent des profils très différents. Certains sont bacheliers, d’autres en échec scolaire d’autres encore déjà diplômés en quête d’une formation supplémentaire ou en réorientation… Pour tous, cette expérience de vie sera fondatrice.

C’est-à-dire ? 

L’approche du RSMA c’est de transmettre des codes « militaires »
qui, en fait, ne sont pas si éloignés des codes de la société et tout particulièrement de ceux de l’entreprise. La ponctualité, le travail en équipe, le respect de la hiérarchie, la valeur de l’effort… autant de bases qui guident le fonctionnement du régiment et qui constituent le nouveau cadre de vie de ces jeunes. Ce contexte, autant que la formation technique, est une des clés de leur réussite au moment de leur recrutement puis dans l’exercice de leur métier.

Justement, quel est le retour des entreprises qui travaillent avec
vous ?
 

Elles savent que les jeunes du RSMA ont certaines valeurs, un certain niveau de formation et de comportement très appréciés dans le monde de l’entreprise. Le RSMA n’est certes pas un label mais en tant que dispositif, c’est un passage reconnu et une vraie valeur ajoutée à la fois pour les jeunes et pour leurs futurs employeurs.

Comment démarre la formation ?

Le premier mois est consacré à une formation militaire, à l’acquisition de ses codes, avec des séances de sport collectif, de l’instruction civique… On y apprend aussi à faire son lit le matin, à petit déjeuner, et apprendre à marcher au pas. Ça peut faire sourire mais c’est la base des règles et des habitudes à acquérir. Vient ensuite le moment de la présentation au drapeau, l’entrée symbolique dans le régiment. Un mois a passé et la transformation des jeunes est déjà radicale, en termes de posture, d’attitude, de détermination, de confiance en soi… 

Croyez-moi, souvent les familles venues assister à la cérémonie n’en reviennent pas.

Ensuite chaque jeune choisit une filière…

Logistique, BTP, menuiserie, aluminium, mécanique nautique, hôtellerie, restauration, aide médicalisée… Au total, nous disposons de 31 filières clés, conformément aux besoins du territoire et des entreprises.

Le contact entre les jeunes et l’encadrement militaire est-il plutôt facile ?

Vous savez, en tant que cadres militaires, notre métier c’est le commandement des hommes. Dans le monde de l’entreprise ça s’appelle le management. Hormis l’uniforme et les méthodes propres, la finalité est la même, il s’agit de guider et encadrer des individus pour qu’ils trouvent leur place dans un collectif. 

Comment se termine la formation de ces jeunes ? 

Il n’y a pas de protocole particulier, chaque semaine j’ai des départs. En général, après les stages et les premiers entretiens d’embauche, ils décrochent leur premier emploi. C’est le moment de retourner à la vie civile telle qu’ils ne se seraient pas autorisés à l’imaginer un an plus tôt. Douze mois c’est court et pourtant tout a changé.